Ce n'était même pas un effet spécial. Berlin s'est éveillé sous un épais brouillard hier matin, jour où était enfin présenté en compétition In the Electric Mist, le film que Bertrand Tavernier a tiré du roman de James Lee Burke. Et dont l'accouchement a pris du temps.

Lors de son passage au festival Cinémania de Montréal en novembre 2007, où il était venu rendre hommage à son complice disparu Philippe Noiret, le cinéaste rentrait tout juste du tournage en Louisiane. À l'époque, Tavernier n'avait pas caché son soulagement d'être venu à bout d'un projet qu'il avait trouvé, laissait-il entendre, particulièrement difficile à réaliser.

Mettant en vedette Tommy Lee Jones, qui prête ses traits au détective Dave Robichaux, In the Electric Mist est un film d'atmosphère dont le récit est construit autour d'une intrigue policière. En tentant d'élucider des meurtres sordides, le protagoniste aura tôt fait d'éveiller les vieux démons qui hantent toujours le bayou. Du coup, Robichaux ne pourra faire autrement que d'aller visiter en lui-même quelques zones troubles. À cet égard, Tommy Lee Jones parvient à faire valoir la complexité de son personnage avec une très grande sobriété. Il est appuyé par une distribution solide, où se distingue notamment John Goodman dans le rôle d'un mafieux.

Loin des clichés


«J'aurais voulu dédier le film à Philippe Noiret, mais on ne peut pas faire de dédicace comme on veut dans un film américain! a déclaré le cinéaste lors de la conférence de presse, où il était accompagné de John Goodman et du directeur photo Bruno de Keyser. C'est très compliqué avec la Guilde. Or, j'aurais voulu lui dédier ce film, car j'ai beaucoup pensé à lui en le faisant. Philippe adorait les romans de James Lee Burke, tout particulièrement celui-là. De mon côté, je trouve le personnage de Dave Robichaux parfaitement fascinant parce qu'il est bourré de contradictions.»

À l'actif du film, une volonté manifeste de s'éloigner des clichés liés à la culture louisianaise. Tavernier évacue l'aspect plus folklorique pour se concentrer sur les accents d'authenticité. Du côté des atmosphères, c'est très réussi. En revanche, le film est moins convaincant sur le plan du récit. En outre, l'apparition, dans quelques scènes, d'un personnage historique, qui symbolise la conscience du détective, ne donne pas l'effet escompté.

In the Electric Mist ne prendra jamais l'affiche en salle en Amérique du Nord. Le DVD sera toutefois lancé le mois prochain.

Les frais d'hébergement sont payés par le Festival de Berlin.