Les festivals sont toujours l'occasion de découvrir de petits bijoux de films, sortis de nulle part, qui font aimer la vie. Caramel, premier long métrage de la réalisatrice libanaise Nadine Labaki, en est un, et un très bon.

Caramel n'est pas l'histoire du secret de la célèbre friandise. Le récit ne se déroule pas non plus dans une confiserie, mais plutôt dans un... salon de beauté de Beyrouth. Là-bas, les femmes se font épiler les jambes avec du caramel, à défaut d'avoir de la cire chaude sous la main. C'est d'autant plus pratique qu'on peut en manger, à condition de le faire avant de procéder à l'opération, bien entendu, sinon, les poils...

Toujours est-il que Caramel n'est pas un documentaire libanais sur l'art de s'épiler, mais plutôt un portrait de quatre femmes, toutes employées de ce salon de beauté, qui cherchent à trouver leur destin amoureux dans une culture coincée entre modernité et tradition.

Une première (superbe Labaki) voit en cachette un homme marié, et bonsoir les soirées à attendre son coup de fil. Une seconde, sur le point de se marier, avoue à ses copines qu'elle n'est plus vierge. La troisième, une aspirante actrice au mitan de l'âge, est coincée dans la tyrannie de l'image. Une quatrième, qui préfère les femmes, est toujours contente de voir arriver au salon une superbe créature pour qui elle en pince.

À son premier long métrage, Nadine Labaki fait preuve d'un talent indéniable. Son film n'est ni trop sucré, ni trop amer. Il est tout simplement divin. On sort de la projection, le coeur léger, ravi d'avoir découvert une réalisatrice qui sait y faire dans l'art de faire aimer le caramel, épilatoire ou non, mais surtout le cinéma.

 

Un Chabrol réussi

 

L'un des apôtres de la Nouvelle Vague, le bon vieux Claude Chabrol, persiste et signe, malgré ses 77 ans bien sonnés. Avec La Fille coupée en deux, il continue avec brio son exploration des moeurs bourgeoises françaises. Que ceux qui l'aiment le suivent.

On devinera que La Fille coupée en deux est un titre métaphorique, le cas échéant, on parlerait de deux moyens métrages, beaucoup plus difficiles à vendre sur le marché. Cette fille qui a un morceau à hue et l'autre à dia, s'appelle Gabrielle Deneige (Ludivine Sagnier). Avec un nom pareil, on se dit qu'elle pourrait faire la météo, et c'est ce qu'elle fait, à la télé.

La jeune femme tombera amoureuse d'un écrivain sexagénaire (François Berléand) qui aime citer du Jules Renard et fréquenter les partouzes. Cette liaison mettra en émoi un jeune millionnaire fendant et plutôt instable (Benoît Magimel) qui poursuit la belle enfant de ses ardeurs. Il y aura tragédie vers la fin, et la jeune fille, partagée entre un amour de raison et un amour de coeur, se fera couper en deux, toujours sous le sceau de la métaphore, bien sûr, sinon ce serait du grand-guignol à la Halloween qui attendrait le spectateur.

Un Chabrol raffiné, aux dialogues toujours aussi caustiques, qui ne se coupe pas les cheveux en quatre pour garder ses fans au bercail.