D’ordinaire, à ce moment-ci de l’année, Carey Price se présente au centre d’entraînement de Brossard avec son air sévère et ses bâtons, prêt à faire face au défi d’une nouvelle saison.

Mais pas cette fois.

Cette fois, il est arrivé par l’une des grandes portes de garage qui donnent sur l’un des terrains de soccer du centre. Il est apparu souriant, et aussi au volant d’un nouveau véhicule utilitaire frappé de son numéro, résultat de ce nouveau partenariat avec la marque CFMOTO Canada.

À quelques mètres de là, en direction des patinoires, ses ex-coéquipiers se préparaient en vue du prochain camp, avec des bâtons, des casques ou des patins, autant d’objets qui ne feront plus partie du quotidien de Carey Price.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Carey Price

Car l’homme de 36 ans se prépare à une nouvelle vie.

« J’ai fait ça pendant si longtemps, a-t-il admis lors de ce point de presse publicitaire, mardi midi à Brossard. L’automne a toujours été mon moment favori de l’année, parce que ça symbolise un nouveau départ, une nouvelle saison. Mais ceci est le passage en direction de ma nouvelle vie. Je vais passer pas mal plus de temps à l’extérieur ; l’automne, c’est la saison de la chasse, et c’est quelque chose que j’aime faire avec ma famille. »

Il n’y aura plus d’arrêts, donc, ni de victoires ou d’ovations, autant de petits plaisirs qui l’ont animé d’une indéniable soif de vaincre depuis son arrivée chez le Canadien, en 2005. Il n’est pas retraité, du moins pas officiellement ; il demeure sous contrat avec le Canadien jusqu’en 2025-2026, et il doit encore se soumettre à un programme de réadaptation physique ainsi qu’à des examens médicaux, qu’il devra subir à l’ouverture du camp.

Mais il n’enfilera plus les jambières.

À moins d’un miracle. J’ai encore un contrat et je m’accroche à l’espoir de jouer de nouveau. Mais les probabilités chutent un peu plus à chaque mois qui passe…

Carey Price

C’est une blessure à un genou qui le suit et qui le hante, encore et toujours, depuis sa dernière saison dans la Ligue nationale, celle de 2021-2022. De son propre aveu, dans la vie de tous les jours, ça va, mais quand il doit augmenter juste un peu l’intensité, ça ne va plus du tout.

« Je peux prendre mes enfants dans mes bras, faire de la marche sans aucun problème. Mais si je joue dans un tournoi de balle molle, ensuite, mon genou se met à enfler pendant deux semaines, juste parce que j’ai eu à courir sur les sentiers. Je pourrais aller au camp du Canadien et me tailler une place avec le club… mais si mon genou enfle pendant deux semaines après un tournoi de balle molle, je pense que de disputer une saison de hockey en entier, ça ne fonctionnerait pas. »

Bien sûr, il va lui rester les souvenirs du passé, mais surtout, les moments de l’avenir, qu’il a déjà hâte de vivre. Il sera ainsi de retour au Centre Bell lors du match d’ouverture à domicile, le 14 octobre, et il ne dirait pas non, un de ces jours, à un poste avec l’équipe.

Il prévoit retourner à la maison familiale, à Kelowna, tout en ayant un œil sur ce Canadien qu’il a tant aimé. Si on lui demande la permission d’échanger son contrat à un autre club pour des considérations financières, il ne va pas s’y opposer. « Je vais être un membre du Canadien toute ma vie, et je suis très fier de ça, mais je suis prêt à aider l’équipe de toutes les façons. S’il faut liquider du salaire pour améliorer l’équipe, je suis ici pour aider. »

Aussi, il va passer du temps, beaucoup de temps, à s’ajuster à sa nouvelle vie. Ce qui n’est pas toujours si facile ; lundi, lors du traditionnel tournoi de golf du Canadien, il s’est retrouvé à hésiter entre la section des anciens et la section des joueurs au moment du souper. « Alors je suis allé m’asseoir avec les coachs… »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Carey Price au tournoi de golf annuel du Canadien, lundi

Il a aimé faire ce qu’il a fait pendant 15 ans à Montréal. Mais maintenant, le temps est venu de se préparer à aimer autre chose.

« Il n’y a pas grand-chose qui peut remplacer ça… Ce qui va me manquer du hockey, c’est de disputer des gros matchs, c’est cette nervosité. Ce côté du hockey, ça va être difficile à remplacer… »