Depuis plus d'un an, Jean-Paul Salomé assume aussi la présidence d'Unifrance, un organisme voué à la promotion du cinéma français dans le monde. Les défis sont nombreux...

Pour la première fois depuis la création d'Unifrance, un cinéaste se retrouve à la tête de l'organisation chargée de promouvoir le cinéma français à l'extérieur des frontières de l'Hexagone.

Le mandat présidentiel de Jean-Paul Salomé, d'une durée de deux ans, a commencé en janvier 2013, soit au tout début d'une année qui, forcément, allait moins briller que la précédente, marquée en outre par les performances exceptionnelles d'Intouchables et de The Artist.

«Auparavant, le poste était ouvert seulement aux producteurs, expliquait monsieur le président au cours d'une entrevue accordée à La Presse dans le cadre des Rendez-vous du cinéma français, tenus à Paris au mois de janvier. Nous devons cette modification des statuts à la productrice Margaret Ménégoz. Maintenant, le poste est ouvert à des gens issus de tous les collèges professionnels. Aucun cinéaste ni artiste ne s'était toutefois présenté avant moi.»

Ayant déjà travaillé au sein de l'association des réalisateurs français, Jean-Paul Salomé dit devoir probablement son élection à l'image fédératrice qu'il peut véhiculer dans la profession. Alors que le cinéma français a accusé une baisse spectaculaire des entrées sur le plan international, les défis sont nombreux.

«Nous essayons d'élaborer une stratégie globale, mais chaque territoire a ses propres spécificités, dit-il.

«Cela dit, il est clair que nos nouveaux talents ne sont pas assez reconnus sur le plan international.»

Parts de marché au Québec

Sur les 50 millions d'entrées engendrées par des productions françaises à l'international, seulement 24 l'ont été grâce à des films de langue française. Autrement dit, les spectateurs étrangers vont voir davantage de films «français» de langue anglaise (The Family de Luc Besson, champion l'an dernier) que de films dans lesquels la langue de Molière est valorisée.

Pour ce qui est du Québec, la situation est paradoxale. Alors que la plupart des séances du festival Cinemania de Montréal - consacré principalement au cinéma français - affichent complet ou presque, la part de marché des films venus de l'Hexagone rétrécit comme peau de chagrin (un maigre 3,3% en 2013).

Certains distributeurs ont aussi du mal à jongler avec les titres français de leur catalogue, car ils ne veulent pas «nuire» à leurs films québécois en les programmant en même temps. Dans l'esprit des spectateurs nord-américains, le cinéma français est aussi souvent associé à des films d'auteur plus pointus.

«Sans faire table rase de notre passé, il faut quand même faire valoir la diversité de nos films, indique Jean-Paul Salomé. À l'époque de la Nouvelle Vague, des auteurs comme Truffaut, Godard et Chabrol attiraient de nombreux spectateurs dans le monde entier. Certains réflexes sont difficiles à défaire. Il faut trouver un équilibre.»