Le film Betty & Coretta, réalisé par Yves Simoneau et portant sur l'histoire des veuves de Martin Luther King et Malcolm X, a été accueilli par des commentaires mitigés par des médias américains et franchement mauvais par des membres des deux familles concernées.

Mais, à l'opposé, les cotes d'écoute du film ont été si fortes à la première présentation que celui-ci sera de nouveau présenté samedi soir sur les ondes Lifetime.

Mettant en vedette Angela Bassett, Ruby Dee, Malik Yoba, Gloria Reuben et Mary J. Blige (qui participe à la production), le film raconte l'histoire d'amitié entre Coretta Scott King (Bassett) et Betty Shabazz (Blige), veuves des deux leaders afro-américains.

Dans la foulée d'une première diffusion sur Lifetime le samedi 2 février, certains médias ont donné de mauvaises notes au film. Pis encore, les filles des deux femmes ont dénoncé l'oeuvre avec virulence.

«Les familles King et Shabazz sont livides», titre le journal St. Louis American. Ce média reprend une entrevue accordée par Ilyasah Shabazz au Washington Post dans laquelle elle déclare: «Ma mère n'était pas une femme faible, timide et anxieuse telle que présentée.» D'autres médias, dont whogottherole.com, ont aussi fait mention de ces paroles.

Or, disons-le, le texte du Washington Post est plus nuancé. L'auteur de l'article estime que la dramatique est bien menée. «Pour la plupart des spectateurs, le film sera bien reçu. Mais d'autres, qui croient que l'on doit coller à l'histoire de personnages célèbres, y verront des problèmes. C'est le cas chez les membres de la famille», lit-on.

Même sans cette controverse familiale, le film suscite des réserves. Ainsi, Variety indique que si les deux principales comédiennes jouent très bien, le film est plus épisodique que cohérent. Le fait qu'on ait employé la comédienne Ruby Dee comme un «témoin» narratif des événements dilue l'impact dramatique, croit-on.

Dans le Orange County Register, on affirme que le film saute d'un événement historique à un autre sans faire de lien.

Simoneau réplique

Invité à faire un commentaire, Yves Simoneau réplique que la réaction du public a été excellente.

«J'ai suivi en direct les commentaires sur Twitter quand le film a été diffusé samedi et c'est un tout autre son de cloche que j'ai eu, dit-il dans un long courriel envoyé à La Presse. Le lien #bettyandcoretta reflétait le grand intérêt généré par le film (et) 95% des commentaires que j'ai pu lire étaient favorables.»

Comme pour appuyer les dires du réalisateur, whogottherole.com rapportait jeudi que le film avait attiré une cote d'écoute de 2 millions de téléspectateurs sur Lifetime, qui avait décidé de le rediffuser samedi [demain] soir.

M. Simoneau reconnaît que les deux familles n'ont pas aimé le film, qu'elles ont vu avant sa télédiffusion. Il affirme que chez les Shabazz, on s'est enfargé dans les détails, une observation que relève aussi le Washington Post.

Les médias ont également rapporté la colère de la famille de Martin Luther King, selon laquelle le film aborde le délicat sujet de ses infidélités. Là-dessus, Simoneau répond: «Du côté des King, le fait que l'on fasse référence aux infidélités de MLK a instantanément disqualifié le film. Pour eux - et ce, depuis toujours -, ces révélations sont une fabrication du FBI (on y fait aussi référence dans le film).»

Betty & Coretta a été tourné en 18 jours l'automne dernier à Montréal. «Le film est loin d'être parfait, mais il est honnête et présente les faits tels qu'on les connaît à ce jour», ajoute M. Simoneau, qui considère l'«opération réussie».