À une époque où les journalistes sont accusés de faire la promotion des «infos bidons» («fake news»), Steven Spielberg, Meryl Streep et Tom Hanks utilisent la popularité d'Hollywood pour faire la promotion de la presse et des médias dans le film The Post.

Le nouveau long métrage de Steven Spielberg, qui sort vendredi aux États-Unis et le 12 janvier au Québec, raconte la publication par le célèbre Washington Post des Pentagon Papers, documents révélant les mensonges de l'administration américaine sur l'implication des États-Unis au Vietnam.

Meryl Streep y interprète Katharine Graham, la directrice de la publication du journal, alors que le rôle de Ben Bradlee, le rédacteur en chef, est joué par Tom Hanks.

Le film raconte la décision de Katharine Graham de publier ces Pentagon Papers, un choix qui aurait pu avoir des conséquences néfastes pour son journal, propriété historique de sa famille et dont elle était à la tête depuis le suicide de son mari Phil, huit ans auparavant.

Daniel Ellsberg, ancien fonctionnaire américain et lanceur d'alerte, a fait fuiter en 1971 7000 pages de documents secrets du Pentagone sur la guerre du Vietnam: les Pentagon Papers. Leur lecture enseignait que, contrairement aux affirmations des divers responsables américains, la guerre du Vietnam ne pouvait pas être gagnée par les États-Unis.

Le New York Times, autre quotidien de référence, avait commencé à publier ces documents, avant que l'administration du président Nixon n'obtienne une injonction d'un tribunal fédéral pour les en empêcher, au motif de la sécurité nationale.

Le «WaPo» a alors pris le relais, malgré les risques de représailles politiques et économiques.

Meryl Streep «surestimée»

Près de 50 ans plus tard, c'est à quelques minutes des locaux du Washington Post, au Newseum, prestigieux musée du journalisme de la capitale américaine, que s'est déroulée l'avant-première du film.

Les nombreuses attaques de Donald Trump contre la presse étaient dans tous les esprits, le musée se trouvant seulement à quelques encablures de la Maison-Blanche.

Le président a pris l'habitude de s'en prendre au New York Times et à CNN, mais a déjà attaqué le Washington Post, qualifiant le journal de «malhonnête», «bidon» et - son préféré - pourvoyeur de «fake news».

Il a également affublé le journal du sobriquet de «Amazon Washington Post», référence à Jeff Bezos, le propriétaire d'Amazon, qui a racheté le titre à la famille Graham en 2013.

«Je pense qu'il est très important qu'on ne voit pas notre film comme quelque chose de partisan et de politique émanant de ce qu'on qualifie des médias de gauche ou d'Hollywood», a cependant déclaré Steven Spielberg, accompagné de Tom Hanks et Meryl Streep, que Donald Trump avait qualifiée de «surestimée».

«Je vois ça comme un film sur le patriotisme et les médias courageux, le quatrième pouvoir, et ce qu'ils ont fait pour permettre la publication des Pentagon Papers, ce qui a ensuite conduit au Watergate», a-t-il développé.

Le scandale du Watergate a évidemment déjà été porté à l'écran par Hollywood, avec le célèbre All the President's Men, sorti en 1976. Le film d'Alan Pakula mettait en scène Robert Redford et Dustin Hoffman dans les rôles des journalistes du Washington Post Bob Woodward et Carl Bernstein qui, avec leur enquête, avaient fini par faire tomber le président Richard Nixon.