C'est le drame historique Passchendaele qui est sorti grand gagnant des 29es prix Génie, hier soir, avec six statuettes, dont celle du meilleur film. Ce qu'il faut pour vivre de Benoît Pilon suit de près avec quatre prix, dont ceux de la meilleure réalisation, du meilleur montage, du meilleur scénario et de la meilleure interprétation masculine pour la performance de Natar Ungalaaq.

Il était très émouvant de voir le comédien et sculpteur inuit aller chercher son trophée qui s'ajoute à son Jutra du meilleur acteur. Celui qui a incarné un Inuit déraciné dans le Québec des années 50 a remercié sa famille et les gens de partout au Canada, jusqu'au cercle polaire. «Ma famille et mes proches au Nunavut sont toujours contents pour moi», a-t-il souligné.

«Tu n'es pas seulement un grand acteur, mais un être humain fantastique», lui a dit Benoît Pilon en montant à son tour sur scène.

Pilon était heureux de repartir avec le prix de la meilleure réalisation. «Comme réalisateur, c'est la cerise sur le sundae.»

Depuis deux ans, le Québec ne domine plus la soirée qui récompense les meilleurs films canadiens. Des neuf longs métrages québécois représentés hier soir, seulement quatre ont été primés, dont Cruising Bar 2 pour le meilleur maquillage. Du côté des courts métrages, Denis Villeneuve a été récompensé pour Next Floor (catégorie dramatique), de même que Claude Cloutier pour Isabelle au bois dormant (animation).

À part Natar Ungalaaq, les acteurs et actrices québécois en nomination sont tous repartis bredouilles.

Lors du gala hors d'ondes, Lyne Charlebois est montée sur scène pour recueillir le trophée de la meilleure adaptation, qu'elle partage avec Marie-Sissi Labrèche pour Borderline.

Quant à Tout est parfait, qui était en lice dans sept catégories, il s'est démarqué une seule fois. Mais le réalisateur Yves-Christian Fournier ajoute à son curriculum vitae rien de moins que le prestigieux prix Claude-Jutra, qui récompense le meilleur premier long métrage. Après la controverse des Jutra (où Tout est parfait n'a pas été retenu dans la catégorie du meilleur film), le réalisateur vante le mode de sélection des films pour les Génie.

«Aux Génie, c'est un jury qui a attribué ce prix à mon film, mais aux Jutra, c'est un vote populaire (des pairs), donc il ne faut pas que ton film soit trop underground. Je suis certainement pro-jury», explique-t-il.

Raviver le cinéma canadien

L'an dernier, les films les plus primés du gala - Away From Her de Sarah Polley et Eastern Promises de David Cronenberg - ont été salués par la critique à la fois au Québec et au Canada. Cette année, le drame historique Passchendaele, sacré meilleur film, divise les deux solitudes. Les critiques québécois ont décrit le film comme une «Minute du patrimoine» longue de deux heures, alors que des critiques canadiens se sont réjouis qu'une production ambitieuse fasse écho à un pan de l'histoire canadienne.

Quoi qu'il en soit, primer le long métrage qui a remporté la Bobine d'or pour le meilleur box-office est certainement une façon pour l'Académie de promouvoir le cinéma canadien grand public. «Je remercie les Canadiens d'avoir embrassé le film, a dit le producteur Niv Fichman, hier, en l'absence du réalisateur. Nous voulions un film purement canadien qui puisse rendre les jeunes fiers.»

Le gala, animé par Dave Foley, a été l'occasion pour beaucoup d'artistes d'égratigner le gouvernement Harper. On a dénoncé les coupes en culture et à Radio-Canada, en plus de rappeler plusieurs fois la controverse au sujet du film Young People Fucking.

Rendez-vous l'an prochain pour la 30e cérémonie.

LES GAGNANTS DES PRIX GÉNIE 2009

MEILLEUR FILM

Passchendaele

MEILLEURE RÉALISATION

Benoît Pilon (Ce qu'il faut pour vivre)

INTERPRÉTATION MASCULINE DANS UN PREMIER RÔLE

Natar Ungalaaq (Ce qu'il faut pour vivre)

INTERPRÉTATION MASCULINE DANS UN RÔLE DE SOUTIEN

Callum Keith Rennie (Normal)

INTERPRÉTATION FÉMININE DANS UN PREMIER RÔLE

Ellen Burstyn (The Stone Angel)

INTERPRÉTATION FÉMININE DANS UN RÔLE DE SOUTIEN

Kristin Booth (Young People Fucking)

MEILLEUR SCÉNARIO

Bernard Émond (Ce qu'il faut pour vivre)

MEILLEURE ADAPTATION

Marie-Sissi Labrèche et Lyne Charlebois (Borderline)

MEILLEURE DIRECTION ARTISTIQUE

Passchendaele

MEILLEURS COSTUMES

Passchendaele

MEILLEURES IMAGES

Fugitive Pieces

MEILLEUR MONTAGE

Richard Comeau (Ce qu'il faut pour vivre)

MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

John McCarthy (The Stone Angel)

MEILLEURE CHANSON ORIGINALE

Rahi Nagufta, Dr. Shiva (Amal)

MEILLEUR SON D'ENSEMBLE

Passchendaele

MEILLEUR MONTAGE SONORE

Passchendaele

MEILLEUR DOCUMENTAIRE

Up the Yangtze

MEILLEUR COURT MÉTRAGE DRAMATIQUE

Next Floor (Denis Villeneuve, Phoebe Greenberg)

MEILLEUR COURT MÉTRAGE D'ANIMATION

Isabelle au bois dormant (Claude Cloutier, Marcel Jean)

PRIX SPÉCIAUX:

PRIX CLAUDE-JUTRA

Yves-Christian Fournier (Tout est parfait)

PRIX SPÉCIAL EN MAQUILLAGE

Cruising Bar 2

BOBINE D'OR

Passchendale