Une ex-actrice a accusé vendredi Harvey Weinstein de l'avoir forcée à lui toucher le pénis tandis que l'avocat d'une Italienne qui accuse le producteur déchu de viol a donné des détails sur l'agression présumée en 2013 à Los Angeles.

Lors d'une rencontre pour discuter de sa carrière naissante d'actrice, interrompue peu après, l'actrice Heather Kerr a raconté que le producteur lui avait «attrapé la main, l'a placée de force et tenue sur son pénis», assurant «c'est comme ça que les choses marchent à Hollywood».

Tandis qu'elle fondait en larmes, son avocate Gloria Allred l'a consolée, déclarant: «Harvey, toi - et les autres comme toi - vous êtes finis. Les femmes n'accepteront plus ça».

Gloria Allred, célèbre pour défendre des victimes d'agressions sexuelles, représente aussi Louisette Geiss, une ex-actrice qui accuse le producteur, jadis l'un des plus puissants d'Hollywood, de s'être exhibé nu devant elle et de lui avoir demandé de le regarder se masturber.

Mmes Geiss et Kerr font partie d'une cinquantaine de femmes, essentiellement des actrices ou employées de sa maison de production, qui accusent Harvey Weinstein de harcèlement, agressions sexuelles ou viol, dont des vedettes comme Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow, Ashley Judd ou Lupita Nyong'o.

Jeudi, la police de Los Angeles (LAPD) avait confirmé enquêter sur les accusations d'une actrice et mannequin italienne, la sixième à accuser le producteur de viol, après notamment Rose McGowan, Asia Argento, Lysette Anthony et l'ex-comédienne Lucia Evans.

Vendredi, son avocat David Ring, lors d'un point presse, a souligné que cette femme de 38 ans, mère de famille, comptait rester anonyme et coopérait pleinement avec l'enquête criminelle du LAPD.

Elle accuse Harvey Weinstein, longtemps l'une des figures les plus influentes d'Hollywood, de l'avoir violée dans une chambre d'hôtel à Los Angeles en février 2013, après l'avoir brièvement rencontré lors d'un festival de cinéma italien.

«Elle n'avait aucune aspiration à devenir actrice aux États-Unis», a précisé M. Ring.

Plus grand regret

M. Weinstein s'est ensuite rendu à son hôtel et il a «forcé le passage de sa chambre».

«Ce qui lui est arrivé est vraiment horrible», «son plus grand regret est d'avoir ouvert cette porte», car l'agression qui a suivi a eu «un impact dramatique sur sa vie», assure M. Ring.

Jeudi, la comédienne avait expliqué au quotidien Los Angeles Times que Harvey Weinstein était «devenu très rapidement agressif et demandait à (la) voir nue». «Il m'a attrapée par les cheveux, et m'a forcée à faire quelque chose que je ne voulais pas. Ensuite il m'a traînée dans la salle de bain et m'a violée».

M. Ring a conclu en expliquant qu'il serait «prématuré» de porter plainte.

Des enquêtes pour agressions sexuelles et viols sont déjà menées à Londres et New York sur l'ex- magnat du cinéma, qui a été renvoyé de sa maison de production et expulsé de l'Académie des Oscars, entre autres.

M. Weinstein, 65 ans, soutient que toutes ces relations sexuelles étaient consensuelles.

Jeudi, le réalisateur vedette Quentin Tarantino, qui doit largement sa carrière à Harvey Weinstein, a admis avoir eu connaissance du comportement de son producteur privilégié.

«J'en savais suffisamment pour réagir plus que ce que je n'ai fait», a expliqué le réalisateur au New York Times.

«C'était plus que les rumeurs habituelles, les ragots. Ce n'était pas des «on dit». Je savais qu'il avait fait plusieurs de ces choses», a également déclaré Tarantino à propos de celui qui a produit plusieurs de ses plus gros succès, comme Kill Bill ou Pulp Fiction.

Dans une lettre ouverte publiée dans la presse américaine, les employés de la Weinstein Company ont par ailleurs affirmé qu'ils savaient qu'ils travaillaient pour une personnalité «au tempérament notoirement» inflammable, mais qu'ils ne savaient pas, en revanche, qu'il était «un prédateur sexuel».

«Nous savions que c'était un homme à femmes avec de multiples affaires extra-conjugales, mais pas un agresseur violent et un violeur», concluent-ils, alors que beaucoup des accusatrices ont évoqué la complicité souvent active de nombre d'employés de la Weinstein Company.

Remerciant les femmes qui ont eu le courage de prendre la parole, ils déplorent aussi des «environnements de travail menaçants, hostiles, inhumains très répandus dans notre secteur».