«C’est la victoire du cerveau et de l’imagination sur le corps. C’est un hymne à la vie, un film qui donne envie de vivre.»

Dire qu’Emmanuelle Seigner a aimé jouer dans Le scaphandre et le papillon est un euphémisme. Rencontrée par Le Soleil, en septembre, à l’occasion du Festival international du film de Toronto, où le film de Julian Schnabel était présenté en première nord-américaine, après un passage remarqué à Cannes, l’actrice française chérissait son bonheur d’avoir fait partie de cette aventure cinématographique hors de l’ordinaire.

«Je savais que ce n’était pas un scénario facile à écrire, mais Julian a montré qu’il pouvait faire quelque chose de lyrique et de poétique, grâce à ses talents visuels de peintre. Ce n’est pas du tout un film dépressif et très lourd. Ça donne envie de vivre.»

Le scaphandre et le papillon (à l’affiche le 25 décembre) est l’adaptation du roman éponyme de Jean-Dominique Bauby, un journaliste français victime, en décembre 1995, du locked-in syndrom, à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Incapable de parler, mais doté de toute sa raison, le patient est comme enfermé à l’intérieur de
lui-même.

Grâce à la seule partie de son corps encore capable de bouger, sa paupière gauche, l’ex-rédacteur en chef du magazine Elle (Mathieu Amalric) a réussi à dicter son roman grâce à un alphabet élaboré par une orthophoniste de l’hôpital (Marie-Josée Croze).

Marié, père de deux enfants, Bauby est décédé quelques jours après la parution de son livre. Il avait 45 ans. Emmanuelle Seigner l’a connu assez pour cerner sa personnalité.

«À l’époque, je faisais très souvent la couverture de Elle, alors on se croisait sur les séances de shooting ou dans les cocktails. Mathieu le représente bien. C’était un homme très brillant, séduisant, intellectuel, très charismatique, un peu arrogant aussi d’une certaine façon. Il plaisait beaucoup aux femmes. J’étais assez proche de sa collaboratrice, alors j’ai su ce qui lui était arrivé. C’était terrible.»

Trop de mauvais films

Emmanuelle Seigner incarne dans le film l’ex-épouse de Bauby, Céline, qui doit composer avec la présence de sa nouvelle petite amie (Marina Hands). Le couple s’était laissé six mois avant l’accident fatidique. «Elle est entre la revanche et la pitié. Je n’ai pas voulu en faire quelqu’un d’amer, mais pas une sainte non plus. Le défi était de trouver l’émotion la plus juste possible.»

L’ex-mannequin de 41 ans, dont le nom est accolé à plusieurs noms du cinéma  — elle est la petite-fille de l’acteur Louis Seigner, la sœur aînée de Mathilde, elle aussi actrice, et l’épouse du réalisateur Roman Polanski — a quelque peu délaissé les plateaux, ces dernières années, pour se consacrer à la musique. Avec son groupe Ultraorange, qui donne dans le rock’n roll aux teintes des années 60, elle a fait récemment une tournée en Europe. On peut d’ailleurs entendre la musique de son groupe dans une scène du Scaphandre et le papillon.

Même si elle a épousé un réalisateur célèbre, gagnant de l’Oscar du meilleur réalisateur en 2003 pour Le pianiste, Emmanuel Seigner ne voit pas le jour où elle se risquera à son tour derrière la caméra. Et à l’écouter, plusieurs devraient passer leur tour.

«Je ne saurais pas raconter une histoire, c’est pas mon truc. De toute façon, il y a trop de mauvais films. Il y en a plusieurs qui devraient s’abstenir de faire du cinéma, qui ne savent pas ce qu’ils font.»