La comédienne française Elsa Zylberstein se dit «très fière» de défendre Il y a longtemps que je t'aime en lice pour l'Ours d'or jeudi à la 58e Berlinale, un «mélo sans pathos» que le romancier Philippe Claudel lui a dit avoir «écrit pour elle».

Montré à l'avant-veille de la remise des prix au Festival international du film de Berlin (7-17 février), ce premier film tourné par l'écrivain français Philippe Claudel raconte les retrouvailles de deux soeurs séparées par un drame.

«Je suis une grande fan de son écriture et de ses romans. Je savais qu'il voulait faire le portrait de deux filles très différentes, et la lecture du scénario m'a bouleversée», raconte l'actrice âgée de 39 ans, dans un entretien à l'AFP.

Dans ce drame intimiste, Elsa Zylberstein est Léa, une jeune femme à la vie rangée qui voit surgir dans sa vie sa soeur aînée Juliette, qui vient de purger quinze ans de prison pour infanticide.

Le silence obstiné de l'aînée rend les retrouvailles difficiles, mais Léa se bat pour retisser des liens, en dépit du lourd secret porté par Juliette.

«J'ai travaillé sur le vide», raconte-telle. «Léa s'est construite sur le manque d'une soeur qu'elle a considérée comme morte et lorsque celle-ci réapparaît, elle est dans le mimétisme, l'identification avec elle».

Kristin Scott Thomas et elle ont préparé leur rôle chacune de son côté.

«Philippe ne voulait pas qu'on se connaisse avant de jouer ces soeurs qui cherchent à se reconnecter après quinze ans de séparation. Leurs retrouvailles en sont d'autant plus touchantes», dit Elsa Zylberstein.

Dans Il y a longtemps que je t'aime, elle voit un «vrai mélo, mais avec une absence de pathos absolu».

«J'ai pleuré en le voyant, et pourtant j'ai joué dedans ! Cela ne m'était arrivé qu'avec Mina Tannenbaum», dit-elle. Dans ce film de Martine Dugowson, elle formait en 1994 un émouvant tandem avec une autre actrice, Romane Bohringer.

Révélée à 21 ans par un rôle de prostituée dans le Van Gogh (1989) de Maurice Pialat, elle reste fidèle au cinéma d'auteur - Laetitia Masson, Chantal Akerman.. - et tourne souvent avec le Chilien Raoul Ruiz.

Aussi à l'aise dans un polar tel que Le Concile de pierre de Guillaume Nicloux que dans une comédie, elle aime «se plonger dans la vérité du personnage en trouvant des petits détails, sa coupe de cheveux, ses chaussures».

Cette brune aux yeux verts a aussi tourné dans La fabrique des sentiments de Jean-Marc Moutout, déjà sorti en France et montré à Berlin dans la section Panorama, où elle compose une célibataire en quête de l'âme soeur. «Les deux réalisateurs ont écrit le film pour moi !» lance-t-elle, l'air radieux.

Après une jolie carrière en France, où malgré une palette de jeu large, elle a parfois été injustement cantonnée dans des seconds rôles, elle aimerait tourner davantage à l'étranger.

«J'ai envie de beaux rôles» souligne Elsa Zylberstein, qui rêve de tourner sous la direction de ses cinéastes préférés tels que les Américains Woody Allen, Steven Soderbergh et Paul Thomas Anderson - «un pur génie» dit-elle -, ou encore la Néo-Zélandaise Jane Campion.