Comme il fallait s'y attendre, la 13e édition de la semaine du Cinéma du Québec à Paris, désormais installée au Forum des Halles, s'est ouverte lundi soir sur un hommage à Gilles Carle.

Carole Laure, marraine de l'événement depuis sa création, a évoqué la mémoire de son ancien compagnon, qui demeure à ses yeux le «plus grand réalisateur québécois».

«Avec lui, je suis rentrée dans une sorte de lumière qui a éclairé toute ma vie. Il a orienté ma vie mais aussi toute l'histoire du Québec. C'est un homme que j'ai adoré et que j'ai admiré», a dit l'actrice et réalisatrice, tout juste rentrée de Montréal, où elle a assisté samedi aux funérailles du cinéaste.

«C'est un Québec en deuil que vous avez devant vous ce soir», a ajouté la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, en s'adressant aux 500 spectateurs réunis pour cette projection inaugurale.

C'est le film 1981, de  Ricardo Trogi, qui a ouvert cette nouvelle édition de Cinéma du Québec, au programme de laquelle figurent une vingtaine de films.

Cette 13e présentation marque un changement important pour la manifestation, solidement ancrée dans le paysage parisien. Quittant les Champs Élysées et le cinéma Publicis, Cinéma du Québec pose cette année ses bagages au Forum des images, dans l'immense centre commercial des Halles, un lieu nettement plus cinéphilique et plus adapté -  avec ses trois salles et ses postes de visionnement individuels - aux diverses rencontres professionnelles organisées en marge des projections.

«C'est une adresse moins glamour pour le grand public, mais qui parle beaucoup plus aux cinéphiles et la clientèle que nous rejoignons, qui est celle du film d'auteur», explique Christian Verber, le commissaire européen de la SODEC.

Avec ce déménagement, Cinéma du Québec conforte donc sa position, auprès des cinéphiles, mais aussi des producteurs et des acheteurs venus de toute l'Europe. Il est vrai que la manifestation jouit depuis quelques années d'une vraie visibilité et qu'elle n'a plus besoin de présentations. «On a créée une addiction dans le milieu québécois et européen», résume M. Verber.

Cette année, Cinéma du Québec se paie même le luxe de décrocher un bon papier dans le quotidien Libération, la «une» du magazine professionnel de référence Le Film français et un partenariat avec l'hebdomadaire culturel Télérama et la radio France Culture. Pas mal dans un contexte où les places sont chères. En France, le film étranger représente cinq pour cent de parts de marché, que le Québec doit disputer aux Allemands, aux Espagnols ou aux Italiens, notamment.

«Le Québec tire son épingle du jeu parce qu'il propose une cinématographie spéciale, qui prend des risques qu'on ne prend pas ailleurs. Ce n'est pas un hasard si le festival de Munich a programmé trois films québécois chaque année depuis trois ans», poursuit le patron parisien de la SODEC.

Parmi les autres films à l'affiche de Cinéma du Québec, on trouve Polytechnique, Les Petits géants, De père en flic et Dédé à travers les brumes. L'événement se poursuit jusqu'à dimanche.