Le Festival international du film de Toronto (FIFT) est devenu un incontournable sur la planète cinéma. À compter d’aujourd’hui, et pour les 10 prochains jours, 349 films en provenance de 55 pays défileront sur les écrans du plus gros événement cinématographique d’Amérique. Small is beautiful ? Pas à Toronto.

À la différence de Cannes, de Venise et de Berlin, le FIFT n’est pas un festival compétitif. Il décerne seulement quelques prix, dont ceux du public et de la critique. L’an passé, le Festival a enregistré plus de 340 000 entrées, preuve de son immense popularité.

Après 32 ans d’existence, le FIFT est plus que jamais considéré comme une rampe de lancement des grosses productions américaines de l’automne, celles qui possèdent les plus grandes chances de se retrouver aux Oscars. Pour les studios, Toronto est ainsi devenu un laboratoire pour tester l’accueil réservé à leurs films les plus prometteurs.

Dans les circonstances, les vedettes sont nombreuses à se déplacer pour soutenir leurs films. Cette année, elles s’appellent George Clooney, Brad Pitt, Cate Blanchett, Jodie Foster, Reese Witherspoon, Jake Gyllenhaal, Viggo Mortensen, Clive Owen, Sean Penn, Charlize Theron, Tommy Lee Jones, Jude Law, Colin Farrell, Ewan McGregor, Joaquin Phoenix, Naomi Watts...

Liste impressionnante

Le catalogue de films du FIFT est impressionnant. Quelques grosses pointures se détachent du lot. Neuf ans après Elizabeth, les festivaliers pourront découvrir en exclusivité Elizabeth: The Golden Age, encore une fois mis en scène par Shekhar Kapur et interprété par Cate Blanchett. Le prolifique Woody Allen viendra présenter son film annuel, Cassandra’s Dream. Le scénariste de la trilogie Jason Bourne, Tony Gilroy, fera ses débuts derrière la caméra avec Michael Clayton, où George Clooney joue un réputé avocat pris dans la tourmente. Après Une histoire de violence, le réalisateur canadien David Cronenberg retrouve Viggo Mortensen pour Eastern Promises. Un autre Canadien, le réalisateur et scénariste Paul Haggis (Crash), met en scène Tommy Lee Jones, Susan Sarandon et Charlize Theron dans In the Valley of Elah.

Le FIFT aura également droit à la première de Closing the Ring, de Richard Attenborough, avec Shirley MacLaine et Christopher Plummer; Sleuth, de Kenneth Branagh, avec Michael Caine et Jude Law ; The Walker, de Paul Schrader, avec Woody Harrelson et Kristin Scott Thomas; Redacted, de Brian de Palma; et Before the Devil Knows You’re Dead, de Sidney Lumet.


 Des maîtres européens

Si Toronto craque pour Hollywood, le Festival exerce aussi un fort pouvoir d’attraction sur les autres pays. Le réalisateur de Tous les matins du monde, le vétéran Alain Corneau y présentera Le Deuxième Souffle, un thriller mettant en vedette Daniel Auteuil, Monica Bellucci, Michel Blanc et Jacques Dutronc.

De grands réalisateurs du septième art européen sont à l’honneur cette année : Claude Chabrol (La Fille coupée en deux), Eric Rohmer (Les Amours d’Astrée et de Céladon), Jacques Rivette (Ne touchez pas la hache), Carlos Saura (Fados), Ken Loach (It’s a Free World...), Volker Schlöndorff (Ulzhan) et Ermanno Olmi (One Hundred Nails).

Comme c’est la coutume, Toronto a réussi à mettre la main sur quelques valeurs sûres du Festival de Cannes, dont le lauréat de la Palme d’or, Trois mois, deux semaines et un jour, du Roumain Christian Mungiu, et Le Scaphandre et le Papillon, gagnant de la meilleure mise en scène.

La programmation du FIFT joue aussi la carte politique. Dans Captain Mike Across America, le controversé Michael Moore décrit sa tournée d’une soixantaine de villes américaines, en 2004, pour inciter les jeunes à voter aux élections présidentielles. Le réalisateur Jonathan Demme témoigne dans Man from Plains des missions humanitaires de l’ex-président Jimmy Carter et de sa femme Rosalynn, invités prestigieux du Festival. La situation au Darfour est au cœur du documentaire Darfour Now. L’acteur et activiste Don Cheadle (Hotel Rwanda) viendra à Toronto pour parler de la situation précaire de ce pays d’Afrique.

Comme on peut le constater, le menu est chargé. Chaque jour, jusqu’au 15 septembre, Le Soleil effectuera un survol de ce qui se passe dans ce festival gargantuesque. Et si le don d’ubiquité existe, faites-le-nous le savoir...

Lumière sur L’Âge des ténèbres

Après sa première mondiale au Festival de Cannes, L’Âge des ténèbres, de Denys Arcand, connaîtra son baptême nord-américain à Toronto, dans une soirée gala, le 13 septembre.

Arcand ne sera pas le seul porte-étendard québécois. Après sa présentation au Festival de Venise, la semaine dernière, le premier long métrage de Stéphane Lafleur, Continental, un film sans fusil, pourra être également vu pour la première fois par le public canadien. Cette comédie dramatique met en vedette Marie-Ginette Guay, Gilbert Sicotte, Réal Bossé, Fanny Mallette et Pauline Martin.

Le réalisateur du Violon rouge, François Girard, présentera en première mondiale son adaptation du roman d’Alessandro Baricco, Soie (Silk). Les festivaliers pourront aussi découvrir Roy Dupuis incarnant le lieutenant-général Roméo Dallaire coincé dans l’enfer rwandais, dans J’ai serré la main du diable (Shake Hands with the Devil), de l’Américain Roger Spottiswoode.

La délégation québécoise dans la Ville reine est complétée par trois films à l’affiche en salles ou projetés au Festival des 3 Amériques de Québec : Contre toute espérance, de Bernard Émond, Nos vies privées, de Denis Côté, et Le Cèdre penché, de Rafaël Ouellet.

Par ailleurs, l’un des patriarches du cinéma québécois, Michel Brault, est l’invité d’honneur de la section Rétrospective canadienne. On profitera de l’occasion pour projeter neuf des films où il a agi à titre de réalisateur ou de directeur photo (Les Ordres, Les Bons Débarras, Pour la suite du monde...).