Les amateurs qui se désolent de voir des joueurs qui refusent de s’associer au mouvement LGBTQ+ seront ravis de savoir que le nouveau patron de l’Association des joueurs de la Ligue nationale (AJLNH) est un ami de la cause. Mais Marty Walsh tient aussi au respect des droits individuels des membres de son syndicat.

Walsh a tenu une première conférence de presse, jeudi à Toronto, depuis qu’il a été nommé directeur général de l’AJLNH.

Ancien maire de Boston, ancien secrétaire du Travail dans la présente administration Biden, Walsh a vite évoqué ses états de service pour la communauté LGBTQ+ lorsque le sujet a été soulevé.

« En 2004, quand le Massachusetts a légalisé le mariage de conjoints de même sexe, j’étais un défenseur de la cause. Nous avons déjà hissé un drapeau de la communauté trans devant l’hôtel de ville de Boston. En tant que ligue, c’est important d’être inclusif, dans les vestiaires aussi », a déclaré Walsh.

Mais, il a ajouté : « Le commissaire [Gary Bettman] a dit qu’il soutenait les droits individuels des joueurs et je suis d’accord avec lui. »

Plus tard dans la conférence, Walsh s’est fait demander si le boycottage de quelques joueurs – certains invoquant des motifs religieux, d’autres, de sécurité – sous-entendait qu’il y avait de l’homophobie au sein des joueurs.

Walsh a de nouveau rappelé « le droit individuel » des joueurs de participer ou non aux activités liées à la cause. « Mais la communauté ne devrait pas sentir que la LNH et les joueurs la laissent tomber, car la très grande majorité des joueurs ont porté le chandail. »

Les priorités

Cela dit, ce dossier ne semble pas nécessairement au sommet des priorités du nouveau patron, qui doit favoriser des questions qui touchent un plus grand nombre de membres.

L’engagement des joueurs, par exemple, fait assurément partie de ses préoccupations. Le manque d’implication est souvent évoqué par des intervenants du milieu et Walsh, également un ancien chef syndical, semble bien au fait de la situation.

« Habituellement, dans un syndicat, le tiers des membres est impliqué. J’aimerais en avoir plus. Il faut évaluer comment créer ces occasions en cours d’année. Les joueurs ne devraient pas venir à la table seulement lorsque l’on renégocie la convention collective », a-t-il plaidé.

Les tournois internationaux sont également dans son rétroviseur. La LNH enchaîne les échecs depuis près de 10 ans dans ce dossier. Depuis les Jeux de Sotchi en 2014, elle a organisé une Coupe du monde en 2016, mais le tournoi n’a pas exactement déchaîné les passions à Toronto. Depuis, le circuit a été incapable d’organiser un autre tournoi et a refusé aux joueurs de participer aux JO de 2018. La pandémie et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont ensuite compliqué la donne.

« On a eu des discussions sur la Coupe du monde et sur la participation aux Jeux olympiques, a indiqué Walsh. On a dit qu’il fallait ramener la Coupe du monde. Les fans en veulent, les joueurs en veulent. »

Si la situation de la Russie met actuellement un frein à tout effort d’organisation, « il faut amorcer la conversation pour savoir, sur papier, à quoi ressemblerait le tournoi ».

Walsh a aussi évoqué la nécessité d’offrir « plus d’occasions aux joueurs pour des commandites, pour être vus », un point soulevé récemment par un agent dans une conversation informelle avec La Presse.

Du reste, Walsh est demeuré évasif, arguant qu’il ne connaissait pas suffisamment certains dossiers pour les commenter dès maintenant. Ce fut notamment le cas lorsqu’il a été questionné sur les situations où un joueur rencontre le département de la sécurité des joueurs. Le fait que le syndicat des joueurs doive défendre à la fois la victime et l’agresseur est souvent critiqué. « Je dois me préoccuper des deux joueurs dans une telle situation », a rappelé Walsh.

Des liens avec Jeremy Jacobs

Ses liens avec le propriétaire des Bruins, Jeremy Jacobs, sont souvent mentionnés depuis sa nomination. En 2017, lors de sa campagne de réélection à la mairie de Boston, il avait reçu un don de 13 000 $ de Jacobs, un des plus influents propriétaires de la LNH.

À l’interne, ce possible conflit d’intérêts ne semble toutefois pas déranger tout le monde. « Si on excluait les candidats qui ont déjà eu des relations avec des propriétaires d’équipe, on exclurait 80 % des candidats qualifiés ! J’aurais plus été inquiet s’il avait été maire de Boston sans entretenir de relation avec Jeremy Jacobs », avait fait valoir l’attaquant des Sabres Kyle Okposo, membre du comité de sélection, en entrevue au Buffalo News le mois dernier.

« Je connais assez bien la famille, j’ai été maire pendant sept ans, a rappelé le nouveau directeur de l’AJLNH. Je connais bien toutes les équipes sportives de Boston. […] Ces gens ont-ils soutenu ma campagne ? Oui. Mais dans ma carrière, soutenir ma campagne est une chose, mais s’en servir comme levier de négociation, ça n’arrivera jamais. »

Les liens de Walsh avec le monde des affaires seront cruciaux. Il a toujours été réputé comme un excellent négociateur, mais avec la présente convention en vigueur jusqu’en septembre 2026, sa capacité à développer les affaires sera davantage surveillée.