Fatima, meilleur film, et Mustang, meilleur premier film : les César, grand rendez-vous du cinéma français, ont fait une belle place à la diversité vendredi soir, à deux jours d'Oscar critiqués pour n'avoir retenu que des acteurs blancs.

Fatima, de Philippe Faucon, dresse le portrait sensible et émouvant d'une femme de ménage immigrée, qui élève seule ses deux filles. « J'ose à peine croire que je suis là maintenant. Je dois énormément aux trois magnifiques interprètes de +Fatima+ », a déclaré son réalisateur.

Outre le César du meilleur film, Fatima a décroché celui de la meilleure adaptation et du meilleur espoir féminin pour Zita Hanrot, très émue.

Le film franco-turc Mustang, ode à la liberté racontant l'odyssée de cinq soeurs adolescentes en Turquie, a reçu les prix du meilleur premier film, du meilleur scénario, du meilleur montage et de la meilleure musique.

« C'est un immense honneur », a déclaré Deniz Gamze Ergüven, dont le film représente le France aux Oscar dimanche soir.

« La journée a très bien commencé : Can Dündar (rédacteur en chef du quotidien d'opposition turc Cumhuriyet, ndlr) est sorti de prison ce matin. (...) C'est un petit signal que certaines personnes en Turquie ne sont pas tout à fait des pions et que le libre arbitre existe encore et qu'un tas de gens très libres sont encore parmi nous », a-t-elle ajouté.

Les César ont fait une belle part à la diversité, a estimé le sociologue et historien Gérard Noiriel, pour qui les films français « rendent de plus en plus compte du caractère pluriel de notre société ».

Loin de tout stéréotype, le rôle d'une diva à la voix de casserole dans Marguerite, de Xavier Giannoli, a valu à Catherine Frot le César de la meilleure actrice. Le film a aussi été récompensé pour ses costumes, son décor et son son.

Regard pétillant, visage rond et pommettes hautes, cette actrice pimpante de 59 ans s'est taillée une stature d'actrice populaire depuis Un air de famille (1996). Elle a dédié son prix au personnage de Marguerite, héroïne « à la fois tragique et dérisoire ».

Un Américain, un Mexicain et une Danoise

Le César du meilleur acteur est revenu à Vincent Lindon, une autre figure populaire du cinéma français, pour son rôle dans La Loi du Marché de Stéphane Brizé, qui lui a déjà valu de rafler le prix d'interprétation masculine à Cannes.

Dans ce film cinglant sur la brutalité du monde du travail, Vincent Lindon, 56 ans, interprète avec justesse Thierry, un chômeur de longue durée, père d'un enfant handicapé, qui va d'entretiens d'embauche humiliants en stages inutiles.

Arnaud Desplechin remporte pour sa part le prix du meilleur réalisateur pour Trois souvenirs de ma jeunesse, récit initiatique qui complète Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) sorti en 1996.

Le Petit Prince de l'Américain Mark Osborne, production majoritairement française, adaptation du célèbre conte de Saint-Exupéry, a remporté quant à lui le prix du meilleur film d'animation. Et Birdman du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu - qui a remporté quatre Oscars l'an passé - a été salué comme le meilleur film étranger.

La lumineuse actrice danoise Sidse Babett Knudsen a obtenu vendredi le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour L'Hermine, et le Français Benoît Magimel celui du meilleur acteur dans un second rôle pour La Tête haute.

Avec onze nominations, la Palme d'or du dernier Festival de Cannes, Dheepan de Jacques Audiard, sur le parcours en France de réfugiés sri-lankais, est le grand perdant de la soirée.

Un César d'honneur a été remis cette année à l'acteur américain Michael Douglas, qui en avait déjà reçu un en 1998.

« Pour moi, la France est un pays extraordinaire. J'ai fait la connaissance de Catherine (Zeta-Jones, sa femme) à Deauville (...) Je suis très content », a déclaré la star sur le tapis rouge.

PHOTO ARCHIVES AFP

La réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven, Oscar en février du meilleur film étranger avec Mustang, est très attendue avec son dernier film Kings, sur les émeutes raciales de 1992 à Los Angeles avec Halle Berry et Daniel Craig.