Après un an à jouer en Suisse, Alexandre Texier est prêt à tenter de nouveau sa chance dans la Ligue nationale. « Je suis prêt pour une nouvelle étape et c’est à moi de prouver que je peux être un joueur d’impact dans cette ligue », a-t-il lancé, jeudi, lors d’une visioconférence organisée par les Blue Jackets de Columbus.

Du reste, c’est un jeune homme qui a gardé une certaine pudeur au cours de son entretien d’une quinzaine de minutes avec les médias, afin de marquer son retour dans la LNH. Le Français ne souhaitait pas donner davantage de détails sur les raisons qui l’ont mené à demander aux Jackets de lui permettre de jouer un an à Zurich, non loin de sa France natale.

C’était bien, mais je ne veux pas vraiment parler de la dernière année. C’est du passé, je veux me concentrer sur l’année à venir. Je me sens bien dans ma tête.

Alexandre Texier

L’histoire était plutôt particulière. Texier comptait déjà trois années complètes dans la LNH quand, en août dernier, les Jackets ont annoncé qu’il ne jouerait pas à Columbus à la suite d’une recommandation du programme d’abus de substances et de santé comportementale de la LNH et de l’Association des joueurs.

Il a donc été prêté aux Lions de Zurich, en Ligue nationale suisse, et même là-bas, le mystère persistait sur les circonstances derrière la décision. Ce que l’on sait, c’est que l’ancien choix de deuxième ronde était affecté par la mort de deux proches et souhaitait être près de sa famille. « Il est très proche de ses parents, reconnaît Marc Crawford, son entraîneur-chef à Zurich cette saison, au bout du fil. Quand on avait des congés, il voyageait cinq ou six heures pour les visiter. »

Au sujet de sa demande au programme d’aide de la LNH, Texier a rappelé que « chacun est différent, a son histoire. Moi, ça m’a aidé et beaucoup de gens m’ont aidé. J’ai réalisé que plusieurs personnes étaient importantes pour moi, dans les bons comme les mauvais moments. Ça m’a fait réaliser plusieurs choses sur moi-même. Maintenant, c’est à moi de faire le boulot ».

La tête en Amérique du Nord

Les attentes étaient élevées pour Texier de l’autre côté de la gouille. « C’est très rare qu’un joueur de son calibre tombe du ciel, note Crawford. À mes yeux, dans notre ligue, il était le joueur du plus haut calibre, le joueur le plus près de la LNH. Mais je ne dis pas qu’il était le meilleur joueur. »

L’ailier a finalement inscrit 35 points (13 buts, 22 passes) en 46 matchs, pour le 3rang des compteurs de son club.

Après une bonne série de premier tour contre Davos, il a été limité à deux aides en quatre matchs en demi-finale contre Bienne, et les Zurichois ont été balayés.

C’était évident qu’il voulait vraiment jouer dans la Ligue nationale. Il a marqué de gros buts contre Davos, mais plus ça devenait clair qu’il retournait dans la LNH, plus il y avait… je ne veux pas dire un relâchement, mais quelque chose qui te disait qu’il vivait des dilemmes. Je crois qu’il sera bien meilleur quand il sera concentré sur une seule chose.

Marc Crawford, entraîneur-chef des Lions de Zurich

Texier semble néanmoins revigoré par son séjour. Les Jackets lui ont d’ailleurs fait sentir qu’ils demeuraient préoccupés par son sort, le directeur général de l’équipe, Jarmo Kekalainen, s’étant rendu en Suisse pour le visiter pendant la saison.

« Ils sont venus me voir et ils m’ont laissé le choix. Ils m’ont aidé sur mon jeu en vidéo. Ils ont tout fait pour m’aider », estime-t-il.

Le journaliste Simon Graf, qui couvre les activités des Lions, estime quant à lui que le séjour a été positif « même s’il n’a pas répondu aux attentes pour un joueur de la LNH. Les fans l’ont apprécié, car il est spectaculaire. On a senti qu’il avait redécouvert le plaisir de jouer. On le voyait sourire, après des buts ».

Texier entend maintenant participer au Championnat du monde, en mai, pour la France, avant de se présenter dans la capitale de l’Ohio pendant l’été. Son retour constitue un ajout intéressant. À sa dernière saison dans la LNH, le choix de 2tour en 2017 avait inscrit 20 points (11 buts, 9 passes) en 36 matchs, un rythme qui donne 25 buts et 45 points sur 82 matchs.

Le club sera bien différent de celui qu’il a quitté l’an dernier, à commencer par l’entraîneur-chef qui remplacera Brad Larsen, fraîchement congédié.

« Il y a plusieurs joueurs que je ne connais pas. Avec le décalage horaire, je n’ai pas pu regarder beaucoup de matchs. On verra à quoi l’équipe ressemblera. De toute façon, ce n’est pas vraiment de mes affaires, je dois me concentrer sur mes choses ! »

De bons mots pour David Savard

C’était bien connu que Texier était proche de Pierre-Luc Dubois, du temps où ils jouaient tous les deux à Columbus. Les deux francophones n’ont qu’un an d’écart. David Savard, l’autre Québécois du club à l’époque, a neuf ans de plus que Texier, mais comme il le fait à Montréal depuis deux ans, il épaulait les jeunes. « C’était un super bon gars. Quand je suis arrivé ici, je ne parlais pas bien anglais. Lui parlait français et avec Pierre-Luc, ils m’ont bien aidé, estime Texier. Il va toujours aider les jeunes sur la glace et à l’extérieur. Pour moi, c’était une vraie aide. On a eu quelques dîners chez lui. C’est un bon gars d’équipe qui fait tout pour l’équipe. On est encore en contact et c’est plutôt cool. »