La 11e saison du Wapikoni mobile s'amorce aujourd'hui avec le départ d'une délégation en direction de la communauté autochtone d'Unamen Shipu (La Romaine). Dirigé par Manon Barbeau, le Wapikoni est voué à l'animation d'ateliers de cinéma dans différentes communautés québécoises des Premières Nations. La Presse a rencontré les membres de l'équipe.

MANON BARBEAU, FONDATRICE ET DIRECTRICE GÉNÉRALE

«Le cinéma a un pouvoir de transformation sur les êtres. Alors, un des buts premiers de Wapikoni est de donner aux jeunes une prise de pouvoir sur leur vie grâce à la confiance qu'ils développent en faisant un film. Bien sûr, on ne formera pas autant de cinéastes qu'il y a de participants, mais on veut donner une fierté identitaire, à la fois individuelle et collective, aux gens visités. Dans chaque communauté visitée, les trois formateurs travaillent avec 25 à 30 jeunes. Ils réalisent en moyenne cinq courts métrages, surtout du documentaire ou de l'animation. Ces films sont ensuite projetés devant les membres de la communauté avant d'amorcer un parcours de projections qui débute au Festival du nouveau cinéma. L'an dernier, nos films ont été projetés dans 143 événements partout dans le monde.»

FRANÇOIS LAURENT, CINÉASTE FORMATEUR

«Participer à Wapikoni mobile me donne l'occasion de découvrir mes voisins, d'apprendre qui sont ces gens habitant le territoire depuis plus longtemps que nous, dit François Laurent, 32 ans, réalisateur du court métrage Huis clos. C'est aussi une recherche identitaire personnelle. J'ai participé à beaucoup de ces ateliers, qui m'ont conduit dans plusieurs pays, au cours des cinq dernières années. J'apprends sur les cultures. Et les gens que je forme développent de nouvelles façons de faire, de nouveaux langages. En m'investissant dans ce processus de création, en observant comment ils portent leur regard sur le monde, je fais moi-même des apprentissages.»

CLARK FERGUSON, CINÉASTE FORMATEUR

Natif de la Saskatchewan, Clark Ferguson, 40 ans, en sera à sa troisième année avec le Wapikoni. «Comme je viens d'une province de l'Ouest, ce projet me permet de découvrir le Québec et les membres de ses Premières Nations d'une autre façon», dit ce diplômé de l'Université Concordia. «De faire des films avec d'autres gens, de partager des idées, ça me stimule, ajoute ce réalisateur de documentaires (Tales from the Deep, Shadow of a Giant). Ce qui se fait ici est différent de ce qu'on voit ailleurs. Il y a beaucoup de créativité dans ce travail que je trouve très gratifiant.»

PHILIPPE DAVID GAGNÉ, CINÉASTE FORMATEUR

Les prochaines semaines seront chargées pour Philippe David Gagné, 33 ans, et son collègue Jean-Marc E. Roy. En plus de participer au Wapikoni, ils iront présenter leur court métrage Bleu tonnerre à la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes! L'expérience du Wapikoni vient avec des responsabilités, avertit M. Gagné. «Avec certains participants, nous sommes plongés dans une expérience très émotive, dit-il. Ceux-ci ont beaucoup de choses à dire dans leur film qui prend alors une valeur particulière pour eux. En tant que cinéaste, on sent ce besoin de les aider à transmettre ce message. Mais il faut faire attention à ce que leur film ne devienne pas notre film.»

GENEVIÈVE ALLARD, CINÉASTE FORMATRICE

Cette cinéaste spécialisée dans les vidéos d'art et expérimentation et le montage de documentaires est associée au Wapikoni depuis plusieurs années. «Mon expérience en montage est sans doute une de mes forces au sein de Wapikoni», dit cette artiste de 39 ans. Pourquoi revenir d'année en année? «C'est tellement le fun, lance-t-elle. Il y a une grande richesse dans l'intimité des rencontres avec les participants. On fait connaissance et, très rapidement, on entre dans un processus créatif. Et la majorité des participants en sont à leur premier film, ce qui constitue une démarche très précieuse pour eux.»

SANDRINE BRODEUR DESROSIERS, CINÉASTE FORMATRICE

Cette cinéaste de 27 ans qui nous a donné le court métrage T'es pas game (Fantasia, 2014) utilise l'expression «histoire d'amour» pour évoquer son rapport au Wapikoni mobile. «Le Wapikoni est inspirant pour moi, comme cinéaste, en raison de l'échange qui se crée. Mais je veux aussi donner espoir aux jeunes à qui je transmets mes connaissances. Dans les communautés, on rencontre ces jeunes qui ont des rêves palpables. Ils peuvent aussi se découvrir de nouveaux rêves à travers nos ateliers. Personnellement, comme cinéaste, certaines thématiques de travail m'habitent; celles-ci s'imposent davantage par l'expérience Wapikoni.»