Il paraît que les deux pires éléments perturbateurs sur un plateau de tournage sont les enfants et les animaux. Pour son premier long métrage, Thor Freudenthal a dirigé la nièce de Julia roberts, la voix anglophone de Diego (le cousin de Dora l'exploratrice) etdes dizaines de chiens. Un défi du tonnerre, pour ce jeune Thor?

Après avoir tenu le rôle titre dans Nancy Drew d'Andrew Fleming, Emma Roberts, la nièce de Julia, revient au grand écran avec Hotel for Dogs de Thor Freudenthal, un film familial qu'elle porte sur ses frêles épaules - à presque 18 ans, elle est aussi menue qu'une fillette - avec le jeune Jake T. Austin... et des dizaines de stars à quatre pattes. Non, il n'est pas question d'acteurs prêts à lécher le plancher pour avoir un rôle mais de chiens qui habitent l'hôtel imaginé par la romancière Lois Duncan.

«Il y a beaucoup de gens qui sont venus visiter le plateau, ma petite soeur par exemple, mais c'était pour voir les chiens, pas moi!» fait en riant la demoiselle qui a toujours voulu être actrice, même si sa mère ne voyait pas la chose du meilleur oeil: «Elle m'a laissée aller à une audition en se disant que je ne serais pas engagée et que ça me passerait. Mais j'ai obtenu le rôle. C'était pour Blow, avec Johnny Depp... et j'étais si jeune, j'avais à peine 10 ans, que j'ignorais qui il était. Moi, mon rêve, c'était de jouer dans une publicité de Pop-Tart», a-t-elle raconté lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles.

La vie en a décidé autrement (!). Et la voici incarnant Andi, 16 ans, orpheline qui, avec son jeune frère, Bruce, va de foyer d'accueil en foyer d'accueil. Le dernier d'une longue liste est celui que forment Carl et Lois - incarnés par Kevin Dillon (Entourage) et Lisa Kudrow (Friends). Un couple de wannabe rock stars. Ne leur manque que le talent.

Un rôle de composition pour l'actrice en vedette dans The Comeback (série trop vite retirée des ondes!) qui n'a jamais pensé faire carrière dans le rock - «Quand j'étais enfant, dit-elle, Janis Joplin est morte, Jimi Hendrix est mort. Pour moi, les stars du rock, bien... ça mourait.» - et qui, même si elle est très complice et très proche de son fils de 10 ans, a trouvé «si facile que c'en était choquant, d'être méchante envers ces enfants».

Car Lois et Carl n'offrent pas grand-chose d'autre qu'un toit à Andi et Bruce, dont la vie parallèle évolue autour de Friday, le terrier Jack Russell que leurs parents leur ont offert.

Mensonge et débrouillardise font ainsi partie de leur quotidien pour nourrir et cacher l'animal dont les adultes - même Bernie (Don Cheadle), le travailleur social qui s'occupe de leur dossier - ignorent l'existence.

Et puis, un jour, les deux jeunes découvrent un hôtel abandonné où vivent deux chiens errants. Eurêka! Jamais deux sans trois, non? Friday pourrait passer-là une partie de son temps. Et, tant qu'à faire, pourquoi ne pas y loger les autres chiens sans maître du quartier, menacés d'euthanasie par les employés zélés de la fourrière? C'est le début d'une aventure qui permettra à Andi la solitaire de se faire des amis (à quatre et à deux pattes) et à Bruce, d'exploiter son génie mécanique afin «d'occuper» les chiens en leur absence.

Et des chiens, il y en a des dizaines dans le film. Ils sont plus de 70 à avoir passé une audition (!) pour les huit rôles principaux. «Les chiens ne peuvent jouer que ce qu'ils sont. Ils peuvent apprendre des tâches, mais vous ne pouvez pas les faire aller contre leur nature. Bref, nous devions trouver ceux dont la personnalité collait le plus au rôle», explique le dresseur Mark Forbes qui a aussi veillé à ne pas avoir de mâle alpha dans le groupe - afin de limiter les jeux de pouvoir canin.»

«Il y a eu quelques grognements et... reniflages de derrière, mais rien de majeur», ajoute Thor Freudenthal pour qui les limites de la palette de jeu des animaux étaient une bonne chose pour la crédibilité du récit: «L'idée était de surligner la réalité, de placer l'histoire dans le réalisme magique et non dans la magie pure. Par exemple, nous voulions que Roméo (un minuscule chien chinois à crête) pose un manteau sur le sol pour que sa Juliette (un grand caniche) ne se salisse pas les pattes. Mais le chien n'y arrivait pas... et c'est tant mieux: nous aurions poussé trop loin l'anthropomorphisme.»

Bon, le canin cède quand même ici et là le pas à l'humain (les chiens installés sur des sièges de toilette, Roméo et Juliette échangeant un French kiss) mais le tout devrait plaire au public familial qui aime les films de chiens - et il est nombreux, si l'on se fie au succès, ces derniers mois, de Volt, de Beverly Hills Chihuahua et de Marley&Me. Le thème n'est pas encore tombé sur un os, quoi.

__________________________________________________________
Hotel for Dogs prend l'affiche aujourd'hui, en anglais et en français (Palace pour chiens). Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Paramount Pictures.