Ouf ! 

Je serai honnête avec vous. Ça fait peut-être 45 minutes que je réécris sans cesse la première phrase de mon blogue (j'exagère un peu, mais à peine). Vous savez, partout au Darfour, de façon fréquente, il y a des pannes d'électricité. Je crois que mon cerveau est en train d'adopter les mauvaises habitudes du reseau électrique du pays. Je voudrais tellement être efficace, touchante, écrire des choses qui ont du sens. C'est le black-out. Rien ne sort. Plus de jus.

Je crois, comme le reste de l'équipe, avoir sous-estimé les conséquences liées au travail sur le terrain. Imaginez de longues journées de tournages sous la chaleur torride, ouù il fait 40 degrés et plus. Imaginez vous lever chaque matin et devoir vous assurer de porter votre radio-émetteur qui vous oblige a rester en contact constant avec la base de sécurité, emprunter chaque fois une nouvelle route pour vous rendre au même endroit -afin de ne pas vous faire repérer-, respecter le couvre-feu, rentrer avant 20h et ne plus avoir le droit de sortir, -sans même penser pouvoir tricher pour aller acheter un Coke au marchand du coin. Imaginez travailler avec la pression de savoir que vous vous retrouvez là ou tellement de gens n'ont pas reussi à se rendre. Vous voulez ramener les images et les histoires les plus touchantes possibles. Vous voulez constamment faire plus, faire mieux.
 
En même temps, vous rencontrez des gens d'une force et d'une résilience hors du commun, des gens qui travaillent eux aussi en plein soleil toute la journee et qui eux restent dans le camp, le soir venu, completement vulnérables aux attaques. Et vous vous dites: ça va. Je vais prendre une bonne nuit de sommeil. Je vais me lever demain matin. Je vais continuer à faire de mon mieux et je vais faire mieux. Ne serait-ce que par respect pour eux.
 
Je vous laisse. Je dois rentrer : c'est le couvre-feu.
 
Eza
 
Pour en savoir plus sur la situation ici, consultez le site www.unicef.ca