Martin St-Louis a beau répéter qu’il a « beaucoup d’options » dans ses combinaisons en attaque, en fait, peu de joueurs lui offrent autant de possibilités que Sean Monahan.

À sa deuxième saison à Montréal, l’ancien des Flames de Calgary peut littéralement occuper n’importe quelle « chaise », expression fétiche de St-Louis, sur les trois premiers trios. Il ne faudra pas s’étonner s’il héritait du poste d’ailier droit sur la principale unité à la droite de Nick Suzuki et de Cole Caufield.

Si d’aventure cette tâche échoyait à Kirby Dach, Monahan pourrait tout aussi bien se retrouver au centre du deuxième trio. Et si Alex Newhook prenait du galon, Monahan pourrait aboutir à sa gauche ou à sa droite, sinon sur le troisième trio, à n’importe quelle position.

Honnêtement, j’irai où l’entraîneur voudra que je sois. Je suis un centre naturel, j’ai évolué à cette position toute ma vie, mais j’ai joué à l’aile l’an dernier et j’étais très à l’aise. Dès que la chimie est là, le reste importe peu. Je veux tout faire pour que l’équipe gagne.

Sean Monahan

Jusqu’ici, au camp d’entraînement, le vétéran de 28 ans a complété un trio avec Kirby Dach et Joshua Roy. Dach et lui se sont partagé la tâche au centre. Le trio a connu de bons moments pendant ses trois matchs intraéquipes, encore que celui de samedi matin ait été plus feutré.

« [Monahan] cherche encore son timing », a analysé l’entraîneur-chef Martin St-Louis. Rien de plus normal, a-t-il précisé, alors que l’attaquant a disputé son dernier match il y a près de 10 mois. Des blessures au pied et à l’aine ont limité sa dernière saison à 25 matchs.

« Je ne suis pas inquiet, a encore dit St-Louis. Je suis content qu’il soit en santé, qu’il se sente bien. »

Le retour d’un Monahan en pleine forme ne pourrait être une meilleure nouvelle pour le Canadien.

Au moment de disputer son dernier match, en décembre 2022, il était parmi les meneurs chez les attaquants de l’équipe pour le temps de glace en avantage numérique et en désavantage numérique. La chose a été largement décrite, mais sa perte a complètement bouleversé l’équilibre du club en attaque.

Avec Christian Dvorak qui est censé revenir au jeu au cours du mois de novembre après avoir pleinement soigné une blessure au genou, le CH comptera sur six joueurs capables de jouer au centre, en comptant Monahan, Suzuki, Newhook, Dach et Jake Evans. La polyvalence de certains d’entre eux sera alors mise à contribution. « C’est le fun d’avoir ça », a noté St-Louis.

« Être moi-même »

« C’est le fun » de compter spécifiquement sur Monahan, déduit-on. Car à la seule évocation de son nom, tous les joueurs de l’équipe esquissent un sourire. Il a fait forte impression l’an dernier, pendant son court séjour ; l’organisation et lui se sont pris d’affection. C’est d’ailleurs ce qui a mené à sa décision de signer un nouveau contrat dans la métropole, à un salaire bien moindre que ce qu’il gagnait auparavant. En juin dernier, après l’annonce de cette entente, il avait d’ailleurs dit avoir un sentiment de travail inachevé.

Lisez « Sean Monahan a (encore) des choses à prouver »

Jordan Harris n’a pas eu à se faire prier pour discuter de son coéquipier. « Son intelligence du hockey parle d’elle-même », a estimé le jeune défenseur, qui a aussi vanté sa « connaissance globale de la LNH » et son « leadership ».

« L’an dernier, il a été formidable », a résumé Harris.

Monahan, lui, se dit immensément soulagé d’enfin arriver au camp d’entraînement frais et dispos. Il avait raté les premières semaines de travail l’an dernier, après une longue rééducation faisant suite à une opération à la hanche. Il a révélé, depuis, avoir composé avec la douleur après son retour.

Cette fois, tout est en état de marche, assure-t-il. « Je n’ai presque pas dormi la veille du camp, a-t-il avoué. Revenir sur la glace avec l’équipe, c’est le bout amusant de notre travail. »

Il ne se fixe pas d’objectifs précis – il ne l’a jamais fait, précise-t-il, se contentant de souhaiter « avoir un impact chaque soir » et fournir une contribution « hors de la patinoire » en partageant son expérience avec les plus jeunes.

« Je pense que je peux aider l’équipe », insiste-t-il. C’est probablement ce que le Canadien estimait en le gardant à Montréal au moins une autre année.

« Je suis simplement emballé de jouer au hockey de nouveau, a-t-il conclu. Ça faisait longtemps. Je me sens enfin moi-même. »

En bref

Pas facile pour Primeau

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Cayden Primeau avec le Rocket de Laval, en avril dernier

Cayden Primeau n’a pas besoin qu’on lui fasse un dessin pour lui expliquer la situation délicate dans laquelle il se retrouve. En dépit de sa volonté claire de jouer dans la LNH en 2023-2024, il devra, pour y arriver, réussir à déloger Samuel Montembeault ou Jake Allen. Or, au présent camp d’entraînement, il n’épate pas grand monde. Il a même connu un match intraéquipe assez pénible, samedi, accordant 4 buts en 25 minutes de jeu, à temps continu. Devant les journalistes, l’Américain est apparu étrangement éteint. « Ce n’était pas une très bonne journée, a-t-il convenu. Mais j’ai fait de bonnes choses à l’entraînement par la suite. Je dois bâtir là-dessus. » Primeau s’est gardé de s’avancer sur la suite des choses si, comme cela risque bien d’arriver, il était cédé au Rocket de Laval. En point de presse, Martin St-Louis n’a certainement pas alimenté l’optimisme à son égard, évoquant la « bataille organique » à deux gardiens qui est en cours et dont Primeau ne semble pas faire partie. Pour décrocher un poste, « il faudrait que son jeu monte et que celui des autres descende ». Rien de rassurant, donc.

Harvey-Pinard et Gallagher en feu

Si Cayden Primeau a connu une aussi mauvaise matinée, c’est notamment parce que Rafaël Harvey-Pinard et Brendan Gallagher en ont connu une bonne. Le trio qu’ils forment avec Owen Beck était partout sur la patinoire et ils ont été les principaux artisans d’une étincelante victoire du célèbre groupe C. Harvey-Pinard, particulièrement, était tout feu tout flamme, et son intensité n’a pas décru au cours de la séance d’entraînement qui a suivi le match. À l’évidence, en dépit du grand nombre d’attaquants, le Québécois ne veut laisser aucune place à l’ambiguïté pour ses patrons : à moins d’une catastrophe, sa place sera à Montréal et non plus à Laval.

La citation du jour

C’était probablement involontaire, mais Martin St-Louis a prononcé samedi ce qui deviendra l’une des phrases les plus mémorables de ce camp. Répondant à une question au sujet de Michael Pezzetta, l’entraîneur a parlé de l’importance pour lui d’améliorer « ses touches offensives », sans toutefois perdre ce qui définit son jeu, à savoir sa robustesse et son intensité. « Tu sais ce qu’il amène, son côté physique. Il prend soin de l’équipe », a dit St-Louis. Et d’ajouter : « Toutes les choses qui demandent zéro talent, Pezz, il amène ça. » Le ton et le contexte n’avaient rien de méchant. Mais, sur papier en tout cas, ce n’était pas le plus chaleureux des compliments.