Danse, yoga, art dramatique et arts martiaux: la première école britannique réservée aux acteurs voulant percer à Bollywood plutôt qu'à Hollywood a ouvert ses portes à Londres cet automne.

Le petit studio de télévision de l'Institut des médias d'Ealing, situé aux confins de l'ouest londonien, n'a rien de très glamour. Ses lourds rideaux de velours noirs et son plancher charbonneux sont l'antithèse même du rococo de Bollywood.

Pour les sept étudiants de la première cohorte d'Actor Prepares, la petite salle sombre représente toutefois un possible tremplin doré vers Bombay, la Mecque du cinéma indien. Depuis le 12 septembre dernier, ils s'y démènent du matin jusqu'au soir pour parfaire leurs chorégraphies et répéter des scènes aux accents souvent mélodramatiques.

«Généralement, la journée commence par une séance de yoga, suivie par un cours de danse «Bollywood» et d'une classe d'interprétation», explique Ash Verma, directeur de l'école, confortablement installé dans la régie de télévision qui jouxte le studio de répétition.

Formation complète

En plus de cours de danse et de jeu, les élèves «reçoivent également des notions d'arts martiaux au cas où ils aient des scènes d'action à tourner», poursuit le directeur.

Pour Anu Singh, une Américaine d'origine indienne, les cours de danse restent les plus ardus. Cette Californienne de 21 ans a déménagé à Londres spécifiquement pour suivre le programme d'Actor Prepares. «J'ai entendu parler de l'école sur un site internet consacré au cinéma indien. Il n'existe aucune école comme celle-ci aux États-Unis et j'ai beaucoup de respect pour son fondateur, Anupam Kher.»

Une star en Occident

Figure incontournable du cinéma indien, Kher a joué dans plus de 300 films au cours des 25 dernières années. Connu en Occident pour ses rôles dans Bend It Like Beckham et Bride and Prejudice, l'acteur au crâne dégarni a fondé sa première école d'art dramatique à Bombay, il y a trois ans, suivie d'une autre, l'année dernière, à Chandigarh dans le nord de l'Inde.

Alors que les films de Bollywood - le terme est une contraction de Bombay et d'Hollywood - s'exportent de plus en plus, Kher a décidé d'étendre son réseau d'écoles à l'étranger. Avec son imposante communauté indienne, Londres s'est rapidement imposé.

«Londres est la bonne place pour ça: c'est le centre le plus multiculturel et créatif qui soit pour l'interprétation, la communauté venant du sous-continent indien y est d'une taille imposante et Bollywood est très populaire au Royaume-Uni», précise le directeur de la branche britannique.

Preuve que l'industrie bollywoodienne est florissante, Anupam Kher compte ouvrir prochainement d'autres écoles en Afrique du Sud, aux États-Unis et en Australie. «Il se tourne 5000 films par année en Inde, souligne le directeur. L'industrie du divertissement est en plein boom.»

Visite à Bombay

À la fin de leur cours, les sept élèves doivent se rendre à Bombay pour une semaine pour rencontrer des réalisateurs, des producteurs, des acteurs et d'autres étudiants de Kher. Hassan Khan, qui a déboursé plus de 10 000$ pour cette formation de trois mois ,espère que ce voyage lui ouvrira des portes.

«Je suis quelqu'un d'ambitieux. (...) Si j'ai une offre à Bollywood, je suis prêt à déménager», assure l'homme de 22 ans. À l'heure actuelle, il avoue mettre les bouchées doubles pour parfaire son hindi, la langue principale de Bollywood. D'origine pakistanaise, il est naturellement plus à l'aise en ourdou. «L'ourdou et l'hindi ont des similarités, mais il y a des différences notables», précise-t-il après avoir répété une scène de ménage en hindi avec Anu Singh.

Cette dernière fonde également beaucoup d'espoir sur son séjour à Bombay. «Je ne rejette aucune option, mais je me concentre sur l'industrie cinématographique indienne. À Hollywood, c'est plus difficile pour nous d'obtenir des rôles intéressants, soutient la Californienne. Je n'ai pas envie de passer ma vie à jouer des propriétaires de dépanneur.»