Dans la peau d'un professeur de théâtre excentrique, Steve Coogan atterrit «là où les rêves vont mourir» et tente d'y ressusciter les siens. Entrevue avec la vedette de Hamlet 2, un acteur qui (se) pose des questions mais pas le fondamental «Être ou ne pas être?» Il est, et le sait.

«J'aime faire des choses différentes et travailler avec des gens différents pour me mettre moi-même à l'épreuve. Cette fois, je cherchais une comédie américaine accessible et visant un large public, mais qui ne soit pas imbécile pour autant», fait l'acteur britannique Steve Coogan, joint au téléphone à Los Angeles. Il a trouvé ce qu'il souhaitait dans Hamlet 2 d'Andrew Fleming.

Il incarne ici Dana Marschz (essayez de prononcer, les personnages du film s'y risquent tous sans y parvenir!), un acteur minable qui atterrit «là où les rêves vont mourir»: Tucson, Arizona. Il enseigne le théâtre dans une école secondaire. Cours important s'il en est. À preuve, le local où il est installé: la cafétéria. Ah, décortiquer Shakespeare sur fond de grésillement de boulettes de viande!

Bref, un jour, plus rien ne va pour Dana: la vie de couple prend l'eau et la vie professionnelle coule carrément, le programme de théâtre étant en voie de disparaître... à moins d'un coup d'éclat. Ce que Dana va tenter de faire en écrivant et en mettant en scène une suite de Hamlet. Un spectacle musical où l'on peut entendre des oeuvres originales telles Raped in the Face et Rock me Sexy Jesus.

Rapport avec le prince danois aux questions existentielles? Faut chercher loin. Très. Et, avec de tels titres, on imagine l'air et la chanson. De même que la réaction des habitants de la ville. Pam Brady (une des scénaristes de South Park et de Team America) et Andrew Fleming (Threesome) s'en sont donné à coeur joie dans l'irrévérence et le coup de pied à la rectitude politique.

«Hamlet 2 n'est pas une comédie de commande. C'est un film facile à aimer, mais qui possède le cinglant et le tranchant des oeuvres indépendantes», assure Steve Coogan, qui a travaillé le personnage dans sa folie, mais aussi dans la vérité émotive: il ne voit pas Dana comme un clown mais comme «quelqu'un de naïf, d'innocent, qui est guidé par son bon coeur et son désir de bien faire. Il est névrosé, c'est certain, mais il n'est ni cynique ni ironique. Et il est resté enfant dans sa tête, ce qui explique ses joies débordantes suivi de désespoirs intenses ou de colères intempestives.»

Ainsi, pour lui, ce film dont le premier plan est occupé par la folie et les gags, «célèbre la diversité et le droit à la différence, parle de la liberté d'expression et évoque le droit à l'échec. Ce n'est pas une parodie gratuite des Dead Poets Society et autres films édifiants où des professeurs changent la vie de leurs élèves.»

En effet. Mais on est quand même loin, par exemple, de l'infiniment original Tristram Shandy: À Cock and Bull Story de Michael Winterbottom, un long métrage où Steve Coogan campe trois rôles (dont celui de... Steve Coogan) et qui occupe une place particulière dans son coeur (et sa filmographie):

«La plupart des gens le détestent mais il est aimé par un petit groupe select composé de personnes de très bon goût», assure, pince-sans-rire, celui pour qui le travail avec Michael Winterbottom est plus qu'un travail, justement, mais une expérience de vie: «Il ne dit jamais «Action!» ou «Coupez!». Nous ne sommes jamais interrompus par les exigences techniques. En fait, on n'a plus du tout conscience d'être en train de tourner. Et revoir Tristram Shandy ou 24 Hour Party People, pour moi, ce n'est pas voir un film mais feuilleter un album de photos.»

Sauf qu'il s'octroie le droit d'explorer différents genres. Ce qui le guide: son instinct et ses tripes. «Je suis extrêmement pointilleux là-dessus, je ne choisis aucun projet parce qu'il me rapporterait beaucoup d'argent ou me permettrait de me faire connaître. Je fais les choses pour des raisons artistiques, mais j'aime aussi rejoindre le plus de gens possibles», conclut celui que l'on peut voir actuellement dans Tropic Thunder de Ben Stiller. Snober ou ne pas snober n'est pas la question. En tout cas, pas pour lui.

Hamlet 2 prend l'affiche le 22 août, en anglais seulement