L'actrice française Isabelle Huppert aimerait tourner avec un réalisateur chinois, a-t-elle déclaré à Pékin, où elle assistait la semaine dernière à l'inauguration de l'exposition La femme aux portraits, une centaine de clichés d'elle réalisés par les plus grands photographes.


«J'adorerais, j'aimerais énormément», a répondu Isabelle Huppert interrogée lors d'une interview avec l'AFP sur son désir de travailler avec un réalisateur chinois.


«Pour moi rencontrer une cinématographie comme celle-là ce serait intéressant, après il faut trouver le sujet, et l'occasion», dit l'actrice venue à Pékin pour un festival culturel organisé par la France.


«D'ailleurs le festival dans lequel cette exposition (de photographies) prend place s'appelle Croisements et c'est bien nommé», ajoute-t-elle, «quand, tout d'un coup, il y a un croisement de regards et de perceptions, c'est toujours intéressant. Et moi, j'ai toujours aimé tourner des films très loin de chez moi, donc... on verra».


Les 120 photographies exposées au Centre Ullens pour l'Art contemporain de Dashanzi, site d'anciennes usines désaffectées devenues des galeries branchées, ont été réalisées sur le thème unique du visage de la comédienne, photographié par Henri Cartier-Bresson, Richard Avedon, Robert Doisneau, Robert Frank, Hiroshi Sugimoto ou Nan Goldin.


Depuis trois ans, l'exposition a voyagé notamment à Paris, Berlin, Madrid et Tokyo.


La cinémathèque de Pékin organise jeudi une rétrospective des films de l'actrice de cinéma et de théâtre qui se rendra ce week-end au Festival International du Film de Shanghai (est), pour recevoir un prix récompensant sa carrière.


«Combien de films?» Isabelle Huppert ne sait plus. «Une soixantaine peut-être», dit la présidente du jury du dernier festival de Cannes. Avec Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Michael Haneke, Patrice Chéreau, Benoît Jacquot, entre autres.


Au dernier festival de Cannes justement, le film du réalisateur interdit de tournage en Chine, Lou Ye, Nuits d'ivresse printanière, a obtenu le Prix du scénario.


«Tout à coup, j'avais l'impression de découvrir comment les gens vivent ici, comment ils vivent dans les villes, c'est un film très urbain», explique Isabelle Huppert, «une vision très contemporaine de la Chine».


Pour l'actrice, «le cinéma chinois, ça fait déjà un moment qu'on l'apprécie et qu'on l'a découvert en Europe».


«J'aime bien Jia Zhangke (Still life), Lou Ye», dit-elle, «j'aime bien sûr les premiers films de Zhang Yimou mais ça c'était un cinéma chinois qui était un peu différent», dit-elle au sujet du chef de file de la «cinquième génération» de réalisateurs auquel on doit Sorgho rouge ou Epouses et concubines.


«Maintenant il y a un cinéma chinois qui offre une vision plus réaliste de la vie ici», dit-elle.


C'est Wang Xiaoshuai, le réalisateur de Beijing bicycle, qui fera la présentation des films de l'actrice à la cinémathèque de Pékin, «je suis très contente, c'est un très bon cinéaste», dit-elle.
«Il y a aussi le cinéma de Taiwan, de Hongkong, ce sont des visions très différentes les unes des autres», ajoute-t-elle.


Les cinéphiles chinois connaissent aussi souvent bien le cinéma français et montrent «une telle curiosité, un tel appétit», estime-t-elle.


L'actrice, qui n'était pas venue en Chine depuis un premier séjour il y a 17 ans, n'y fait pas partie des comédiennes françaises les plus connues.


La palme revient de loin à Suofei Masu, Sophie Marceau, devant Juliette Binoche -- qui a discuté en mars en Chine de projets avec le réalisateur Jiang Wen -- et Catherine Deneuve.