Daniel Brière mérite sans doute la médaille du papa de l'automne! Le comédien, qui a quatre enfants dans la vraie vie, est le père fictif de cinq autres, cet automne, à la télé et au cinéma. Tous des garçons!

Depuis la mi-septembre, on voit Daniel Brière se démener au quotidien en compagnie d'Anne Dorval avec trois ados dans la série Les Parent, à Radio-Canada (lundi, à 19h30). Dans le scénario de C'est pas moi, je le jure! (à l'affiche depuis hier), de Philippe Falardeau, le personnage incarné par Brière (Philippe Doré) s'occupe seul de deux autres gars, dont un garnement qu'il vaut mieux suivre à la trace. «C'est une coïncidence et une question d'âge», note Daniel Brière.


Pour le grand public, Daniel Brière a d'abord été un jeune amant aussi naïf que bouclé: celui de Dominique Michel dans Le déclin de l'empire américain de Denys Arcand. Le comédien avait 22 ans à l'époque. On ne l'aurait pas vu avec un bébé dans les bras! «Les années passent vite, constate Brière. Le déclin, ça fait plus de 20 ans. On m'en parle moins, car il y a une génération qui n'a pas vu le film. Le temps file et c'est bien de passer à autre chose. Je ne suis pas nostalgique.»


Entre Le déclin de l'empire américain et C'est pas moi, je le jure!, il y aurait toutefois un trait à tirer. Celui entre deux rôles marquants. Car entre les deux tournages, Daniel Brière ne s'est pas éternisé sur des plateaux de cinéma. «À l'époque du Déclin, j'ai été parachuté dans une aventure entouré d'acteurs avec beaucoup de métier, relate-t-il. Je ne réalisais pas trop ce qui m'arrivait. Je pensais toutefois que j'allais ensuite jouer comme un malade. Mais j'ai été un an et demi sans travailler, même si tout le monde me parlait du Déclin...»


Daniel Brière a trouvé la rédemption sur les planches quand une troupe de théâtre a fini par le contacter pour jouer une pièce dans des polyvalentes. Le comédien n'a pas boudé la proposition. «Je faisais finalement le métier pour lequel j'avais été formé (au Conservatoire d'art dramatique). Je montais même les décors, mais c'était ça la réalité d'acteur!»


Par la suite, il y a eu de petits rôles au cinéma. Une journée de tournage dans Gaz bar blues ici, une scène dans La moitié gauche du frigo de Philippe Falardeau là, mais rien pour combler totalement l'acteur... «J'étais presque jaloux de voir des camarades jouer dans des films», avoue Brière.


Puis, il y a eu le projet de film de Falardeau dans lequel Daniel Brière incarne le père de deux enfants dont la mère est partie en Grèce pour une période indéterminée. «C'est la première fois qu'on m'offre un rôle principal dans un film.»
C'est pas moi, je le jure! est campé dans le Québec de la nouvelle banlieue des années 60. Qu'un père accepte, sans se poser de question, d'élever seul ses deux garçons peut paraître inusité à cette époque. «C'est un homme mal adapté pour élever des enfants, juge Brière. Mais il décide de rester. C'est noble, peu importe l'époque. Encore aujourd'hui, lors de séparations, naturellement, les mères assurent. Il faut une grande volonté pour que ce soit le père.»


Daniel Brière est-il plus apprécié, par ses propres enfants, en père de la famille Parent (débordé, mais attachant) ou Doré (aimant, mais un peu distant)? «Mes enfants trouvent plus normal que je sois un Parent, répond le comédien. Ils sont plus dans ce type de relation. Dans les années 60, la relation père-enfant était évidemment différente, plus froide. Aujourd'hui, il y a un va-et-vient d'énergie et d'amour. En contrepartie, les enfants peuvent dire n'importe quoi aux parents!»