Est-ce un hasard? Les deux premiers longs métrages présentés dans le cadre de la compétition mondiale du FFM abordent de front des thèmes religieux. Deviendront-ils récurrents dans la sélection cette année? Cela reste à voir. Certains cinéastes y voient en tout cas un beau moyen de traiter de problématiques bien contemporaines, parfois à travers des chapitres précis de l'histoire de l'humanité.

«Il faut apprendre de l'histoire, a déclaré Jon Voight hier en conférence de presse. Toutes les religions qui ont du sang sur les mains ont le devoir de revisiter leur histoire. Essayons de ne pas répéter les mêmes erreurs.»

L'acteur, à qui le FFM rend hommage cette année, est l'une des têtes d'affiche de September Dawn, qui relate un épisode sanglant de l'histoire des mormons au milieu du XIXe siècle. Écrit et réalisé par Christopher Cain (Young Guns, Pure Country), ce drame a évidemment suscité sa part de controverse chez nos voisins du Sud.

Le récit s'attarde en effet à décrire le massacre d'«infidèles» par des fondamentalistes en 1857 dans les montagnes de l'Utah, un territoire mormon. Des familles entières, qui voyageaient en convoi afin de gagner la Californie, furent sauvagement assassinées par des illuminés qui n'avaient que le mot «diable» à la bouche, convaincus d'honorer ainsi la volonté divine.

Inspiré par des faits réels, September Dawn est toutefois très - trop - romancé. Les créateurs ont en effet senti le besoin d'intégrer au récit une histoire d'amour à la Roméo et Juliette pour cimenter leur propos. Or, cette distraction romanesque nous détourne justement des vrais enjeux.

Aussi la démonstration se révèle-t-elle très appuyée. Manichéen dans sa forme, September Dawn n'évite pas non plus les clichés, pas plus que les pièges du sentimentalisme (trame musicale aussi insistante qu'insupportable de William Ross).

Cela dit, les artisans ont quand même le mérite d'avoir levé le voile sur un chapitre méconnu de l'histoire des États-Unis. Soulignons aussi le souci d'authenticité à propos des faits, tirés des confessions écrites de l'un des responsables du massacre, le seul inculpé dans cette sombre histoire.

Avec un sujet aussi important, l'intrusion de la religion dans l'exercice du pouvoir politique, nous attendions cependant une réflexion plus poussée. D'autant plus qu'il est grand temps que nous débattions de ces questions par les temps qui courent

Parcours de sainte

L'auteur cinéaste Ray Loriga, qui a fait sa marque en Espagne en tant que romancier (il a notamment scénarisé des films avec Pedro Almodovar et Carlos Saura), s'est de son côté intéressé à l'histoire de Thérèse d'Avila. Dans Teresa : El Cuerpo de Cristo, son second long métrage, il dresse ainsi le portrait d'une jeune femme mystique qui, au XVIe siècle, refuse le rôle traditionnel réservé aux femmes en Espagne. Dans une époque aussi marquée par le fondamentalisme (c'est l'Inquisition), le parcours de Teresa de Cepeda y Ahumada est notamment défini par une recherche du dépouillement absolu. Son approche est pourtant considérée comme subversive au couvent où elle est entrée.

La démarche qu'emprunte ici Loriga n'est pas sans rappeler au départ celle d'Alain Cavalier, créateur du sublime Thérèse. Si le cinéaste espagnol parvient à traduire assez bien la quête mystique du personnage, le récit se perd toutefois dans les dédales de la biographie plus classique. Parsemé d'images somptueuses, le film bénéficie par ailleurs de la présence lumineuse de Paz Vega.

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September Dawn de Christopher Cain. Aujourd'hui à 14h au cinéma Impérial.

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Teresa : El Cuerpo de Cristo (Teresa) de Ray Loriga. Aujourd'hui à 16h30 au cinéma Impérial.