En dépit des pressions importantes de plusieurs états africains, la candidate canadienne Michaelle Jean a été choisie dimanche pour succéder à l'ex-président sénégalais Abdou Diouf comme secrétaire-général de l'Organisation internationale de la francophonie.

C'est au terme de pénibles échanges, après près de cinq heures de délibérations à huis clos que les chefs d'État se sont finalement ralliés derrière la candidate canadienne. Mme Jean avait mené une campagne active au cours des derniers mois, allant à la rencontre de plusieurs dirigeants. Son choix est le fruit « d'un consensus global », soulignait-on à la délégation canadienne.

Elle s'engage à « donner une nouvelle impulsion à la Francophonie ». « Ensemble, traçons le chemin d'une Francophonie moderne et tournée vers l'avenir. La Francophonie du XXIe siècle sera au service et à l'écoute des jeunes et des femmes. Prospère, elle conjuguera l'accroissement des échanges et le développement humain et durable pour tous », a affirmé Mme Jean.

L'ex-gouverneur général, à 57 ans, l'emporte en dépit de la détermination de plusieurs pays africains à maintenir un représentant de leur continent à la barre de cette organisation qui a son siège à Paris. « Je remercie les chefs d'État et de gouvernement de la confiance qu'ils me témoignent », dira Mme Jean dans un communiqué, saluant l'appui indéfectible du gouvernement du Canada, du Québec et du Nouveau-Brunwsick.

Émue, à la séance plénière Mme Jean s'est engagée à travailler avec tous, ainsi qu'avec les fonctionnaires de la Francophonie, l'Association des parlementaires francophones et la société civile « pour mettre en oeuvre la feuille de route issue du Sommet de Dakar ».

Pour elle, le rôle des femmes et des jeunes est déterminant pour l'avenir de l'espace francophone. Elle veut aussi s'attaquer à la promotion de la langue française, « et [veut] renforcer l'action économique » de la francophonie.

Elle se dit convaincue que « la Francophonie sortira grandie » de cette dernière course à la direction de l'institution. 

Gouverneure générale et commandante en chef du Canada de 2005 à 2010, Mme Jean occupait de depuis octobre 2010 le poste d'Envoyée spéciale de l'UNESCO pour Haïti.

«La personne idéale»

Michaëlle Jean «saura incarner le renouveau et la modernité» pour cette organisation, a estimé le premier ministre canadien Stephen Harper.

«Je suis particulièrement heureux que, pour la première fois de son histoire, la Francophonie ait élu une Canadienne à sa tête», déclare dans un communiqué M. Harper, félicitant Mme Jean pour sa nomination.

«Mme Jean est la personne idéale pour promouvoir le français ainsi que les valeurs de l'organisation. Elle saura incarner le renouveau et la modernité dont a besoin la Francophonie du XXIe siècle, et être à l'écoute» des dirigeants et populations francophones, a-t-il estimé.

«J'ai hâte de travailler avec la nouvelle secrétaire générale et tous les membres de la Francophonie sur les engagements pris lors du sommet de Dakar, notamment en ce qui concerne les femmes et les jeunes, et plusieurs autres dossiers d'importance pour l'organisation», dont les questions de développement, de démocratie et de paix, a encore affirmé Stephen Harper.

Il a assuré que le Canada, «fier de son héritage français», demeurait engagé pour permettre à l'OIF de mener ses missions. Le Canada est le deuxième bailleur de fonds de l'OIF, derrière la France.

M. Harper a par ailleurs rendu hommage au prédécesseur de Michaëlle Jean, l'ex-président sénégalais Abdou Diouf, 79 ans, qui quittera ses fonctions fin décembre après 12 ans à la tête de l'OIF.

Pour le Canadien, M. Diouf laisse un «héritage colossal» et «a fait de la Francophonie une organisation moderne, crédible et efficace».

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, s'est également réjoui de l'arrivée de Mme Jean au secrétariat général de la Francophonie. Selon lui, Mme Jean incarne une vision moderne, jeune et dynamique de la Francophonie et «elle saura donner un nouvel essor à l'espace francophone en mettant de l'avant l'importance des échanges économiques entre les États membres».

En plus de Mme Jean, quatre autres candidats - tous africains - étaient en lice pour le poste de secrétaire général de l'OIF: l'ex-président burundais Pierre Buyoya (65 ans), l'écrivain et diplomate congolais Henri Lopes (77 ans), l'ex-Premier ministre mauricien Jean-Claude de l'Estrac (66 ans) et l'ancien ministre équato-guinéen Agustin Nze Nfumu (65 ans).

Avec AFP et La Presse Canadienne