Avec Burn After Reading, les frères Coen proposent une comédie noire «insignifiante» sur la stupidité ambiante. Et ils entraînent une autre superstar dans leur aventure: Brad Pitt.

Il est au rendez-vous pratiquement chaque année, mais sa présence provoque toujours le même émoi. Brad Pitt était cette fois dans la Ville reine pour la présentation de Burn After Reading, le nouveau film des frères Coen. Après avoir foulé le tapis rouge du Roy Thomson Hall vendredi soir, la superstar s'est prêtée hier au jeu de la conférence de presse en compagnie des frangins cinéastes et de deux de ses partenaires de jeu, Tilda Swinton et John Malkovich. Tout comme Pitt, ces derniers ont aussi la particularité de faire ici leur entrée dans l'univers des Coen. George Clooney, l'autre vedette du film (et point de convergence d'une «trilogie des idiots» amorcée avec O Brother Where Are Thou), n'a pas fait le voyage. Frances McDormand, qui campe l'antihéroïne de cette histoire, était aussi absente.

«Cela faisait déjà quelques années que je cognais à la porte des Coen, a expliqué hier Brad Pitt. J'avoue que lorsque j'ai lu le scénario, et quand j'ai vu à quel point le personnage que je devais jouer était stupide, j'étais un peu fâché!» ajoute-t-il, pince-sans-rire.

«À vrai dire, je ne me suis inspiré de personne pour composer ce personnage. Tout vient de moi. C'est d'ailleurs probablement ce qui me trouble le plus. Et qui trouble aussi le plus ma douce moitié!»

L'acteur compte déjà quelques comédies à son actif, mais il apprécie surtout le fait qu'on lui demande de prêter ses traits à des personnages un peu plus décalés.

«Quand tu campes un leading man, ton personnage a toutes les réponses. Il lance la bonne réplique au bon moment, et il se sort de toutes les situations possibles, même les plus improbables. Évidemment, cela flatte l'ego. J'estime pourtant qu'il est tout aussi amusant de se glisser dans la peau d'un type qui ne fait rien correctement!»

Une direction imprévue

De leur côté, Joel et Ethan Coen, qui avaient d'abord l'intention de faire un film d'espionnage à partir d'un scénario original, ont été un peu surpris par la direction qu'a prise leur script au fil de l'écriture. Burn After Reading, qui a pris les allures d'une franche comédie, relate la collision entre deux mondes qui, en surface, n'ont strictement rien en commun: celui des agences de renseignement et celui des centres d'exercice. Quand l'employée d'un gym (McDormand) tente de «rentabiliser» la découverte d'une disquette contenant de précieux renseignements, le récit prend en effet une tournure complètement loufoque. D'autant plus que les personnages s'enlisent alors dans un climat d'idiotie générale que revendiquent pleinement les auteurs cinéastes. Conçu pratiquement en même temps que No Country for Old Men, qui a valu aux Coen l'Oscar du meilleur film et de la meilleure réalisation, Burn After Reading se révèle à cet égard plus léger, voire plus frivole.

«Chaque film est une aventure différente, explique Ethan Coen. Des types stupides qui ne font rien de signifiant dans leur vie n'en sont pas moins intéressants pour autant!»

Burn After Reading prend l'affiche vendredi.

Bel accueil pour C'est pas moi, je le jure!

La première mondiale de C'est pas moi, je le jure! s'est déroulée vendredi au Winter Garden Theatre de Toronto, une salle d'environ 900 places. L'accueil a été chaleureux. Le jeune protagoniste a même reçu une ovation. Adapté des romans de Bruno Hébert C'est pas moi, je le jure! et Alice court avec René, le nouveau film de Philippe Falardeau (Congorama) relate le parcours de Léon (Antoine l'Écuyer), un gamin de 10 ans angoissé à l'imagination fertile, véritable bombe à retardement. Quand, pendant l'été 1968, sa mère (Suzanne Clément) décide de quitter la famille pour aller refaire sa vie en Grèce, le petit Léon tentera par tous les moyens de sublimer sa douleur.

D'un sujet en apparence très dramatique, Falardeau a tiré un film à la fois tendre et espiègle. Bien écrit, bien réalisé, bien joué aussi, le film se démarque par cette volonté très nette du réalisateur de ne pas tomber dans la nostalgie. À cet égard, l'époque dans laquelle cette histoire est campée est plus suggérée qu'imposée. Le film est par ailleurs soutenu par de très belles chansons de Patrick Watson, lesquelles évoquent le monde intérieur du protagoniste.

Il sera intéressant de voir comment se positionnera C'est pas moi, je le jure! par rapport à Maman est chez le coiffeur, le film que Léa Pool a tiré de la même histoire familiale. Les deux films ont beau être différents, tant dans l'esprit que dans le ton, il reste que, chez le spectateur, le souvenir de l'un influe forcément la perception de l'autre. C'est pas moi, je le jure! prend l'affiche chez nous le 26 septembre; nous aurons évidemment l'occasion d'y revenir.