Le duo Dominique Abel et Fiona Gordon se livre à une danse peu connue dans Rumba, leur deuxième long métrage. Chutes, absurdités, silences et petits drames ponctuent un film qui parle d'amour, avec simplicité, et non sans profondeur. La Presse a rencontré Abel et Gordon au cours de leur passage au FFM.

«Rumba, c'est un peu la quête tragi-comique d'un couple pour leur bonheur perdu», dit Dominique Abel. Le couple, Dom et Fiona, est interprété par Abel et Gordon. Tous deux professeurs dans un petit village de la France, Dom et Fiona consacrent toutes leurs heures libres à leur passion, la rumba.

Un soir, de retour d'une compétition locale de danse, Dom et Fiona croisent la route d'un suicidaire malchanceux (Bruno Romy, qui signe également la réalisation du film). Dom perd la mémoire, Fiona perd une jambe. Que reste-t-il quand on perd tout? Telle est la question que pose Rumba.

«On montre l'optimisme inébranlable des êtres humains. On peut enlever tous les signes extérieurs de l'amour. Ce qu'il reste, après, c'est l'amour», croit Dominique Abel. Dans Rumba pourtant, les choses les plus graves sont abordées avec charme, simplicité, et humour.

«On ne va jamais essayer d'insister sur la gravité. Si tu veux regarder des choses graves, tu allumes la télé et tu regardes le journal télévisé. Nous, on ne veut pas faire ça. On veut imager cela: cela ne doit pas passer par les mots, mais par les couleurs, et par le rythme.»

Tous trois venus du monde du spectacle vivant, le Belge Dominique Abel, la Canadienne Fiona Gordon et le Français Bruno Romy montrent, dans Rumba, «la maladresse humaine» à l'oeuvre, que ce soit dans leur rumba, qui tient plus de la parade nuptiale animale que de la danse de salon, dans la réalisation, qui fuit le réalisme ou enfin, le jeu clownesque des comédiens.

«Pour nous, le corps parle autant que la voix. La voix, c'est un peu le sommet de l'iceberg. Le physique peut dire autre chose que la bouche. On ne se prive pas de parler, on n'est pas des mimes, mais on est passionnés par le mouvement et la danse», dit Dominique Abel. «Dans nos pièces de théâtre, il y a toujours de la danse, pour ce mélange de maladresse et d'adresse», renchérit Fiona Gordon.

Le trio fait appel dans Rumba comme dans leur premier long métrage, Iceberg, à des comédiens non professionnels. Ici, ce sont des enfants qui se sont prêtés au jeu. «Ils prennent beaucoup de plaisir dans ce jeu naïf, physique», remarque Fiona Gordon.

Tout le film Rumba baigne dans une atmosphère décalée, drôle, certes, mais aussi tragique. Les émotions du spectateur sont donc titillées, non par une surenchère de violence ou de drames, mais par des éléments qui, chez Abel et Gordon, semblent inquiétants. Ainsi, dans le film, le racket ne vise pas une carte de crédit, mais un pain au chocolat.

«C'est inquiétant par rapport au reste du film: c'est à la fois léger, mais il y a quelque chose de mystérieux, dit Fiona Gordon. C'est pour nous une manière pudique de parler des choses importantes. C'est un rire pudique, qui n'est pas parodique. On essaie vraiment de parler de l'homme.»

Rumba prend l'affiche mercredi.