«Babine va devenir aussi populaire que le Père Noël!» s'exclame Michel Brodeur, le fils de Toussaint Brodeur et Jeannette Brodeur, deux personnages bien connus des lecteurs de Fred Pellerin. À Saint-Élie-de-Caxton, on se prépare au nouveau coup magique de l'enfant prodige du pays. Après Il faut prendre le taureau par les contes, voici le film: Babine.

Pour présenter le tournage prochain de Babine, le conteur Fred Pellerin avait rameuté journalistes et comédiens sur le parvis de l'église de Saint-Élie-de-Caxton, un petit village niché dans les collines, à 90 minutes de Montréal.

Sur la place de l'église, les villageois s'étaient réunis pour voir les journalistes, les comédiens et entendre Fred Pellerin parler de Babine. L'édile a même fait sonner les cloches par Luc Picard, le réalisateur de Babine, et Fred Pellerin, le conteur par qui les histoires de Saint-Élie passent à la postérité.

Pourtant, le tournage du film, prévu du 28 octobre au 14 décembre, n'aura pas lieu à Saint-Élie, mais en studio, à Montréal. «J'ai tiré jusqu'au bout», assure Fred Pellerin. Mais voilà: avec un budget de 6,6 millions, difficile de tourner en lieu réel un film féerique, d'époque, étalé sur plusieurs saisons.

«Je rêvais d'un petit village de conte de fée. Je rêvais d'un village où les maisons sont davantage imbriquées dans la montagne, plus serrées les unes sur les autres. Comme c'est un conte, je veux que quand il doit neiger, on ait de la belle neige», explique Luc Picard, réalisateur et comédien dans Babine, la version cinéma d'Il faut prendre le taureau par les contes.

Depuis huit semaines, Luc Picard et Fred Pellerin travaillent sur un scénario, qui fondrait les contes de Fred Pellerin en une seule et même histoire, nouée autour de Babine, le «pas fin» du village. Pour Luc, il s'agit de trouver des moyens techniques pour mettre en image l'imaginaire riche et sans limites du conteur.

«Lui, il ne s'autocensure pas à cause du côté technique. Il flye, dit Luc Picard. Fred n'a pas de problème à mettre des chats qui marchent à l'envers dans ses contes, mais ça, ça ne marche pas pour le cinéma.» On trouve néanmoins une touche des «filles de Caleb sur l'acide» dans le scénario de Babine, dit Picard.

Dans Babine, tout commence un soir d'orage, quand celle que l'on appelle la sorcière (Isabel Richer) met au monde un fils (Babine), accompagnée de Madame Gélinas (Marie Brassard) et de Toussaint Brodeur (Luc Picard).

Simple d'esprit, mais généreux comme pas deux, Babine grandit en étant accusé de tous les maux du village. Quand le Vieux Curé (Julien Poulin) meurt dans l'incendie de l'Église, c'est, bien sûr, la faute à Babine!

Le nouveau curé, le Curé Neuf (Alexis Martin), voudra condamner Babine (Vincent-Guillaume Otis) à mort. Toussaint s'y opposera...

La réalité derrière la fiction

«C'est un très beau village. C'est un beau coin, et quand tu connais ce que Fred a écrit, tu te rends compte que tout est là, que tout est vrai», s'enthousiasme Luc Picard, venu pour la première fois cet été à Saint-Élie, chez Fred Pellerin.

Autour de la tombe de ses parents, Michel Brodeur raconte, un brin touché, le bonheur et la fébrilité des habitants de voir leurs histoires transposées au grand écran, et de voir Saint-Élie se transformer, pour un jour de tournage et un soir de première, en cité du cinéma.

«C'est merveilleux, je ne me retiens plus. Il y a tellement de bonheur, on se demande ici pourquoi ça nous arrive, dit-il. Chaque village a ses histoires, ses anecdotes, sauf qu'il manque l'élément qui cristallise le tout. Et cet élément, c'est Fred.»

Pour Fred Pellerin, impossible de faire un film qui trahirait l'esprit ou l'histoire du village. Les habitants se font consultants au scénario, figurants et sont tenus au courant de toutes les étapes de la pré-production. «Tout ce que j'ai fait, c'est m'impliquer dans le village. J'espère que les retombées vont être des retombées de fierté, d'esprit de groupe et de collectivité, dit le conteur. Ce que j'espère aussi, c'est que le film va suggérer encore et qu'il ne sera pas aliénant.»

La sortie du long métrage n'est pas encore fixée, mais au village, on rêve déjà du soir de la première, qui devrait avoir lieu à l'église, en plein coeur de Saint-Élie. Apparemment, le président d'Alliance Vivafilm, Patrick Roy, a déjà donné son feu vert.