«Il y eut un temps où l'on considérait comme un exploit le fait de placer un film québécois dans un grand festival européen», explique Christian Verbert, délégué de la SODEC pour l'Europe.

«Aujourd'hui, ce sont les festivals qui nous sollicitent quand ils préparent leur programmation, ajoute le délégué. À titre d'exemple, en 2008 il y a eu des films québécois au programme des six festivals allemands, à commencer par Berlin et Munich. Le cinéma québécois a désormais une personnalité spécifique et reconnue, qui intéresse les programmateurs. Et les distributeurs, même si une sortie en salle demeure une opération lourde et coûteuse, qui n'est pas facile à obtenir.»

 

Nous voilà mercredi soir, au beau milieu de la soirée d'ouverture de Cinéma du Québec, une manifestation qui se tenait pour une 12e année à Paris. Christian Verbert a de quoi être satisfait. La salle de 450 places du Publicis, en haut des Champs-Élysées, affiche complet pour la projection de Ce qu'il faut pour vivre, le beau film de Benoît Pilon, qui sera chaleureusement ovationné.

On devrait cette année repasser au-dessus de la barre des 5000 spectateurs - mieux que la semaine du cinéma allemand, installé au cinéma Arlequin.

La manifestation québécoise est désormais solidement installée au Publicis, l'une des adresses les plus prestigieuses de Paris. Un lieu qui a le mérite d'être un petit complexe commercial et culturel qui connaît une intense activité nocturne. Cela permet de proposer une sélection de livres québécois à la librairie adjacente, ainsi que des produits d'artisanat ou de mode.

Petite précision: les médias, bien entendu, ne couvrent pas le détail de la programmation d'un petit festival de ce genre. Mais l'événement en lui-même a droit désormais à une presse: l'hebdo culturel Télérama lui consacre une page, de même que Le Film français, premier journal professionnel, ou Pariscope, guide culturel à grande diffusion. Le soir de la première, on a même vu une équipe de France 3 (télé).

Un succès qui, tout doucement, s'élargit d'une année sur l'autre. Malgré des budgets modestes, et en trouvant de nouveaux partenaires français. Cette année, Cinéma du Québec a fait des petits: des éditions en modèle réduit à Cannes (21-23 novembre), à Liège (27-30 novembre) et à Lyon (30 novembre au 2 décembre). «Le recoupement des dates, explique Christian Verbert, permet aux réalisateurs déjà sur place de présenter eux-mêmes leur film à plusieurs endroits.»

Malgré l'échec commercial des 3 p'tits cochons, qui a plafonné à 75 000 entrées pour une centaine de salles (la sortie un 6 août était un pari risqué), les quelques énormes succès des dernières années au rayon cinéma d'auteur ont évidemment joué un rôle non négligeable dans ce regain d'intérêt. On signalait cette année la présence d'une centaine de producteurs québécois et européens. Mais aussi d'une quinzaine d'acheteurs professionnels venus des principaux pays européens.

Obtenir une sortie en salle demeure évidemment une affaire compliquée, vu les coûts que cela implique. Tout est parfait sortira en janvier. Borderline pourrait aussi être distribué. D'autres films - Le ring, Ce qu'il faut pour vivre, notamment - sont considérés comme de bons candidats pour une sortie en France.

Bref, le cinéma québécois a une existence réelle en Europe, même si elle n'est pas commerciale. «L'objectif su cinéma québécois, dit le président de la SODEC, Jean-G. Chaput, n'est pas d'être rentable, car c'est impossible pour les cinémas des petits pays. L'objectif, c'est que les films soient vus par le plus grand nombre. Et c'est ce qui est en train de se passer.»