Vue sur le lac ou sur les montagnes. Le chant des oiseaux, l'air pur et la verdure à perte de vue. Visite d'un spacieux gîte ouvert sur la nature: le Gordon Harrison Gallery.

On pourrait l'appeler la maison aux six foyers. Un surnom qu'il aurait été impossible d'utiliser il y a trois ans pour définir le petit chalet de 800 pi2, rongé par la pourriture, qu'abritait le magnifique terrain en bordure du lac des Îles, à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson.

Habitant à Ottawa, l'artiste peintre Gordon Harrison et son conjoint Philippe Émond rêvaient de venir s'installer dans ce petit coin des Laurentides, là où M. Harrison avait passé son enfance. Ils décident alors d'acheter un petit chalet - dont les plafonds faisaient à peine 7 pi - en raison de la vue qu'il offrait. Le matin, installé à l'îlot de la cuisine, on peut assister au lever du soleil, alors que le soir, assis à la table de la salle à manger, c'est son coucher qu'il est possible d'admirer. Pour ajouter au paysage, la véranda qui fait face au lac offre également une vue sur de petites îles inhabitées. Avec pareil paysage, il n'en fallait pas plus pour les charmer.

Histoire d'adapter l'endroit à leurs besoins et d'aménager un atelier pour Gordon Harrison, M. Émond dessine des plans visant à ajouter des annexes au chalet déjà existant. «C'est là que le party a commencé, raconte en riant Philippe Émond, accoudé à son îlot de cuisine. L'entrepreneur, après avoir enlevé l'isolation, nous avise que tout est pourri et que ça coûterait moins cher de mettre le chalet par terre et d'en construire un autre. C'était comme un rêve qui s'écroulait.»

Déçu, mais déterminé, M. Émond accepte de recommencer à neuf, mais à une seule condition: il veut conserver le foyer d'origine.

Or, comme un malheur n'arrive jamais seul, une autre tuile s'abat sur leur projet: lors du dynamitage, le fameux foyer est réduit en poussière, avec le reste. Le couple va tout de même de l'avant. Il décide de conserver de l'ancien chalet deux vieilles portes qui seront ensuite réutilisées comme tête de lit dans l'une des trois suites.

S'engagent alors des travaux qui dureront trois ans et qui mèneront à la naissance de leur gîte et d'un atelier d'artiste.

«Je voulais un mélange de vieillot et de moderne, explique Philippe Émond. Je voulais que ce soit minimaliste, mais confortable.» L'expérience s'avère toutefois difficile. Le dépassement des coûts et les allers-retours hebdomadaires entre Sainte-Marguerite et Ottawa, là où se trouvaient alors leur résidence principale et la galerie d'art de Gordon Harrisson, ne facilitent pas les choses.

Ouverture sur le lac

À l'intérieur, Philippe Émond voulait un concept ouvert avec beaucoup de fenêtres. Que l'on soit dans la cuisine, au salon ou dans la salle à manger, le décor formé par le lac et la forêt est omniprésent. Un grand foyer de pierre situé en plein centre de la maison se trouve à l'emplacement même de son prédécesseur.

Et il n'est pas seul, puisqu'on en a installé cinq autres. Au salon, dans la chambre principale, dans un séjour à l'étage, à l'intérieur d'une suite que le couple loue à ses clients, puis à l'extérieur, à proximité du spa et d'une chute d'eau que l'on a fait aménager. Une grenouille baptisée Béatrice y a même élu domicile.

L'établissement dispose de trois chambres - que les propriétaires du gîte qualifient de suites.

Deux d'entre elles se situent au sous-sol de la maison principale et disposent de grandes fenêtres donnant sur le lac. Les propriétaires ont aménagé leur chambre à l'étage, une sorte de mezzanine où se trouve également une salle de bains dépourvue de porte. Histoire d'admirer le lac, peu importe ou l'on se trouve dans la maison, une autre terrasse y a aussi été construite.

La troisième et nouvelle suite, qui commence à peine à recevoir ses premiers clients, se situe dans l'autre pavillon, au-dessus de l'atelier de peinture. Le lieu de travail de l'artiste est lumineux, avec de hauts plafonds et une vue imprenable sur le lac.

Bien que le train soit bien en marche et que le gîte ait déjà une clientèle assidue, Philippe Émond a d'autres projets. Lors de notre passage, une équipe de paysagistes et d'ouvriers s'affairaient sur place, dirigée par la poigne de fer de M. Émond. C'est qu'il fait planter une rangée de bouleaux noirs le long de l'allée que doivent emprunter les voitures pour se rendre à la maison. D'autres pierres seront également ajoutées sur le terrain.

gordonharrisongallery.com