La question nationale fait son retour au cinéma avec la présentation, au FFM, du documentaire Questions nationales, de Jean-Pierre Roy et Roger Boire. «C'est le premier documentaire à être non pamphlétaire, non partisan et c'est une bouffée d'air frais», se félicite Roger Boire.

> La critique

Ne vous fiez pas, donc, à la couleur politique des invités qui devraient assister à la première de Questions nationales, ce soir (Bernard Landry, Louis Bernard, Gilles Duceppe ou encore Françoise David). Questions nationales ne demande pas pourquoi faire (ou non) la souveraineté, mais plutôt, pourquoi le Québec n'a-t-il pas encore accédé, depuis 40 ans, à la souveraineté?

Cette question est discutée tant par des hommes politiques de toutes allégeances (l'ancien premier ministre Bernard Landry et l'ancien chef du Parti libéral Stéphane Dion) que par des historiens ou des experts. Mais ce sont surtout les débats nationaux en Écosse et en Catalogne qui nourrissent la réflexion menée par les réalisateurs de Questions nationales.

«L'idée était de comparer des pommes avec des pommes. On me demandait pourquoi pas la Belgique? Pourquoi pas la Corse? Mais dans ces deux cas, les rapports de force ne ressemblent pas à ceux du Québec avec le Canada. L'Écosse et la Catalogne permettent de comparer des choses qui se ressemblent», estime Roger Boire.

Un film pédagogique

Divisé en chapitres, le film est plus pédagogique que militant. Avec pour point de départ la déconfiture du PQ lors des élections provinciales de 2007, Questions nationales se penche aussi sur le rapport du PQ au pouvoir et à la souveraineté ainsi que sur l'ambivalence des Québécois pour le Canada.

«Louis Balthazar fait le lien entre le confort et l'incapacité à se séparer. Il dit que c'est à cause de notre condition riche et moderne que l'on a pu se prêter à rêver à la souveraineté. Mais c'est aussi parce que l'on est une société riche et moderne que l'on a beaucoup à perdre (à se séparer)», croit Jean-Pierre Roy.

Projet incontestablement ambitieux, Questions nationales réintroduit la souveraineté dans les salles obscures québécoises: un enjeu délaissé depuis À hauteur d'homme, le documentaire que Jean-Claude Labrecque a consacré à Bernard Landry en 2003. «La cause s'est essoufflée», croit Germain Lacasse, professeur et historien.

Que l'on pense à Pierre Perrault (Un pays sans bon sens!, 1970), Gilles Groulx (24 heures ou plus, 1977), Michel Brault (Les ordres, 1974), Denys Arcand (Le confort et l'indifférence, 1982), Pierre Falardeau (Le temps des bouffons, 1985) ou Jacques Godbout (Le mouton noir, 1992), nombreux sont les cinéastes marquants à avoir abordé la question nationale dans leurs films.

«Le cinéma des années 60, 70 et 80 était beaucoup plus militant. Il y avait une adhésion fervente au nationalisme. Le cinéma s'est ensuite industrialisé. Alors que les pères fondateurs du cinéma québécois liaient art et affirmation identitaire, aujourd'hui, on veut faire vivre le cinéma», analyse M. Lacasse.

Production indépendante

Produit de façon indépendante, Questions nationales est un film «sans précédent» dans son ton, affirment ses réalisateurs. «On veut jouer le jeu du détachement émotif», dit Jean-Pierre Roy. Sur la souveraineté, les deux réalisateurs ont d'ailleurs tenu leurs points de vue personnels à l'écart (l'un est pour, l'autre n'a jamais été convaincu).

«On a joué le jeu de ceux qui sont ouverts, dit Jean-Pierre Roy. Ce que nous pensons, à la limite, c'est secondaire. On laisse au spectateur le soin de discuter du film...»

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Questions nationales est présenté en première au FFM, ce soir à 19 h, et le 2 septembre à 13 h. Le film sera aussi présenté du 17 au 22 septembre au cinéma de l'ONF.