Avant d'écrire Stranger Than Fiction, Zach Helm avait tracé les grandes lignes de Mr. Magorium's Wonder Emporium. L'histoire d'un très vieux monsieur qui possédait le plus magique des magasins de jouets. Visite guidée.

Quand il était étudiant à l'université, Zach Helm travaillait à temps partiel dans un magasin de jouets. Une petite boutique où l'éclectisme était mis de l'avant dans un fouillis accueillant. Et inspirant. À preuve, par une journée pluvieuse, alors que les clients brillaient par leur absence, le jeune employé s'est mis à écrire dans son journal. Une histoire se déroulant dans un environnement semblable à celui où il se trouvait.

L'histoire a dormi des années entre les pages du cahier, alors que l'étudiant devenait scénariste et signait le formidable Stranger Than Fiction, réalisé par Marc Forster. Et puis, elle a demandé à sortir. «En fait, Mr. Magorium's Wonder Emporium est le premier scénario que j'ai écrit... mais le deuxième a trouvé preneur avant», indiquait Zach Helm lors d'une rencontre de presse tenue à New York plus tôt cette semaine.

Ce premier scénario, il avait maintenant l'expérience pour non seulement le peaufiner mais le porter lui-même à l'écran... et pour aborder les acteurs qu'il imaginait dans les rôles principaux. Il devait trouver un comédien d'âge mûr pour interpréter Mr. Magorium, un homme de 243 ans (!) qui est propriétaire d'un magasin de jouets magique depuis la bagatelle de 114 ans. Bref, il est temps pour lui de quitter la scène, de placer quelqu'un d'autre à la tête de la boutique. La personne idéale, à ses yeux, est Molly Mahoney. Elle travaille avec lui. Enfant, elle a été une pianiste prodige. Mais, à cause d'un échec, elle souffre maintenant d'une insécurité maladive.

«Je connaissais Dustin Hoffman, puisqu'il a joué dans Stranger Than Fiction. Je lui ai offert le rôle de Mr. Magorium, et il a accepté», raconte Zach Helm, qui n'en revient toujours pas de ne même pas avoir eu à convaincre le vétéran acteur de se joindre à l'aventure. Elle le tentait. L'amusait aussi. «Parce que nous nous sommes entendus immédiatement sur une chose: on ne joue pas un homme de 243 ans en enterrant le comédien sous les prothèses faciales et en lui faisant prendre une voix tremblotante. Ça distrait l'acteur, et plus tard le spectateur, du véritable propos», a affirmé le comédien qui, pour se glisser dans la peau de Mr. Magorium, a plutôt choisi d'aller se promener dans des cimetières.

Un petit sourire suit cette affirmation. Il plaisante. «En réalité, nous avons décidé de présenter un personnage qui croit avoir 243 ans. Peut-être qu'il les a vraiment, peut-être pas. L'important, c'est que lui en est à ce point convaincu qu'il parvient à convaincre ceux qui l'entourent... et, idéalement, le public», poursuit-il. Et parmi ceux qui le croient, la jeune Molly Mahoney, incarnée par Natalie Portman.

«Je la voyais tellement dans ce personnage! s'exclame Zach Helm. Je lui ai donc envoyé le scénario dans une jolie boîte entourée d'un ruban et accompagnée de jouets, en la suppliant de lire mon texte.»

«Sa lettre était si belle et si gentille que je me suis précipitée sur le scénario... Surtout que j'avais beaucoup aimé celui de Stranger Than Fiction, fait pour sa part la comédienne. Je me suis vite attachée à Molly, qui n'a pas le courage de s'affirmer, qui a peur d'avancer dans la vie... et de devenir vraiment adulte. Il y a, là-dedans, des choses dans lesquelles je me reconnais.»

Elle a aussi été touchée, comme Dustin Hoffman, par les messages véhiculés par ce film qui, au départ, est aussi coloré qu'une boîte de bonbons et léger qu'une fête. Mais il est aussi question de la mort, dans cette histoire pour enfants. Et de l'enfance, qui peut (doit?) ne jamais nous quitter tout à fait. «Mr. Magorium parle de la magie qu'il y a en toute chose, une magie à laquelle on est sensible quand on est enfant mais que l'on oublie quand on devient adulte parce qu'on tient tant de choses pour acquises», affirme Natalie Portman.

Un problème que ne connaît pas (trop) Dustin Hoffman: «Vous êtes un enfant tant que vous croyez en être un. Pour ma part, que ça me plaise ou pas, je suis condamné à ne pas être un grand», rigole l'acteur de petite taille, une étincelle malicieuse dans le regard. Celle-là, exactement, qui brille dans les yeux de M. Magorium.