Après Le goût des autres et Comme une image, Agnès Jaoui signe son troisième film avec Parlez-moi de la pluie (vendredi sur des écrans québécois), une comédie pleine d'humanité qui s'attache à une galerie de personnages chargés de blessures et d'espoirs. L'occasion aussi pour le duo Jaoui-Bacri de faire entrer dans leur univers le comédien Jamel Debbouze.

Agathe Villanova (Agnès Jaoui), militante féministe qui s'est lancée dans la politique, est parachutée pour une prochaine élection dans une région du sud de la France, où elle a vécu quand elle était enfant. Accompagnée par son compagnon, Antoine (Frédéric Pierrot), elle y retrouve sa soeur, Florence (Pascale Arbillot), qui vit encore dans la maison de leurs parents avec son mari, Stéphane (Guillaume de Tonquédec), et ses enfants.

Mimouna (Mimouna Hadji), une femme de ménage que les Villanova ont ramenée avec eux d'Algérie au moment de l'indépendance, habite dans une dépendance du bâtiment.

Le fantasque Michel Ronsard (Jean-Pierre Bacri), qui veut tourner un documentaire sur Agathe dans le cadre d'une série sur les femmes qui ont réussi professionnellement, débarque également sur place pour quelques jours, avec comme assistant Karim (Jamel Debbouze), le fils de Mimouna, qui a demandé à la jeune femme politique de se prêter au jeu.

Tout ce petit monde se retrouve à vivre quelques jours ensemble dans ce petit coin de France, au mois d'août, mais par un temps gris et pluvieux qui a pour effet de rapprocher les êtres. Et tandis que les protagonistes se dévoilent peu à peu, les événements s'enchaînent de manière imprévue.

Dans cette histoire, simple, Agnès Jaoui aborde plusieurs thèmes qui lui sont chers: engagement politique, sexisme, racisme... Sans oublier l'humour, notamment grâce au personnage joué par Jean-Pierre Bacri, et une scène dans laquelle les principaux personnages se retrouvent coincés chez des paysans un peu caricaturaux.

Jamel Debbouze, qui a particulièrement apprécié de jouer un rôle d'adulte, sans fanfaronnade pour une fois, raconte que ce film a fait écho à certaines humiliations qu'a pu connaître sa famille. «Ce que vit la mère de Karim dans le film, ma mère l'a vécu toute sa vie: se faire tutoyer par la pharmacienne, c'est pas grave en soi, mais c'est très grave en soi».

Le reste de la distribution est bien choisi, avec notamment Pascale Arbillot, Frédéric Pierrot, Florence Loiret-Caille, Guillaume de Tonquédec et Mimouna Hadji. Cette femme, qui n'est pas une actrice professionnelle, travaillait pour les propriétaires d'une maison louée par Agnès Jaoui à la campagne. Elle s'est liée d'amitié avec l'actrice-réalisatrice qui lui a proposé de jouer son propre rôle dans l'histoire.

«Comme je ne sais pas lire, Agnès m'a enregistré mon texte sur une cassette. Tous les jours, je l'écoutais au walkman pour le mémoriser», raconte-t-elle.

Le titre du film provenait au départ d'une chanson de Brassens: Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps. Le beau temps me met en rage et me fait grincer des dents. Pour Agnès Jaoui, cette chanson collait parfaitement à la scène où les trois principaux personnages sont pris en stop par un camion, après avoir été surpris par l'orage: «Elle est restée au montage quelque temps, mais en fait, ça ne marchait pas vraiment. On l'a donc supprimée mais le titre est resté».

Agnès Jaoui, qui multiplie les plans-séquences dans son film, parvient à créer une intimité entre les personnages qui deviennent attachants. Malgré un scénario bien construit, avec des dialogues percutants, ce long métrage manque toutefois d'une petite touche d'originalité: on aurait aimé être davantage surpris.