Invitée comme chaque année à inaugurer cette semaine québécoise, la marraine de la manifestation, Carole Laure, a tiré le signal d'alarme.

«On redoute des coupes. On a peur. Si on commence à couper partout, c'est inquiétant. Battons nous tous pour garder le financement de notre cinéma», a lancé la comédienne et réalisatrice.

Le patron d'ITEM 7, Pierre Even, le producteur de Rebelle, qui ouvrait ce «festival», a renchéri. Évoquant le sentiment d'«insécurité» qui règne en matière de financement de la culture, il a souligné, devant les 500 spectateurs réunis au Forum des images, l'importance du rôle de l'État dans le rayonnement international des oeuvres québécoises.

«Une institution comme la Sodec, c'est important de la préserver parce que le cinéma québécois est encore fragile. C'est un cinéma dont les ailes commencent à se déployer. On ne veut surtout pas lui couper les ailes en plein envol», a dit M. Even, producteur respecté de films comme C.R.A.Z.Y. et Café de Flore.

Assis aux premiers rangs, le ministre de la Culture, Maka Kotto, a écouté les inquiétudes exprimées par Carole Laure et Pierre Even. Mais il a lu son discours sans aborder les perspectives budgétaires ni chercher à rassurer le milieu du cinéma.

Ces inquiétudes contrastent avec les performances du cinéma québécois en France. Cette année, sept films auront pris l'affiche dans les salles françaises, dont Starbuck, qui a connu un beau succès avec plus de 460 000 entrées.

La prochaine sortie sera celle de Rebelle, de Kim Nguyen. Distribué par Happiness, l'heureux distributeur d'Incendies de Denis Villeneuve, le film prend l'affiche le 28 novembre dans une cinquantaine de salles.

Les choses s'annoncent plutôt bien si on se fie à la réaction du public lors de la projection de mardi soir, devant une salle comble. Pour de nombreux spectateurs, le film a été un choc. «La première fois, on est happé par la violence, la deuxième fois par la poésie des choses», résumait l'un d'eux qui le voyait pour la seconde fois.

Débarqué le matin même de Los Angeles (son film est dans la course aux Oscar), Kim Nguyen s'est réjoui de cet accueil.

«Je sens qu'il y a quelque chose autour du film, un truc de solidarité. J'ai l'impression que les gens vont se dire qu'il faut voir ce film», a dit le réalisateur.

L'édition 2012 de Cinéma du Québec propose 13 longs-métrages de fiction, notamment Tout ce que tu possèdes de Bernard Émond, Omertà de Luc Dionne, Camion de Rafaël Ouellet, L'affaire Dumont de Podz (Daniel Grou) et Ésimésac, de Luc Picard, sur un scénario de Fred Pellerin.

La programmation comprend aussi deux documentaires et neuf courts métrages. Différentes activités sont organisées en marge des projections, comme des ateliers autour de la musique de film et des adaptations littéraires.