Après un dimanche glamour avec Richard Gere à l'honneur, le Festival de San Sebastian s'est plongé lundi dans les drames de rescapés du camp d'internement de Drancy en France et d'une ex-starlette argentine qui se rêve toujours en Lolita malgré son âge.

«Les Français ont un problème pour évoquer certaines choses. Ils doivent se confronter à leur passé», a commenté le Franco-Canadien Paolo Barzman en présentant Emotional Arithmetic, sur les retrouvailles de trois anciens détenus de Drancy, anti-chambre près de Paris des camps de la mort nazis.

Le film évoque la destinée de deux enfants, Mélanie (Susan Sarandon) et David (Christopher Plummer), internés en 1945 à Drancy où un jeune juif, Jakob Bronsky (Max Von Sydow), les a pris sous son aile.

De longues années plus tard, Melanie découvre que Jakob n'est pas mort à Auschwitz, comme elle le croyait, et vit toujours. Elle l'invite à la rejoindre vivre avec elle au Canada. À sa surprise, Jakob arrive avec Christopher. Le passé douloureux ressurgit.

«C'est un film sur comment coexister avec quelqu'un qui porte en lui toute cette douleur d'avoir vécu l'expérience d'un camp de concentration», a expliqué Paolo Barzman qui, après avoir étudié en France et débuté comme assistant de Jean Renoir, s'est installé au Canada où il a surtout travaillé pour la télévision.

«On ne peut vivre toute sa vie avec cette horreur en tête, mais il est en même temps évident que la mémoire fait partie de notre présent», a ajouté le réalisateur, dont le film a reçu un accueil mitigé parmi les critiques et le public.

Autre long métrage en compétition présenté lundi, Encarnacion, de la réalisatrice argentine Anahi Berneri, offre une réflexion sur le passage du temps au féminin.

Le film met en miroir deux femmes, Erni, ancien sex-symbol de séries B et de la télévision argentine, qui refuse l'âge et l'oubli, et sa nièce de 15 ans, Ana, une Lolita qui la prend pour modèle et veut devenir femme au plus vite.

Deux longs métrages en compétition pour le Coquillage d'Or seront présentés mercredi, le film espagnol Siete mesas de billar francés de Gracia Querejeta et Exodus du réalisateur hong-kongais Pang Ho-Cheung.

(AFP)