(Boston) Hilary Knight nous rejoint dans le hall d’entrée du Boston Sports Institute, lieu d’entraînement de la nouvelle équipe féminine bostonnaise. Elle vient de terminer une séance de gym de 45 minutes, précédée d’un entraînement sur glace d’une heure.

C’est leur nouvelle réalité, à ses coéquipières et à elle. Les jours de semaine, l’équipe se rend dans ce bel édifice situé en banlieue de Boston, à environ 40 minutes du centre-ville. On y trouve deux patinoires, une piscine, un terrain synthétique, une piste d’athlétisme, un grand gym et un centre de conditionnement avec des thérapeutes sportifs. La totale, quoi. Ce n’est pas pour rien que Patrice Bergeron a choisi ce lieu pour s’entraîner depuis sa retraite…

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La capitaine de la nouvelle équipe de hockey féminin de Boston, Hilary Knight

« Bonjour ! Hi ! », nous lance Knight, le sourire aux lèvres, la main tendue et les cheveux encore mouillés, résultat d’une douche qui a sans doute fait le plus grand bien. Sur ses épaules, son manteau de l’équipe nationale des États-Unis.

Après deux longues heures d’entraînement, la vedette américaine n’a pas du tout l’air dérangée de prendre 15 minutes de son temps pour répondre à nos questions, au contraire.

Knight est la capitaine de l’équipe de Boston, qui n’a, comme toutes les autres formations de la ligue, pas encore de nom. L’athlète de 34 ans a d’ailleurs reçu son chandail, avec le C, des mains de Patrice Bergeron. Tiens, le voilà d’ailleurs qui quitte les lieux au moment où on parle à Knight de ce moment marquant.

« Tout ce qu’il a fait sur la patinoire… c’est énorme et incroyable à tous points de vue », lâche-t-elle après avoir salué le Québécois.

C’est juste un très bon gars et je pense que ça transparaissait dans son leadership. Il tient réellement à ses coéquipiers. Il veut ce qu’il y a de mieux pour tout le monde. Il veut que tout le monde devienne meilleur. Et il veut gagner.

Hilary Knight, capitaine de l’équipe de Boston

Des qualités que semble aussi posséder Knight, de l’extérieur du moins. Il fallait la voir sur la patinoire, deux heures plus tôt ; elle avait un plaisir évident à s’entraîner, sans jamais prendre un exercice à la légère. On l’a vue, crayon à la main, en train d’expliquer un jeu à une coéquipière au tableau.

Être la première capitaine de l’équipe bostonnaise représente un « honneur et une responsabilité » que Knight peine à mettre en mots. Une responsabilité, oui, parce que ce rôle vient avec des défis. Entre autres, celui de bâtir une identité et une culture.

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Mise au jeu officielle avec le capitaine retraité des Bruins, Patrice Bergeron, et ses enfants, la capitaine du Minnesota Kendall Coyne (26) et Hilary Knight

Partir de zéro

Alors, comment s’y prend-on pour bâtir cette identité, quand la page est blanche ? demande-t-on à la quadruple médaillée olympique.

« C’est beaucoup de travail acharné, répond-elle. D’une certaine façon, c’est très facile parce que c’est excitant. Tout est nouveau et tu peux ouvrir ton propre chemin. Et d’une autre façon, c’est un grand défi parce que tu peux être tellement de choses. Tu veux être tout en même temps, mais c’est impossible. »

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Hilary Knight

Je pense qu’une grande partie revient au leadership de notre personnel d’entraîneurs. Et puis, la ville nous façonne beaucoup.

Hilary Knight

À Boston, l’histoire sportive est magistrale. Mais au-delà de ça, les différentes équipes professionnelles ont en commun qu’elles « travaillent fort, ont de très bonnes habiletés, n’abandonnent jamais, ne meurent jamais mentalement, jouent un style très physique », énumère Knight.

Prenons les Bruins. Quand on pense Bruins, on pense Bergeron. Brad Marchand. David Pastrnak. Zdeno Chara. « Ça sonne comme des joueurs contre qui tu ne veux pas jouer », lance Knight dans un sourire.

« C’est un club historique. Et parce qu’il a cette identité depuis si longtemps, je ne veux pas dire que c’est facile, mais c’est déjà en place. Alors quand quelqu’un de nouveau arrive, tu sais déjà à quoi t’attendre. Et tu sais à quoi t’attendre si tu regardes ton équipe jouer. De ce point de vue, c’est assurément un défi pour nous, mais en même temps, je dirais que leur club façonne le nôtre. »

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Les joueuses de l’équipe de hockey féminin de Boston à l’entraînement

« Plein d’espace »

À Boston, le sport bouillonne. Il y a les Bruins, les Red Sox, les Celtics, les Patriots, le Revolution. C’est sans parler des équipes universitaires. Y a-t-il de la place pour une équipe professionnelle additionnelle ?

« Assurément », de dire Knight sans hésitation. « La saison vient à peine de commencer et les gens viennent me voir quand je commande un sandwich pour me dire qu’ils sont tellement excités. Ça arrive juste au Canada. C’est une chose que j’ai ressentie quand j’ai déménagé à Montréal. »

« L’autre jour, je suis allée m’acheter un bol-smoothie. Je portais mon manteau d’équipe USA et un gars m’a dit : “Nous avons une équipe ici, à Boston !” J’ai dit : “Oh que oui, vous en avez une, je joue pour cette équipe !” Il était comme : “Oh mon dieu, c’est génial !” C’était cool. Il me disait, à moi, qu’on avait une équipe », lâche-t-elle en riant.

Ladite équipe n’a encore joué qu’un match – une défaite de 3-2 aux mains de la formation du Minnesota. Le prochain a lieu ce samedi, à Verdun, contre l’équipe de Montréal, dont il s’agira du match local inaugural. Et Knight a bien l’intention de casser le party.

« Je pense que c’est une rivalité naturelle, non ? Ça s’est créé entre le Canadien et les Bruins. Ça existera toujours. Cette rivalité entre Pou [Marie-Philip Poulin] et moi, je pense qu’elle est juste naturelle. »

« Je ne pense pas que c’est une erreur que nous leur rendions visite pour leur match inaugural ! »