Chalets danois, un lot de belles surprises

Dans mon enfance, j'aimais particulièrement aller visiter avec mes parents, mes oncles et tantes qui avaient un chalet.

Dans mon enfance, j'aimais particulièrement aller visiter avec mes parents, mes oncles et tantes qui avaient un chalet.

Le voyage était souvent mémorable : on passait beaucoup de temps à l'extérieur, à s'amuser, à manger, à profiter du soleil couchant autour du feu. À l'intérieur, le chalet de dimension modeste faisait que nous étions tous rapprochés et l'atmosphère était toujours très chaleureuse. Celui que je préférais était le chalet de mon oncle Jacques qui se trouvait seul sur son île. Déjà, le fait d'arriver par l'eau, de voir le chalet planté sur un rocher parmi les grands pins me transportait de joie.

Je ressens encore aujourd'hui le même plaisir lorsque je voyage et découvre un projet architectural bien intégré à son environnement. Mon séjour au Danemark m'a réservé son lot de belles surprises. D'abord, le Danemark offre plus de 4000 km de littoral, ce qui donne de belles dunes de sable et beaucoup de plages pour de longues marches de découverte. C'est vraiment impressionnant de voir le nombre de personnes qui ont une petite maison à la mer. C'est sur l'île de Møn, à une heure et demie au sud de Copenhague, que j'ai pu voir plusieurs projets intéressants.

Ce que j'ai aimé sur l'île, c'est d'abord le Møns Klint. Sur la pointe est, il y a 20 000 ans, la brusque glaciation des eaux releva le fond de craie de la mer pour créer de hautes falaises parsemées d'aiguilles et d'escarpements. C'est un paysage tout de blanc qui se jette dans la mer; c'est presque irréel. Il faut descendre près de 1000 marches pour se rendre jusqu'à l'eau, un bel exercice qui offre des vues surprenantes. Le pavillon d'accueil et de service au sommet est bien réussi, un long volume simple de bois déposé dans le paysage et qui semble flotter grâce à un bandeau de fenêtre entre la paroi de bois et le sol.

Il y a aussi les plus belles et anciennes églises romanes du Danemark; celle d'Elmelunde est la plus émouvante. Installée sur une petite colline parmi les champs, elle nous permet de voir la mer au loin. À l'intérieur, tout est peint en blanc. On peut y voir de belles fresques presque naïves et quelques petits vitraux; l'ensemble est très bien proportionné et la sobriété dégage une atmosphère apaisante propre au recueillement.

Les petits chemins qui sillonnent l'île nous amènent à découvrir de nombreux chalets contemporains très bien pensés. Comme le chalet de mon oncle Jacques, sur son île, les constructions sont de dimensions très modestes, tout de bois, largement fenêtrées et la majorité du temps simplement équipées pour la belle saison. On rêve de voir de ces belles constructions peu dispendieuses dans le paysage québécois.

Le premier chalet que j'ai vu a été conçu par les architectes Bent Lykke et Linda Nielsen. Il a une superficie de 50 m². À première vue, il semble être un simple volume long et étroit surmonté d'un toit à deux versants. En réalité, il s'agit de deux volumes distincts dont les accès se font depuis la partie couverte entre les deux. De plus, cette galerie peut se refermer par de grandes portes battantes en cas de mauvais temps ou servir de pare-vent si elles restent ouvertes. Dans l'un des volumes, on retrouve deux chambres, et dans l'autre, la cuisine, une petite salle de bain et l'espace pour manger dans lequel on ajoute un sofa-lit. Par une petite échelle, on peut aussi accéder à une mini-mezzanine au-dessus de la cuisine et de la salle d'eau qui peut accueillir un lit d'appoint. Comme beaucoup de résidences estivales, le bois extérieur est teint en gris très foncé et à l'intérieur, tout est blanc.

Le deuxième refuge estival est mon préféré. Il a été dessiné par les architectes Pernille Poulsen et Michael Christensen. L'idée est simple, mais très efficace. L'ensemble des fonctions demandant l'intimité sont regroupés dans un seul volume donnant sur la façade nord : chambres, salle d'eau. L'ensemble des pièces à vivre sont placées dans un volume complètement vitré sur ses trois faces. Quel bel espace pour les vacances! Le salon, la salle à manger et la cuisine se prolongent visuellement sur la grande terrasse orientée franc sud. Le prolongement du toit fait office de brise soleil pendant ces journées ensoleillées. Seul l'îlot de la cuisine et un petit poêle cylindrique à combustion sont fixes dans le lieu de vie principal. Une belle communion avec la nature environnante.

Je ne saurais terminer sans parler du Musée d'art moderne de Louisiana, un des plus beaux d'Europe. Il est près de la ville de Humlebaek, un peu au nord de Copenhague. C'est une succession de lieux magnifiques dans un parc face à la mer où l'on côtoie les grands artistes du XXe siècle. Une collection d'exception pour les salles permanentes et des expositions temporaires fascinantes. L'été dernier, j'ai vu une exposition riche et stimulante sur l'architecture des nouveaux musées. La relation avec l'endroit est unique. On ne sait pas vraiment si l'on se trouve à l'intérieur ou à l'extérieur. Un ravissement pour le corps et l'esprit, un incontournable au Danemark.

 ___________________________

Pierre Thibault est architecte à Québec depuis plus de 20 ans. Professeur à l'Université Laval, il partage dans nos pages sa vision de l'architecture et son expérience du milieu de l'habitation.