Quarante ans après la mort de Pier Paolo Pasolini, des traces ADN et un nouveau témoignage de l'homme condamné pour le meurtre du poète et cinéaste italien ravivent la thèse du complot, a rapporté mardi la presse italienne.

Pino Pelosi, un voyou prostitué de 17 ans que Pasolini avait conduit sur la plage d'Ostie, près de Rome, dans la nuit du 2 novembre 1974, a longtemps déclaré avoir agi seul pour se défendre d'une tentative de viol de la part du réalisateur de 53 ans. Il avait été condamné à 9 ans de prison.

Mais pour beaucoup le jeune homme n'aurait été que l'instrument d'un complot ourdi par des fascistes, voire par des dirigeants politiques de la Démocratie chrétienne gênés par les textes assassins de cet intellectuel marxiste atypique, éclectique et subversif.

Il y a dix ans, Pino Pelosi avait évoqué dans une entrevue télévisée la présence de deux autres personnes au moment des faits, expliquant n'avoir pas parlé plus tôt par peur de représailles.

Cette fois-ci, c'est devant un procureur, saisi en 2010 par un cousin de Pasolini, qu'il a présenté sa nouvelle version.

Il venait de sortir de l'Alfa du réalisateur, qu'il fréquentait déjà depuis plusieurs mois, quand «au moins six personnes» sont arrivées à bord de deux voitures et une moto. Il faisait nuit, il n'a pas vu leurs visages.

«Deux personnes ont pris Pasolini et l'ont tiré hors de l'habitacle et l'ont frappé à coups de bâtons» avant de lui rouler dessus avec une Alfa semblable à la sienne, a raconté Pino Pelosi, dit «La Grenouille».

Selon la presse, ce récit pourrait être appuyé par le fait que des traces ADN appartenant à au moins trois personnes différentes ont été relevées sur les vêtements de Pasolini, même s'il n'est pas certain que les éventuels suspects puissent être identifiés.