Cultivores microferme
Qui : Marc-Olivier Gélinas, 33 ans, et Stéphanie Nadeau, 33 ans, formés en administration à HEC Montréal
Quoi : environ 25 légumes sur près de 1 acre (possibilité de 15 acres à terme)
Où : Saint-David, en Montérégie
On travaillait tous les deux en entreprise, mais on cherchait depuis cinq ans quelque chose de plus valorisant, en lien avec la nature. Le master class en ligne de Jean-Martin Fortier a été un excellent investissement. On a sélectionné des cultivars moins productifs, mais délicieux, et les restaurants [dont Foxy et Hélicoptère, à Montréal] les apprécient beaucoup.
Marc-Olivier Gélinas
On vend aussi nos légumes au kiosque de la relève au Marché Jean-Talon. Un jour, on pourrait avoir des paniers et un kiosque à la ferme. Et puis des poulets et des abeilles. Être maraîcher, c’est très dur, physiquement et mentalement. On a un plan ambitieux, mais on est aussi réalistes. Ce qu’on voulait faire en trois ans, on va peut-être le faire en quatre.
Stéphanie Nadeau
Ferme les 4 piments
Qui : Louis-Charles Monast, gestionnaire, 33 ans, et Karine Archambault, infirmière, 32 ans
Quoi : une vingtaine de légumes et quelques fruits cultivés sur 5000 pi2 (davantage au cours des prochaines années), ainsi que des œufs de poules en liberté
Où : Cookshire-Eaton, en Estrie
C’était un rêve pour moi d’élever mes quatre enfants à la campagne et d’être autosuffisante. Mais j’aime le contact avec les gens et j’aimerais vivre de ma terre. La pandémie et le décès de ma mère m’ont donné le coup de pied pour me lancer. C’est trop tôt pour dire si ça va marcher, le début de l’été a été froid. Mes attentes, c’est que ma petite entreprise grandisse en même temps que mes enfants. Pour l’instant, je reste infirmière pour la Santé publique en télétravail trois jours et mon conjoint va garder son emploi. J’aime avoir les deux mains dans la terre. Puis, être assise sur le perron et entendre les sons de la nature, les criquets, les oiseaux, ça fait du bien.
Karine Archambault
Les petits jardins de Normandin
Qui : Marie-Hélène Sauvé, ingénieure forestière, 30 ans
Quoi : une vingtaine de légumes sur un peu plus d’un demi-acre
Où : Normandin, au Lac-Saint-Jean
Une chose qui est sûre la première année, c’est que ça ne se passera pas comme tu le souhaites. Ici, il va falloir travailler la terre, qui est trop argileuse, mais le propriétaire est producteur bovin, alors du fumier, on en a plein. On n’avait pas de producteur maraîcher à Normandin, je me suis dit qu’il fallait quelqu’un. Ce n’est pas normal que mes tomates aient voyagé plus que moi. François Legault dit que l’autonomie alimentaire, c’est super important, mais j’ai dû remplir tellement de paperasse avant de me lancer… Une chance que j’ai une tête de cochon !
Marie-Hélène Sauvé
Ferme Ravito
Qui : Olivia Bernier, hygiéniste dentaire, 27 ans, et Jimmy Lepage, paramédical, 30 ans
Quoi : une quarantaine de légumes sur 1 acre (sur un terrain de 1,5 hectare)
Où : Sainte-Flavie, dans le Bas-Saint-Laurent
On aimerait vivre exclusivement de l’agriculture d’ici cinq ans. Heureusement, j’ai eu accès à une terre familiale, en bord de fleuve, parce que nos économies des dernières années sont parties, même s’il y a des subventions. Mais la réponse est impressionnante. Et le sentiment de nourrir les gens, c’est merveilleux. On veut écouler notre production presque exclusivement dans notre kiosque en libre-service sur la 132, mais on vend aussi à deux restaurants. Pour la suite, on a une serre en construction et on veut développer l’autocueillette de petits fruits et de fines herbes, avoir une aire de pique-nique, faire dans l’agrotourisme.
Olivia Bernier
Ferme Almana
Qui : Mathieu Dumas, 43 ans, et Rosalie Forest, 42 ans, ingénieurs
Quoi : 2,5 acres d’ail et 16 000 pi2 de serre (tomates, concombres, piments)
Où : Saint-Alban, dans Portneuf
C’est fascinant de constater les efforts que ça prend pour faire pousser des légumes au Québec. Contrairement aux secteurs de la gestion de l’offre, on compétitionne avec des tomates qui poussent au Mexique où les employés sont payés 1 $ par jour. Mais on sent qu’on est à notre place. Je reste consultant à temps partiel, mais ma conjointe se consacre maintenant 100 % à la ferme. On veut faire la différence avec des gestes pour soutenir l’économie locale, l’occupation du territoire, l’autonomie alimentaire et combattre les changements climatiques. Pour faire des paniers, il faut maîtriser la culture d’une trentaine de légumes… On préfère vendre au kiosque à la ferme, à des épiceries et des restaurants. On a trois enfants, il nous fallait un modèle viable rapidement.
Mathieu Dumas
Les propos ont été remaniés à des fins de concision.