«Pas de cul, pas de fric!» Cette très peu finaude réplique, c'est au personnage de Christian Clavier dans Le prix à payer qu'on la doit. Dans cette comédie plus amère que douce, Clavier joue Jean-Pierre Ménard, un quidam en quête d'affection. Sa femme lui refuse ses faveurs? Il coupe dans le budget shopping.

Le prix à payer c'est, dit Christian Clavier, «un ton très acerbe. Très original. Alexandra Leclère ose défouler tous les sentiments». La réalisatrice avait fait une entrée remarquée avec une comédie plutôt réussie, Les soeurs fâchées, un face-à-face doux et violent entre Isabelle Huppert et Catherine Frot.

Dans Le prix à payer, elle s'intéresse à un duo masculin: un riche industriel (Clavier) et son chauffeur, Richard (Gérard Lanvin). Ils vivent dans deux réalités sociales différentes, mais cela ne les empêche pas de se heurter aux mêmes soucis, la froideur de leurs conjointes. Mme Ménard (Nathalie Baye) dévalise les boutiques de luxe tandis que Caroline (Géraldine Pailhas) essaie d'écrire son premier livre.

«Il y a une différence sociale dans le film. C'est pour montrer que le même problème peut arriver chez les gens aisés comme chez les autres. Chez Jean-Pierre, le couple s'est usé. Il essaie de rallumer la flamme, mais il le fait de façon maladroite, en suivant les conseils machos de son chauffeur. Il donne de l'argent à sa femme en échange de faveur. C'est une expression violente et bizarre», estime Christian Clavier.

Dans le film, le chantage «pas de cul, pas de fric» donne lieu à toutes sortes de conséquences, plus ou moins violentes, plus ou moins humiliantes. On verra ainsi Ménard-Clavier jeter au visage de sa femme le contenu de sa canette de bière lors d'un dîner entre les couples qui vire au règlement de comptes. Les problèmes des Ménard, croit Christian Clavier, «sont des choses qui arrivent à tout le monde».

Lors de sa sortie en France, Le prix à payer avait fait grincer quelques dents en raison de son contenu très âpre. Mal perçu, pas de cul, pas de fric? «Mal perçu, je ne sais pas par qui. C'est choquant, voilà», rétorque Clavier. On lui demande de développer, et il répond: «Je vous le dis, c'est choquant. Le fait d'utiliser les rapports entre le sexe et l'argent, ça existe tout le temps.»

Grand habitué des comédies, Christian Clavier, que l'on a pu voir entres autres en fripouille moyenâgeuse (Les visiteurs), en radin insupportable (La soif de l'or), en médecin vaniteux devenu chirurgien esthétique (Les bronzés) ou en gaulois hilare (Astérix et Obélix) l'avoue: il est enclin à aller vers des personnages à défauts.

«Je trouve ça passionnant à jouer, les comédies, et des personnages avec leurs côtés noirs. Ce n'est pas pesant, car c'est de la comédie», estime-t-il. Christian Clavier reprend d'ailleurs le rôle de Michel Serrault dans Le malade imaginaire et s'offre son premier Molière: «C'est très passionnant, il emmerde tout son entourage avec ses maladies», dit-il.

Pour la suite, Christian Clavier planche sur un nouveau film qui le refera travailler avec de vieux amis. «Je travaille là-dessus», dit-il, elliptique. Que faut-il souhaiter après plus de 30 ans de carrière? «J'ai eu la chance d'avoir des aventures merveilleuses, d'avoir des gros succès. J'aimerais que ça se poursuive le plus longtemps possible», répond-il.