Ne vous fiez pas aux apparences: si le logo du Canadien apparaît sur l’affiche du film, si la première a eu lieu au Centre Bell et si les entrevues se sont organisées à la Cage aux sports, Pour toujours les Canadiens n’est pas, selon ses artisans, une docu-fiction sur le CH, mais un conte de Noël.

Un enfant malade, l’hiver, de longues heures passées à attendre, et le rêve, qui va peut-être se réaliser. Les éléments du scénario de Pour toujours les Canadiens, signé Jacques Savoie, empruntent certainement plus au conte qu’au film sportif. «C’est un conte sur glace, sans prétention», dit le scénariste.

Un conte sans prétention, donc, mais mis en oeuvre avec des moyens plutôt lourds: un budget de 6 millions, une sortie sur 100 écrans, la participation du célèbre club de hockey, et, enfin, une première massive présentée à 14 000 personnes dans le Centre Bell. «Ça va être un gros succès populaire, même si certains s’inquiètent pour la qualité du film», croit le réalisateur, Sylvain Archambault.

L’idée de faire un film marquant les 100 ans du Canadien est née il y a plusieurs années. En 2006, le projet devait d’abord être produit avec des fonds privés et tourné en anglais et en français, d’après un scénario de Marc Robitaille et Georges-Hébert Germain. Finalement, Cité-Amérique a proposé à Jacques Savoie de rejoindre Sylvain Archambault, et de demander le soutien de la SODEC et de Téléfilm. Chose exceptionnelle, les deux institutions ont donné le feu vert au projet dès le premier dépôt.

«On venait de faire les Lavigueur. Sylvain et moi, on a développé une méthode de travail et beaucoup de complicité. On m’a demandé si je voulais reprendre le projet, et que j’imagine une histoire. D’habitude, un film, on ne sait jamais quand il va sortir, mais celui-là, on savait que ce serait pour le 4 décembre 2009», dit Jacques Savoie.

Pour toujours les Canadiens reprend donc les grandes étapes de l’histoire du club mythique, grâce aux archives du Tricolore. Dans le film, un réalisateur et documentariste (Christian Bégin) travaille sur l’histoire du club. Son fils (Dhanaë Audet-Beaulieu) joue quant à lui dans une ligue junior, sous le regard bienveillant de Jean Béliveau.

Pendant ce temps, sa femme (Céline Bonnier), infirmière à Sainte-Justine, voit arriver un petit garçon très malade (Antoine L’Écuyer), mais dont la passion pour le hockey est très vive. Le petit gars recevra la visite des joueurs de la sainte Flanelle (dont Saku Koivu).

«C’était tentant de mettre les vrais joueurs: on aurait pu faire un film sans les joueurs contemporains, mais l’idée, c’est que le documentaire est un appui dramatique qui disparaît au cours du film», précise le scénariste.

Le club Canadien a ouvert ses portes, comme ses archives à l’équipe du film. Une nécessité, selon Jacques Savoie. «Il faut l’accord du Canadien pour filmer un chandail! Le Canadien nous a donné l’accès aux joueurs. Financièrement, l’aide du CH est une fraction du coût du film», dit-il.

Le tandem Sylvain Archambault-Jacques Savoie explore, après les Lavigueur et avant une télésérie sur la crise du verglas, un autre mythe du Québec moderne: son équipe de hockey.

«Il y a un lien inextricable entre le Canadien et le peuple québécois», rappelle Sylvain Archambault. «J’aime les mythes: les Lavigueur, c’est un mythe qu’on a déconstruit. Le Canadien est un mythe que l’on a envie de célébrer», affirme Jacques Savoie.

«C’est un beau pan de l’histoire que cette quête d’identité, croit Céline Bonnier. Le film a l’air de réveiller la ferveur pour l’équipe. Je crois que cela peut être un très bon succès populaire.» Quant à Sylvain Archambault, il croit aussi que le «bouche à oreille est puissant. Le film insuffle de l’espoir et du courage : ce que je voulais, c’est que les gens sortent avec un sentiment d’espoir», dit-il.

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