La capitale allemande revêt ce soir ses plus beaux atours afin de célébrer le 60e anniversaire de la Berlinale. Au cours des 10 prochains jours, la planète cinéma converge vers Berlin pour le premier des quatre grands rendez-vous cinématographiques de l'année.

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Il y a bien sûr les 20 films retenus dans la compétition officielle, en lice pour l'Ours d'or. Il y a aussi ces productions de prestige proposées en sélection officielle hors concours. Il y a toutes ces sections parallèles parmi lesquelles le cinéphile berlinois peut satisfaire son appétit au gré de ses envies et de ses attirances. De la production hollywoodienne de luxe jusqu'à l'exercice underground, en passant par des films de tous genres et de toutes orientations. Il y a également tous ces classiques qui ont marqué l'histoire de la Berlinale d'une façon ou d'une autre. On les présentera afin de souligner le parcours d'un festival de cinéma qui, pendant 60 ans, et plus que n'importe quel autre, a subi les secousses politiques du monde. Parfois même violemment.

Sur Potsdamer Platz, ancien no man's land recyclé en noyau glorieux d'une capitale enivrée pour son lustre retrouvé, on ne parlait hier pourtant que de Roman Polanski et de Fritz Lang. Les professionnels avaient beau s'affairer à trouver leurs marques dans l'atmosphère fébrile du début, ils n'avaient que ces deux noms à l'esprit. Tout comme les festivaliers, très nombreux, qui s'alignaient avec discipline devant les guichets installés au centre commercial adjacent. Marqueur entre les dents, ces fidèles tentaient de se construire un semblant de programme.

L'image a souvent été évoquée parce que bien réelle: Berlin fait penser au FFM des grandes années. Le public cinéphile est partie prenante de la fête. Il exprime sans réserve sa joie de pouvoir suivre d'aussi près le deuxième festival de cinéma en importance en Europe (après Cannes), membre incontestable du carré d'as des festivals internationaux (avec Venise et Toronto).

Plusieurs des festivaliers croisés hier ont toutefois dû se résigner à rayer certains titres convoités de leur programme, les billets s'étant envolés depuis longtemps. Hasard ou coïncidence, les deux événements dont tout le monde parle ont lieu demain, pratiquement en même temps. D'une part, la présentation en première mondiale - et en compétition officielle - de The Ghost Writer, le plus récent film de Roman Polanski. Le cinéaste aurait mis la dernière main à son thriller politique, tiré du roman de Robert Harris The Ghost, en donnant des indications à ses collaborateurs de sa cellule, en Suisse. Maintenant assigné à résidence là-bas, le cinéaste ne peut évidemment assister à la présentation de son nouveau film à Berlin. En revanche, Ewan McGregor et Pierce Brosnan font le voyage.

Plus tard en soirée aura lieu un événement historique: la présentation d'une version restaurée et (presque) intégrale de Metropolis, le chef-d'oeuvre expressionniste de Fritz Lang, 83 ans après sa première berlinoise. Pour célébrer cette oeuvre que tous croyaient à jamais mutilée, on propose une projection au mythique Friedrichstadtpalast. Pour l'occasion, le Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin interprétera en direct, sous la direction du chef Frank Strobel, la partition originale de Gottfried Huppertz. Cette projection spéciale sera aussi retransmise en direct sur un écran géant à la porte de Brandebourg. On en frissonne déjà.

Mais auparavant, ce soir, l'ouverture du festival sera marquée par la présentation de Apart Together, un film signé Wang Qua'nana. Lauréat de l'Ours d'or il y a trois ans grâce à Tuya's Marriage, le cinéaste chinois est de nouveau en lice pour le titre suprême. Nous regarderons d'ailleurs d'un peu plus près demain la teneur de cette sélection officielle.

Une présence québécoise discrète

Si les Québécois participent activement au marché du film cette année, les comités de sélection de la Berlinale n'ont toutefois retenu aucun long métrage de fiction issu de nos terres dans leurs programmes. Dans la section «Forum», laquelle célèbre son 40e anniversaire, on trouve cependant le plus récent opus du documentariste Jean-François Caissy. La belle visite, qui décrit le quotidien de personnes âgées dans un motel reconverti en résidence, avait déjà été présenté l'automne dernier aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal.

Philippe Falardeau avait créé l'événement à Berlin l'an dernier en décrochant les deux prix les plus importants remis dans la section «Génération», destinée au plus jeune public. Le réalisateur de C'est pas moi, je le jure! est à Berlin cette année encore, mais à titre de membre du jury des professionnels de la même section. Quelque chose nous dit qu'il ne s'est pas fait prier pour accepter l'invitation...

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La 60e Berlinale a lieu du 11 au 21 février.