Avec dix nominations, Dédé à travers les brumes vient en tête de liste des films retenus pour la prochaine Soirée des Jutra qui se déroulera le dimanche 28 mars.

Le film sur la vie d'André «Dédé» Fortin, qui fut l'âme des Colocs, a notamment été retenu dans les catégories meilleur film, meilleure réalisation, meilleur acteur et meilleur scénario. Mais le producteur Luc Vandal, sourire en coin et plus ambitieux, disait s'attendre a rien de moins que 12 nominations.

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«En toute franchise, je sais que ça manque d'humilité, a dit M. Vandal, je m'attendais à deux de plus. Je ne suis pas humble, mais on le méritait. Il a fallu 45 jours, faire du tournage dans chaque saison... Il y avait quelque chose de fort avec tous les  comédiens et techniciens», s'est félicité l'un des patrons de Max Films, qui distribuait le film signé Jean-Philippe Duval.

En nomination comme meilleure actrice de soutien, Bénédicte Décary, qui interprétait la toute première blonde du regretté chanteur, a adoré l'expérience de tournage.

«Il y a avait une belle synergie, entre les comédiens et l'équipe technique. Je ne suis pas étonnée de voir tant de nominations. On a tellement travaillé fort, ça nous tenait à coeur ce film» a plaidé la jeune comédienne.

Le mystérieux film Grande Ourse, la clé des possibles, vient en deuxième place avec neuf nominations.

Sept fois nommé, Polytechnique de Denis Villeneuve, est notamment dans la course pour le Jutra du meilleur film, de la meilleure réalisation et du meilleur acteur de soutien.

Michel Côté (meilleur acteur) et Rémi Girard (meilleur acteur de soutien) sont aussi en lice pour leurs prestations De père en flic, qui a fait un tabac aux guichets et qui méritera le prix Jutra «box-office» pour 2009.

Le film Je me souviens d'André Forcier, récolte six mises en candidature, dont celle de meilleure actrice, pour Céline Bonnier. 

Trois productions sont nominées cinq fois, soit 1981, de Ricardo Trogi, The Timekeeper, un film signé Louis Bélanger, et J'ai tué ma mère, de Xavier Dolan.

Ce dernier film risque à nouveau de faire des vagues car il se retrouve dans les «grosses catégories».

Dolan, considéré comme l'étoile montante du cinéma d'ici, voit son film inscrit dans les catégories meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario et meilleur acteur alors que la comédienne Anne Dorval, qui joue le rôle de la mère dans le long métrage, est en lice comme meilleure actrice.

«Je suis content, surpris un peu, je n'avais pas vraiment d'attente ou de satisfaction à combler», a confié Dolan qui s'est présenté au dévoilement des finalistes des prix Jutra en compagnie d'Anne Dorval.

Avec son film d'auteur, qui vient de franchir le million au box-office, un fait rare ici, Dolan se mesure à de longs métrages «grand public» et reconnaît que la donne n'est pas pareille.

«C'est un registre différent. C'est un peu plus difficile de faire son chemin», a reconnu celui qui a fait un tabac au Festival de Cannes, mais dont le film, qui représentait le Canada, ne s'est finalement pas retrouvé parmi les cinq finalistes du meilleur film étranger pour la soirée des Oscars. Il ne voit pas ces nominations - ou éventuels prix Jutra - comme une sorte de compensation pour son absence aux Oscars.

«C'est pas la même chose, pas le même pays, pas la même industrie, pas le même système de vote. Ici, les nominations, je les vois comme un honneur distinct» a claironné celui qui est présentement en post-production dans son film «Les amours imaginaires».

Le film de Dolan pourrait aussi mériter un Jutra pour le film québécois qui s'est le plus illustré à l'étranger.

Cette année, pas moins de 20 films de fiction sur les 49 en lice obtiennent au moins une nomination pour le jour «j» pour la 12e Soirée des Jutra, présentée à la TOHU, et diffusée sur Radio-Canada.

Les 15 prix Jutra électifs pour ces longs métages de fiction ont été désignés, pour le premier tour, par un jury de 18 personnalités du cinéma indépendant,  représentatif des associations des artisans de l'industrie.

En vertu du nouveau système de votation, au deuxième tour, ce sera aux membres de chaque association impliquée dans le cinéma (L’Union des artistes, la Sartec, etc.) de voter pour les meilleurs dans chaque catégorie de fiction.

La comédienne Danielle Proulx, qui porte aussi le chapeau de présidente de la soirée des Jutra, n'était pas peu fière de revenir sur la question du grand changement qu'elle a opéré dans le processus de nomination.

«On a viré de cap, on avait d'excellentes raisons pour le faire, a soutenu Mme Proulx, à la tête de cette soirée pour une troisième année. J'ai accepté ce défi entre autres pour revoir les mises en nomination des finalistes. On a fait ça avec beaucoup de rigueur et de sérieux, on a fait le tour, des analyses, des études et des discussions. Tout le monde y est allé avec le plus de sincérité pour arriver à un système plus juste. Il fallait donner sa juste chance aux films qui sont produits au Québec. Il y avait des oubliés avant. C'était important de changer le système» a martellé la comédienne.