Les scénaristes de cinéma et de télévision américains ont entamé lundi une grève illimitée qui risque de paralyser des pans entiers de l'industrie du divertissement aux États-Unis.

À New York comme à Hollywood, les grévistes se sont déployés lundi matin en piquets de grève à l'entrée des grands studios et des centres de production audiovisuelle.

Ils réclament notamment une augmentation de leurs droits d'auteur quand leur oeuvre est diffusée sur de nouveaux supports numériques. Ils souhaitent aussi l'extension des avantages sociaux aux programmes de téléréalité.

Des négociations de dernière minute dimanche à Los Angeles n'ont pas abouti. L'arrêt de travail a commencé après minuit, les auteurs de New York étant les premiers à se mettre en grève du fait des différents fuseaux horaires aux États-Unis.

Plusieurs dizaines d'adhérents de la WGA ont tenu un piquet de grève devant les studios de la chaîne NBC à New York. À Los Angeles, pas moins de 15 piquets se sont déployés, entre autres devant les studios CBS, Disney, Paramount, Universal et Warner Bros.

La grève, une première en près de 20 ans, intervient à l'issue de plus de trois mois de négociations infructueuses, tandis que les contrats arrivaient à expiration jeudi. Quelque 12 000 scénaristes affiliés à la WGA sont tenus par le mot d'ordre.

Leurs revendications ont été rejetées par le puissant syndicat des producteurs (Alliance of Motion Picture and Television Producers, AMPTP), qui a expliqué que les programmes diffusés sur l'Internet n'étaient pas encore rentables.

Tony Gilroy, scénariste de La mémoire dans la peau avec Matt Damon et de Michael Clayton avec George Clooney, a qualifié la grève de «cruciale».

Mais il s'est dit plutôt pessimiste sur l'aboutissement des négociations. «Nous luttons contre huit corporations géantes des médias. Ce sont des adversaires vraiment redoutables», a-t-il déclaré à l'AFP à New York.

«Nous ne sommes pas heureux d'être en grève», a affirmé à l'AFP Thomas Lennon, co-auteur du scénario de la récente comédie à succès avec Ben Stiller Une nuit au musée, et qui manifestait lundi matin devant les studios Gower près de Sunset Boulevard à Hollywood.

«Mais en même temps, nous voulons un contrat juste. L'AMPTP a entamé les négociations en rejetant en gros tout ce que nous demandions (...) On aurait presque dit qu'ils voulaient nous pousser à agir», a-t-il dit.

Selon des analystes, le blocage pourrait durer plusieurs mois et les pertes se chiffrer à plus d'un milliard de dollars. Les premières victimes ont été les célèbres «talk-shows» de soirée de David Letterman et de Jay Leno, dont les répliques sont écrites au jour le jour. Ces deux émissions devaient avoir recours à des rediffusions dès lundi.

Cela n'a pas empêché M. Leno de manifester son soutien aux grévistes en leur apportant des beignets à l'extérieur des studios NBC de Burbank, au nord de Los Angeles. «Je travaille avec ces gens depuis 20 ans et sans eux, je ne suis pas drôle», a expliqué l'animateur au Los Angeles Times.

Ni les téléfilms, ni les séries, ni les films hollywoodiens ne seraient en revanche affectés dans l'immédiat, les producteurs ayant emmagasiné des dizaines de scénarios en prévision du conflit.

Mais la précédente grève avait duré 22 semaines et dans ce cas, ce seraient des pans entiers de l'industrie du divertissement qui se retrouveraient paralysés, faute de contenu. L'onde de choc pourrait se propager à tous les secteurs d'activité gravitant autour du cinéma, des techniciens de plateau aux chauffeurs de limousines.