En 1968, Noël Mainguy retourne à la Sorbonne pour remettre ses connaissances à jour, puis il se joint, à la demande d'un con­frère de promotion, à l'équipe de conception du Laboratoire de recherche en électricité d'Hydro-Québec à Varennes. Finalement, il jette l'ancre à la Société d'habitation du Québec (SHQ) où les entreprises de construction de HLM soumissionnent sans inventivité.

Elles étaient uniquement tenues au respect du Code national du bâtiment (CNB), fondé pour l'essentiel sur la sécurité et la santé des occupants, sans égard à de nombreux autres aspects qualitatifs. «Comme on accordait la commande au plus bas soumissionnaire conforme - c'est-à-dire au CNB -, il y avait là une sorte d'appel à la médiocrité», déclare-t-il.

En clair, les attributs intrinsèques des immeubles à cons­truire, leur fonctionnalité, leur rapport avec l'espace et l'environnement aussi bien que l'état détaillé des travaux échappaient, à toutes fins utiles, à la SHQ.

Par ailleurs, il n'y avait pas d'uniformité entre les offres de service. «C'est pourquoi elles étaient virtuellement impossibles à évaluer», raconte l'ex-architecte qui a pris la route de Paris, après ses huit années à la tête de l'École d'architecture de Québec. En compagnie de sa famille, cette fois.

Là, il y rallie, une fois de plus, l'Institut d'urbanisme de la «fac» des lettres et sciences humaines de la Sorbonne, université qui a été le grand bastion du soulèvement étudiant qui allait enflammer la France et l'Europe, voire le monde.

«En mai 68, Paris et la Sorbonne étaient embrasés. Or, nous étions là», se souvient, avec émotion, M. Mainguy.

Les architectes arrivent

C'est en sa qualité de directeur des études et conseils techniques, de la direction générale de la planification et de la recherche, que les architectes s'introduisent dans l'organisme paraétatique.

«Désormais, toutes les entreprises de construction, pour un même projet, allaient soumissionner à partir d'un document unique. Ce, pour un contrôle serré des normes, une surveillance systémique des travaux et sur la base de paramètres liés à l'occupation harmonieuse de l'espace et le mieux-être des gens qui allaient l'occuper», détaille-t-il.

Les architectes, résume Noël Mainguy, devenaient enfin les gardiens des normes fonctionnelles et techniques et les entrepreneurs devaient s'y conformer.