Samuel Girard a commencé l'été en bien mauvaise posture. Après une première saison fort chargée dans la LNH avec l'Avalanche et les Predators, il s'est retrouvé sollicité un peu partout, à Montréal, chez lui au Lac-Saint-Jean. À Shawinigan aussi, où le défenseur avait fait une forte impression dans l'uniforme des Cataractes.

Si bien qu'un soir de juin, épuisé, il s'est endormi au volant de sa voiture, sur la route 169 dans la réserve faunique des Laurentides. La sortie de route, heureusement sans conséquence, a toutefois secoué le jeune homme de 20 ans. 

«Je me promenais un peu partout. Je faisais Montréal-Lac-Saint-Jean aller-retour, pas mal. La fin de semaine, j'avais des événements aussi. J'ai appris, mais tout le monde autour de moi aussi doit le faire, ma famille, mes amis. Ce n'est pas la première fois qu'on conduit fatigué, qu'on pique des clous au volant. J'ai été chanceux, il ne m'est rien arrivé. Je suis sorti de la voiture comme si de rien n'était.

«C'était un avertissement: la prochaine fois, tu fais mieux de t'arrêter et de faire une petite sieste. C'est un conseil que je peux donner à tout le monde.»

Le lendemain, Girard était de retour à l'entraînement, sans une égratignure. Plus de peur que de mal. 

D'ailleurs, cet emploi du temps fort chargé s'ajoutait à un été passé en grande partie en gymnase pour Girard. Si, pour la plupart, c'est la prise de poids qui force à la vigilance, pour Girard, c'est tout le contraire! Il perd du poids tout au long de la saison. Et après une campagne exigeante, suivie d'un congé de trois semaines, Girard ne pesait plus que 163 livres. 

Sa vitesse et sa vision sont ses grands atouts, c'est vrai. Reste que 163 lb, c'est peu pour jouer dans la LNH. Surtout pour un défenseur. Il aurait d'ailleurs été au troisième rang des joueurs réguliers les plus légers de la LNH, après Johnny Gaudreau et Tyler Ennis, des attaquants. 

Mais son assiduité au gymnase rapporte. Croisé à sa sortie de la glace à l'événement Pro-Am Gagné-Bergeron, disputé la semaine dernière à Québec, on constate tout de suite son nouveau gabarit: une plus large poitrine, des trapèzes développés. Il a pris 17 livres de muscles depuis le début de l'été. 

«J'avais parlé avec [les entraîneurs de] l'Avalanche et ils m'avaient demandé d'être entre 175 et 180 lb. Si je peux être un petit peu plus lourd pour le camp, ce serait bon. Je perds souvent du poids pendant la saison. Si je commence à 185, je vais finir à 177. On travaille là-dessus, mais d'un autre côté, pour ma rapidité, je ne dois pas être trop pesant non plus.» 

Pour trouver le délicat équilibre entre masse musculaire et rapidité, Girard a d'abord passé trois semaines complètes à penser surtout à sa prise de poids. Depuis le début d'août, il se concentre désormais sur son explosion sur patins. 

«Je ne veux pas perdre ma vitesse, donc j'essaie de toucher la glace le plus souvent possible. Je fais des séances de patinage en puissance avec Julie Robitaille presque toutes les semaines. Depuis le début août, je touche à la glace cinq fois par semaine. Ça fait quatre ans que je travaille avec Julie pour améliorer mon coup de patin.» 

Briller dans «la nouvelle LNH » 

La saison dernière, Girard a surpris en se taillant un poste avec les Predators de Nashville, malgré une brigade défensive fort bien garnie là-bas. Il s'est ensuite retrouvé au Colorado dans la transaction monstre impliquant Matt Duchene. 

Avec sa nouvelle équipe, il n'a plus jamais été laissé de côté. Il est devenu le prototype du petit défenseur capable d'exceller dans «la nouvelle LNH» grâce à ses habiletés exceptionnelles. Il a terminé la saison avec 4 buts et 19 aides, avec une utilisation moyenne de 17 min 39 s par match. 

Il a été bien accueilli par tous les vétérans de sa nouvelle équipe, Gabriel Landeskog, Nathan MacKinnon, Carl Soderberg. À la ligne bleue, les vétérans Erik Johnson et Tyson Barrie l'ont pris sous leur aile. Girard avoue qu'il a été intimidé la première fois qu'il a mis les pieds dans le vestiaire des Predators ou de l'Avalanche. 

Cette fois, au moins, il sait à quoi s'en tenir, à sa deuxième saison. Et il ne manque plus d'assurance. 

«J'ai commencé l'année à Nashville, avec des défenseurs formidables comme P.K. Subban ou Roman Josi. C'était impressionnant de jouer avec eux. Quand je suis arrivé au Colorado, un gars comme MacKinnon m'impressionnait. Sans dire qu'il ne m'impressionnera plus, avec une année d'expérience à ses côtés, je sais qui c'est. Je vais arriver avec une confiance en moi accrue. 

«Je vais arriver au Colorado, je vais jouer mon style, dit-il. Je vais jouer comme Samuel Girard.»