Dans Adam's Wall, Michael MacKenzie fait sa déclaration d'amour à Montréal, lieu de l'improbable rencontre amoureuse d'une jeune fille d'origine libanaise et d'un jeune juif orthodoxe. Autour du couple, interprété par Jesse Aaron Dwyre et Flavia Bechara, veillent les aînés, campés par Gabriel Gascon et Paul Ahmarani.

«Montréal est une ville vraiment inclusive. Moi, je suis québécois, même si je suis anglophone. Montréal a cette tradition d'Amérique du Nord, d'accueillir les immigrés», remarque le dramaturge, né à Londres, installé à Montréal depuis 30 ans.

 Réalisé d'après un scénario de Dana Schoel, Adam's Wall illustre pour Michael MacKenzie «comment ce qui se passe de l'autre côté du monde peut toucher des gens d'ici». Ce qui se passe de l'autre côté du monde, ce sont les affrontements entre Israéliens et Libanais. Ce qui se passe ici, c'est la relation amoureuse qui prend peu à peu vie entre la jeune Yasmine (Flavia Bechara, découverte dans Le cerf-volant de Randa Chahal Sabag) et Adam (Jesse Aaron Dwyre).

Yasmine est libanaise. Elle vit avec son père, Najeeb (Paul Ahmarani), galeriste montréalais, engagé dans une histoire avec la très québécoise Christine (Maxim Roy). Najeeb, qui a fui le climat d'instabilité politique du Liban, doit gérer, à Montréal, les susceptibilités de ses voisins orthodoxes, échaudés par certaines des sculptures de sa galerie.

Le rabbin Levy (Gabriel Gascon) est l'un d'entre eux. Le vieil homme vit presque replié sur des convictions religieuses qu'il impose à son petit-fils, Adam. Adam est élevé par son seul grand-père depuis la mort de ses parents, dans les Territoires occupés. «La plus grande peine qu'il ait eue, c'est de perdre ses enfants», note l'interprète du rabbin, Gabriel Gascon.

En dépit d'une trame qui n'est pas sans rappeler la tragédie amoureuse de Roméo et Juliette, Michael MacKenzie estime qu'Adam's Wall «n'est pas une histoire sucrée. On a toujours une image idéalisée de Roméo et Juliette, mais le film parle aussi de la façon dont se crée un rapport entre communautés.»

«Le propos est multiple, et c'est ce qui m'a intéressé. Mon personnage a une espèce de liberté, même s'il vient d'un milieu conservateur. Je trouvais cela audacieux, dans le scénario, de mettre l'accent sur des gens modérés», raconte de son côté Paul Ahmarani, qui se glisse dans le film dans la peau d'un personnage libanais, de 20 ans son aîné.

«C'est une chose d'avoir l'accent, mais il y a aussi, avec l'âge du personnage, une façon de bouger. J'ai intégré l'accent assez facilement, car mon père est égyptien, mais encore faut-il intégrer la physicalité du personnage. Mais je suis content, je pense que ça marche», dit le comédien.

Autour du métissage amoureux de Yasmine et Adam, Michael MacKenzie filme un Montréal romantique à souhait, des pentes enneigées du mont Royal aux eaux glacées du Saint-Laurent. Un onirisme gracieusement renforcé par la partition originale composée pour le film par Benoît Charest, l'homme des Triplettes de Belleville.

«Je n'ai pas voulu donner au film une grande esthétique immense, raffinée. Pour moi, ce sont vraiment les émotions qui comptent, et que l'on voit à l'écran les mouvements des corps. Jesse, Paul et Gabriel ont des corps très expressifs. J'avais vraiment toute une distribution», dit Michael MacKenzie.

Après une absence de quelques années au cinéma (l'adaptation au grand écran de sa pièce The Baroness and The Pig est sortie en 2002), le dramaturge travaille actuellement sur deux projets de films, dont une comédie romantique. Côté théâtre, il retrouve cette année Robert Lepage (MacKenzie avait coscénarisé Le polygraphe), pour Le dragon bleu, présenté au printemps prochain au TNM.