Avant le Festival de Cannes, personne ne connaissait Christoph Waltz à l'extérieur des frontières des pays germanophones. Le lauréat du prix d'interprétation est si époustouflant dans le rôle du colonel nazi Hans Landa que tout le monde, aujourd'hui, se l'arrache. Sans lui, Inglourious Basterds n'aurait carrément pas pu exister.


À l'époque où il tentait de trouver du financement pour Inglourious Basterds, Quentin Tarantino est venu bien près de jeter l'éponge. L'auteur cinéaste ne parvenait pas à trouver l'acteur possédant les qualités requises pour camper le colonel nazi Hans Landa, l'un des personnages principaux de son drame de guerre déjanté. Ce stratège machiavélique étant un génie des langues, son interprète devait très bien maîtriser l'allemand, le français, l'anglais et l'italien. La partition était aussi écrite de telle sorte qu'elle ne puisse être jouée que par un virtuose. L'auteur cinéaste a eu beau rencontrer pratiquement tout ce que l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche comptent de comédiens, la perle rare se faisait toujours attendre.


«Il s'agit probablement du plus beau personnage que j'aurai jamais inventé, faisait d'ailleurs remarquer Tarantino au cours d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles la semaine dernière. Mais j'ai un moment cru que je publierais le scénario du film sans jamais pouvoir le tourner. Je ne parvenais pas à trouver le bon acteur pour incarner Landa. Sans Landa, il n'y a carrément pas de film!»


Quand son agent lui a signalé la possibilité d'une audition avec Tarantino à Berlin, Christoph Waltz ne savait pas encore que cette rencontre allait changer le cours de sa vie.


«À vrai dire, j'ai été un peu surpris par la chose, racontait le vétéran acteur au cours d'une entrevue accordée à La Presse. Je connaissais le cinéma de Quentin, évidemment, mais n'étant pas très branché sur l'internet et sur tous les réseaux qu'on y trouve, je n'avais pas encore entendu parler de ce projet. En revanche, l'un de mes fils en connaissait déjà tous les détails. Je ne peux vous dire à quel point il était excité!»


La rencontre entre les deux hommes fut concluante. Et leur complicité, instantanée. Tarantino n'a pu s'empêcher de lâcher un cri de joie après avoir enfin trouvé son Landa. «Oui! On fait le film!»


La passion des arts


Âgé de 52 ans, Waltz a grandi à Vienne au sein d'une famille d'artistes. Théâtre, cinéma et musique ont toujours bien nourri son esprit. Il raconte avoir eu un véritable choc cinématographique le jour où, à l'âge de 15 ans, il a découvert le 81/2 de Fellini sans vraiment comprendre la démarche du cinéaste.


«Je ne cherchais pas à comprendre, à vrai dire. Je me suis simplement laissé submerger par l'émotion qui émanait de ce chef-d'oeuvre. Depuis, je suis fou de cinéma. Quand un passionné comme moi en rencontre un autre comme Tarantino, cela produit forcément des étincelles. La lecture du scénario m'a laissé pantois. À mon sens, le colonel Landa est l'un des plus beaux personnages jamais créés dans toute l'histoire de la dramaturgie! Il est tellement riche que je me suis franchement demandé si un acteur, moi ou un autre, pouvait lui rendre justice.»


Waltz a eu sa réponse le jour de la première présentation du film à Cannes. Le film a beau mettre Brad Pitt en vedette et compter de nombreuses autres têtes d'affiche (Diane Kruger, Mélanie Laurent, Mike Myers, Michael Fassbender, Eli Roth et Daniel Brühl notamment), les festivaliers n'en avaient plus que pour lui. Maintenant que les Américains découvrent le film, une nomination pour la prochaine course aux Oscars est déjà évoquée.


«Je n'aurais jamais pu imaginer qu'une telle chose puisse survenir après 30 ans de carrière, observe Christoph Waltz. Il s'agit du genre de fantasme auquel tu penses à 20 ans, quand tu commences. Après toutes ces années, j'accepte cette reconnaissance avec beaucoup d'humilité, sans en faire un triomphe personnel. J'ai eu le privilège d'être au bon endroit, au bon moment, en compagnie d'artistes exceptionnels.»


Une expérience idyllique


Depuis sa consécration cannoise, Waltz a reçu de nombreuses propositions. Dont certaines, dit-il, se révèlent très intéressantes.


«Oui, Quentin m'a probablement donné le rôle de ma vie, affirme cet acteur qui vit aujourd'hui à Londres. J'ose espérer que ma carrière ne s'arrêtera pas là pour autant. J'ai toujours exercé mon métier à ma façon. Je ne compte rien modifier à cet égard. L'un des aspects les plus extraordinaires de cette reconnaissance internationale est la richesse des propositions auxquelles j'ai maintenant accès. Mais je tiens à bien prendre mon temps.»


