Un long métrage retraçant l'enfance pauvre, la jeunesse parfois tragique et les premiers pas politiques du très populaire président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a fait fondre en larmes une bonne partie du public lors d'une avant-première à Brasilia.

Lula, O Filho do Brasil (Lula, l'enfant du Brésil) qui sera à l'affiche en janvier 2010 - année de l'élection présidentielle -, a été projeté mardi soir en ouverture du Festival de cinéma de Brasilia, devant un parterre d'invités du monde politique.

Sur des images fortes de la pauvreté dans la région aride du nord-est où Lula est né en 1947, le film relate les dures conditions de vie d'une famille de huit enfants abandonnés par un père violent et dirigée par une mère analphabète mais déterminée qui, comme 35 millions de nordestins, finit par migrer à Sao Paulo, la capitale économique du pays.

«Quand le nordestin ne meurt pas avant l'âge de cinq ans, il survit longtemps», aime à dire le président Lula.

Le film du réalisateur Fabio Barreto raconte l'arrivée de Lula dans les usines métallurgiques de la banlieue de Sao Paulo où il deviendra leader syndical et dirigera les grandes grèves ouvrières dans les années 1970 en pleine dictature.

L'histoire, qui met en vedette un acteur inconnu, Rui Ricardo Dias, dans le rôle d'un Lula plutôt bourru, s'achève avant la période la plus connue du public: la fondation de son Parti des Travailleurs (PT-gauche) et son arrivée au pouvoir en 2003.

L'opposition critique la sortie du film en 2010, redoutant qu'il joue en faveur de Dilma Rousseff, candidate préférée de Lula à sa succession, lors des élections présidentielles d'octobre.

Interrogé sur le tapis rouge par la presse, le ministre de l'Éducation, Sergio Haddad, a jugé la critique déplacée : «j'espère que ça ne sera pas vu comme une manoeuvre électorale. Lula est un personnage dont nous sommes tous fiers et c'est ainsi que cela doit être vu».

«Lula, l'enfant du Brésil», privilégie le côté tragique de la vie d'un homme qui a dû faire face à l'adversité, comme la mort en couches de sa première épouse avec son bébé et celle de sa mère alors qu'il était en prison pendant la dictature. À l'issue de la séance, beaucoup avaient les larmes aux yeux, touchés par cette bouleversante représentation de Lula.

Le président brésilien, qui aurait participé à la sélection de la bande originale du film, n'a pas assisté à la projection, mais sa femme, Marisa Leticia était présente.

«Ce n'est pas un film sur l'homme politique mais sur l'homme ordinaire, sa famille et sa capacité extraordinaire à surmonter les difficultés», a expliqué le cinéaste Barreto.

Pour le quotidien O Globo, le film est si émouvant qu'il «est promis à une nomination aux Oscars l'année prochaine».

Certains cependant ont été agacés par l'émotion débordante du film, aux dépends d'un portrait psychologique plus complet.

«Je suis une admiratrice de Lula, mais je trouve qu'ils ont trop insisté sur les clichés à propos de sa vie et n'ont pas assez mis l'accent sur sa personnalité syndicale et politique», a regretté Raquel Oliveira, une fonctionnaire.