Dans Ce qu'il faut pour vivre, de Benoît Pilon, Natar Ungalaaq joue Tivii, un père de famille inuit qui, dans les années 50, est touché par la tuberculose. Il est envoyé «vers le Sud» pour être soigné dans un sanatorium. Le comédien était de passage au FFM pour la présentation du film, qui sort en salle aujourd'hui.

Écrit par Bernard Émond au début des années 90, Ce qu'il faut pour vivre raconte l'arrivée, dans le Québec très catholique d'alors, d'un Inuit dans un sanatorium. Personne ne peut communiquer avec lui. Lui-même ne parle pas français, et est projeté dans un monde dont il ignore tout. Il se laisse alors mourir...

«Le scénario m'a beaucoup touché, car c'est arrivé à mon grand-père. Il est l'une des victimes de la tuberculose. J'ai toujours beaucoup rêvé de cela, raconte Natar Ungalaaq. Après avoir fait le film, je n'ai plus jamais fait ce rêve. Je crois que cela m'a soulagé, parce qu'il l'approuvait.»

Tivii est sauvé par l'arrivée d'un enfant, Kaki, interprété par le jeune métis Paul-André Brasseur. Par la langue et les récits, Tivii reprend peu à peu goût à la vie. «Tivii était une victime, qui a dû gérer ce qui lui est arrivé. Il s'en est sorti, même si rien n'était sûr pour lui. Le petit garçon l'a vraiment touché. Et c'est grâce à lui qu'il a pu survivre», explique Natar Ungalaaq.

Benoît Pilon racontait, lors d'une précédente entrevue, la grande générosité dont a fait preuve Natar Ungalaaq envers son jeune partenaire, qu'il a aidé à s'approprier une langue et des sonorités qu'il ignorait. «Paul-André et moi, cela nous a aidés à nous rapprocher du personnage. C'est comme cela que le film devrait être», estime-t-il.

Natar Ungalaaq vient d'Igloolik, au Nunavut. D'abord artiste sculpteur, il a fondé sa maison de production avec le réalisateur Zacharias Kunuk. Comédien, Natar Ungalaaq a été salué pour ses interprétations dans Atanarjuat, de Zacharias Kunuk, et dans Le journal de Knud Rasmussen. «J'ai fait beaucoup de télévision avant de passer au cinéma, et j'ai, depuis, une compagnie de production. Après Atanarjuat, les propositions sont arrivées!» s'amuse-t-il.

Avec Benoît Pilon, les choses ont été plutôt simples, dit le comédien. «Benoît Pilon est un bon réalisateur. On n'était pas d'accord sur certains points, mais il faut apprendre à s'accepter chacun. Il arrive que cela soit très difficile, mais avec Benoît je n'ai eu aucun problème.»

Aujourd'hui, Natar Ungalaaq se verrait bien occuper un nouveau rôle dans un film, celui de réalisateur.

«Je veux maintenant raconter mes propres histoires. Je suis encore jeune, et je le ferai, bientôt, dans l'avenir. Je crois que je ferais une histoire moderne, d'aujourd'hui. Rien dans le passé», tranche-t-il.

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Ce qu'il faut pour vivre, de Benoît Pilon, a été présenté plus tôt cette semaine en compétition officielle au 32e FFM et prend l'affiche dans les salles commerciales aujourd'hui.