Même si Tarantino lui a demandé de ne pas trop fraterniser avec les autres acteurs pendant le tournage, histoire de maintenir le caractère plus inquiétant du personnage, Waltz évoque une expérience idyllique.


«Quentin m'a beaucoup protégé, dit-il. Il a fait en sorte que je ne ressente pas de pression. Nous étions toujours sur la même longueur d'ondes lui et moi. Le regarder aller me fascinait. Je sais maintenant à quoi ressemble un génie au travail.»


Inglourious Basterds (Le commando des bâtards en version française) prend l'affiche le 21 août.


Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm (The Weinstein Company).

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Bande de bâtards


Lieutenant Aldo Raine

Brad Pitt

Présent à la rencontre tenue à Los Angeles mais non disponible aux représentants de la presse écrite, Brad Pitt a raconté sa rencontre avec Quentin Tarantino lors de la conférence de presse tenue à Cannes.


«Quentin est venu me voir l'été dernier avec son scénario. Nous avons beaucoup parlé. Il est resté. Le lendemain matin, il y avait cinq bouteilles vides qui traînaient. J'ai apparemment dû accepter de jouer dans le film car je me suis retrouvé sur le plateau six semaines plus tard! Sérieusement, c'est un réel plaisir de se mettre au service d'un auteur aussi passionné. Un scénario de cette qualité ne nous est pas proposé tous les jours.»


Shosanna Dreyfus

Mélanie Laurent

Révélée grâce à Je vais bien ne t'en fais pas, qui lui a valu le César du meilleur espoir féminin il y a deux ans, Mélanie Laurent se retrouve aujourd'hui sous la caméra de Quentin Tarantino pour incarner l'un des personnages pivots du film.


«Étant donné que je suis aussi réalisatrice, cette expérience incroyable avec Quentin fut mon université. Je n'étais même pas certaine de vouloir ce rôle pourtant. À la dernière audition, alors qu'il y avait encore deux autres actrices en lice, je crois que Quentin l'a senti. Je présume que c'est la raison pour laquelle il me l'a finalement offert!»


Colonel Hans Landa

Christoph Waltz


«J'ai grandi à Vienne, en Autriche. Dans un petit pays comme le nôtre, il n'est pas rare de rencontrer des gens qui peuvent parler plusieurs langues. C'est une question de survie. Il suffit simplement de se déplacer de 500 kilomètres pour avoir besoin de quatre langues si on veut commander à dîner dans un restaurant!»


Donny Donowitz

Eli Roth

Eli Roth était à Montréal pour accompagner la présentation du film à la soirée de clôture du Festival Fantasia.


«J'en garde un souvenir incroyable! dit-il. D'autant que ce film propose un exutoire pour tout le monde. Bien sûr, le fait que des Juifs parviennent à changer le cours de l'histoire relève d'un fantasme personnel que j'entretiens depuis mon enfance. Mais n'oublions pas non plus que les Allemands des plus jeunes générations, qui n'ont rien à voir avec les atrocités commises à l'époque, exultent tout autant à l'idée de venger cet épisode sombre dans l'histoire de leur pays. J'aimais aussi l'idée de montrer enfin des Juifs virils à l'écran!»


Bridget Von Hammersmark

Diane Kruger

Diane Kruger prête ses traits à une célèbre actrice allemande qui n'hésitera pas à se servir de sa notoriété pour parvenir à ses fins.

«Quentin tenait à ce que nous regardions beaucoup de films de cette époque car l'attitude et le jeu des actrices étaient alors très différents. Étant allemande, on m'offre beaucoup de drames se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale mais je les refuse pratiquement toujours. Inglourious Basterds est tellement différent, tellement cool, que cela n'a finalement plus rien à voir avec les drames de guerre classiques. J'ai d'ailleurs dû insister un peu car Quentin ne croyait pas que j'étais allemande!»


Archie Hicox

Michael Fassbender

Révélé par Hunger, où il offrait une performance exceptionnelle, Michael Fassbender fait partie de ces acteurs qui aiment se transformer d'un rôle à l'autre. Né en Allemagne mais élevé en Irlande, Fassbender a créé sur scène une adaptation théâtrale de Reservoir Dogs de Tarantino.


«Le plus drôle, c'est que Quentin ne le savait pas quand il m'a reçu pour une audition! Sur un tournage, son enthousiasme est contagieux. Même si, par exemple, il a fallu deux semaines pour tourner la scène du bar en multipliant les prises, on ne peut que souscrire à sa démarche car on sait qu'au bout du compte, le résultat sera exceptionnel.»


Smithson Utivitch

B.J. Novak

L'auteur et humoriste B.J. Novak, connu surtout pour sa participation dans la version américaine de la série The Office, fait aussi partie du «commando des bâtards». À ce titre, il doit se résigner à commettre certains actes violents.


«Le secret pour faire un bon scalp? De la pratique, de la pratique, et encore de la pratique!»